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Fiction:les cavaliers de montrouge-Chapitre 7!!
Posté le 18/01/2014 à 22h34
La suite, le Chapitre 1:
Chapitre 1
Une semaine plus tard je vis cette aventure au jour le jour. Mes parents déposent mes bagages à mes pieds et m’embrassent. Je suis tellement distraite par la réalisation de mon rêve que j’oublie de leur dire au revoir. Un baiser à chacun et ils reprennent la route en sens inverse. Je me détourne de l’allée pour aller à la rencontre des quatre autres filles de ma chambre qui m’aideront à porter mes valises. Au total j’en ai préparé quatre : une pour les affaires d’équitation, une pour le matériel, où sont rangés ma bombe, mes brosses, mes sticks et cravaches, mes tapis, mes licols… Une troisième pour mes vêtements urbains, et une dernière pour mes chaussures, trousses de toilette, manteaux… Les filles qui m’attendent sur le perron sont fines et plutôt grandes. Pour ma part je suis petite et plutôt mince.
« Coline, se présente l’une des filles.
-Moi c’est Eléonore.
Elle porte ses cheveux attachés en queue de cheval et a un visage ovale très souriant. Dès lors je sais qu’elle sera mon amie. Elle continue :
-J’ai 16 ans, et je suis ici depuis maintenant 3 ans, alors si tu as une question, n’hésite pas ! Sur ce elle se penche à mon oreille et chuchote : Fais attention à la fille blonde, elle s’appelle Elisa et c’est la peste de service. Tu risques d’être sa cible numéro un. » Ce à quoi je réponds par un sourire entendu et gratifiant. Je passe ensuite à la seconde fille, qui a mon âge. Ses grands yeux verts se détachent de son visage pâle et angulaire. Sa coupe au carré accentue leur couleur et ses vêtements d’équitation montrent le milieu duquel elle vient. Polo sponsorisé par Devoucoux et bottes Soubirac en cuir étincelant. Malgré tout un sourire chaleureux est inscrit sur son visage. Elle s’appelle Andréa, me dit-elle. Elle me serre dans ses bras et me dit dans le creux de l’oreille qu’elle est heureuse d’enfin avoir une personne de son âge à ses côtés. J’apprendrai par la suite que c’est la fille d’un grand champion de complet.
Je passe ensuite à la dernière des trois filles. Bonde, grande, maigrichonne, c’est la « peste » ; et je le comprends mieux lorsqu’elle m’adresse ces six mots fermes : « Dans un an tu seras virée. » Sympa. J’en reste là et empoigne l’une de mes valises, la plus lourde, celle qui contient mon matériel. Je la tire dans les escaliers tandis que mes colocataires attrapent chacune l’une de mes valises. J’entends Elisa grogner et maugréer : « C’est quoi ces valises ? Elle a mis du plomb dedans pour m’énerver ou quoi ? » Râleuse, je me dis, mais je me demande pourquoi, à 17 ans, elle n’est pas plus mature. Arrivée au sommet des marches, je pose lourdement la valise et observe circulairement les alentours. Un grand corridor, dans lequel j’aperçois de nombreuses portes. Je ne me souviens plus laquelle le proviseur m’avait indiquée comme étant la mienne. J’attends les filles pour les questionner à ce sujet, mais une autre personne va m’aider…
Ce garçon a les yeux gris, ce garçon est grand, ce garçon a des cheveux châtain clair, ce garçon est craquant, ce garçon m’a bien l’air de faire du cheval, ce garçon, je me perds dans ses yeux, ce garçon j’ai l’air d’une quiche devant lui… Aïe ! C’est bien ça le problème. Je me ressaisi et m’excuse de lui être rentrée dedans en me retournant. J’essaie de ne pas trop être déconcentrée par son charme, mais ma phrase ne ressemble à rien :
« Ah, oups, enfin, veux, fin moi je veux dire, que, euh… Désolée, fin de… de t’être rentrée dedans… »
Il me répond par un sourire tellement sexy que je crois que je vais fondre. Je dois avoir l’air d’une gamine de huit ans, comme ça, désorientée par une simple personne du sexe opposé. Je n’ai jamais été attirée par un garçon en particulier, mais là c’est tellement violent que, moi, la littéraire, en perd mes mots. Il me dit :
-Ca va ? Tu as l’air complètement perdue.
-Euh… Je suis nouvelle, je réussis à articuler.
-Ah ! C’est toi Eléonore ? Bienvenue !
-Oui, c’est ça, merci. »
Ses yeux mon Dieu ses yeux… Il part alors que mes colocataires arrivent sur le palier. Andréa m’adresse un sourire malicieux et me lance :
« T’as fait connaissance avec Mathieu ? Pas touche, je l’ai vu la première ! , elle rit et reprend sérieusement : Non vraiment n’y pense même pas, c’est le copain de Mahaut. Il a 16 ans et elle 17, mais elle s’en fiche complètement… En même temps il est tellement beau ! »
Bon. Pas de chance, je ne pouvais pas tomber sur pire. De un il avait déjà une copine de trois ans mon aînée, et de deux je n’étais pas la seule à fantasmer sur lui.
Les filles ouvrent la porte de notre chambre et j’entreprends de défaire ma valise. Coline m’interromps et me dit :
« Tu vas quand même pas défaire ta valise maintenant ? Tu dois aller voir quel cheval tu vas monter tout le premier trimestre ! Allez viens !
-Quoi ? Déjà ? Attends je…, j’essaye de discuter.
-Non, je n’attends rien du tout !, me coupe-t-elle.
-En plus Mathieu aussi va découvrir son cheval ! Il monte tellement bien que c’est lui qui entraîne les jeunes de 4 ans. Cette année il y en a un nouveau, et on veut savoir qui c’est ! Et nous aussi on va voir quels chevaux nous sont attribués ! Ils font ça en fonction de ton niveau !, ajoute Andréa.
-Alors j’arrive ! »
Je remarque qu’Elisa ne nous a pas attendues et je referme soigneusement ma valise à peine entrouverte. Je dévale les escaliers avec mes camarades mais nous sommes stoppées dans notre élan par le surveillant :
« Mesdemoiselles, qu’est-ce-que tout ce chahut ? Ah mais… C’est que nous avons une nouvelle dans le lot ! Alors ça passera pour cette fois, mais pas deux ! »
Nous hochons la tête simultanément et poursuivons notre chemin calmement. On traverse alors un paddock pour aller plus vite et je regarde le bel étalon qui s’y trouve. Coline le remarque et me dit que c’est le cheval que montait Mathieu l’an passé. Il paraît qu’il est compliqué et qu’il a seulement 5 ans. Nous passons par les écuries où j’avais repéré LE cheval.
Je m’arrête pour l’observer. C’est bien lui. Le KWPN dont la robe paraît dorée au soleil et dont la tête et les flancs sont si fins… C’est un hongre et il a l’air un peu agité dans son boxe mais très intelligent. Il s’arrête de gigoter dès qu’il m’aperçoit et je souris. « Peut-être que je l’apaise, me dis-je ». Il s’appelle Ugo, c’est inscrit sur sa porte. Il a six ans, un petit jeune plutôt impressionnant. Sa robe isabelle est plutôt rare mais resplendissante. Il a une pelote pour liste et des yeux avertis et curieux. L’une de ses pupilles est bleu foncé. Une fille plus grande m’écarte et rentre dans son boxe. Elle a dû remarquer mon intérêt pour lui et passe son bras sur sa longue encolure :
« Celui-là, c’est moi qui le monte chaque année. Je suis la seule qu’il aime et à qui il fait confiance. »
Bien. J’ai compris la leçon. Je me détourne de mon coup de cœur avec regret et me dirige lentement vers le club house. J’y retrouve Coline et Andréa, toutes deux assises sur un large canapé en tailleur. Je me pose à leur pied, dans la même position, et Coline me lance :
« Tu as fait la connaissance de Mahaut, à ce que je vois ?
-Hein ? C’est elle qui monte Ugo ? , dis-je, ahurie.
-Oui… Tu n’as pas de chance, toi ! Elle le monte depuis qu’il est arrivé aux écuries, il y a deux ans. »
Le directeur des écuries et les moniteurs arrivent enfin dans la grande salle rectangulaire où se sont installés tous les élèves. Seuls Mahaut et Mathieu arrivent en retard, main dans la main, mais Mathieu me jette un regard en biais. Ils vont s’assoir en plein milieu, les autres leur ont laissés une place d’honneur. J’ai un petit pincement au cœur en les voyant ainsi, tous les deux, mais mon attention se reporte bientôt sur les monos et le directeur. Ils énoncent les nouveaux élèves et lorsque mon tour vient, je dois me présenter :
« Bonjour. Euh, je m’appelle Eléonore, j’ai… J’habite près de Paris, j’ai 14 ans, mais je serais en première pour les cours. J’ai, euh, pour la FFE, le galop 6 mais je vais passer le 7, ici, normalement. Je crois que j’ai fait le tour de la question. »
Je retourne m’assoir et tous les regards sont braqués sur moi. J’entends des « Deux classes ? C’est une blague ?! », ou des « Elle est trop minus, celle-là ». Seul Mathieu me sourit et je m’égare une fois de plus dans ses grands yeux. Puis je me recentre sur l’annonce des chevaux. Le directeur annonce:
« Cette année nous avons accueilli trois petits nouveaux de 4 ans, Soubirou, Clemorée et Viadelle. Je vais vous donner vos montures un par un, et à la fin vous pourrez allez faire connaissance avec eux. Pour les nouveaux, vous irez défaire vos valises en fin d’après-midi. Et si vos chevaux ne vous conviennent pas, nous les changeront pour avoir une communion parfaite entre vous et votre équidé.
Il égrène une bonne quinzaine de nom puis…
-Mathieu Ephète : Viadelle.
Il avait la jeunette, comme chaque fois.
Cinq noms plus tard vient le mien :
-Eléonore Guéguan : Soubirou .
Tous les regards convergent vers moi.
« Le… Le quatre an ?
-Oui. On souhaitait que tu l’entraînes pour l’emmener en Amateur GP l’an prochain, puis aux championnats de France dès que tu auras passé ton galop 7. Bien sûr, s’il ne te convient pas, viens nous en parler et on changera.
-Non, non, c’est très bien. »
Au fond de moi j’ai une peur bleue qui me pétrifie. Vais-je être à la hauteur du défi qu’on m’impose ? Ai-je les capacités nécessaires pour emmener ce cheval à un aussi bon niveau ? Ne vais-je pas me faire peur avec un cheval à peine débourré? Tant de questions taraudent ma conscience…
Une main se pose sur mon épaule. C’est Coline qui me demande si je vais bien. De l’autre côté une seconde main m’accoste. C’est Andréa qui me dit que je vais impressionner tout le monde et que j’ai fait une entrée remarquée dans Montrouge. Quelle angoisse. J’entends les noms défiler, puis le directeur des écuries prononce les noms d’Andréa, de Coline et de Mahaut.
Coline Nodard : Sanfaille.
Mahaut Lefort : Coquelicot.
Andréa Solaert : Mesquin
J’entends tout d’abord le cri de rage de Mahaut, qui hurle à la trahison. On ne lui a pas accordé Ugo, pour la première fois. Elle dit que Coquelicot est horrible, qu’il est réservé aux débutants, que c’est un maître d’école et que son boulot à elle c’est d’apprendre aux chevaux et pas le contraire. Qu’Eliott Meribaud, celui qui a hérité d’Ugo, n’est pas assez bon pour monter correctement le hongre. Le coach de dressage la remet à sa place en répondant qu’il trouvait qu’elle avait régressé et qu’il lui fallait reprendre les bases. J’aperçois Mathieu qui rit sous cape, et nos regards se croisent. Il me fait un beau sourire et se lève car la séance est terminée.
Tandis que je sors, il me rattrape :
« Tu t’es remise de tes émotions ?
-Pardon ? , je réponds comme une sotte.
-Tout à l’heure, tu étais complètement perdue dans les escaliers. Et puis même, là. Ca te surprend d’avoir Soubirou ?
-Un peu. Je pensais qu’on donnait de gentils et vieux chevaux aux nouveaux…
Il rit de ma réplique et continue :
-Bien sûr que non ! S’ils te l’ont donné c’est que tu as un bon niveau et qu’ils te jugent assez mature pour savoir gérer ça. Je sais que Soubirou et Viadelle ont des boxes voisins. On y va ensemble ?
-D’accord. »
Je pense avoir l’air d’un robot lorsque je prononce ce mot. Mathieu poursuit :
-Alors comme ça tu es aussi en première ? Tu as sauté deux classes ?
-Mmmh. Je souffle mollement en m’égarant dans ses yeux, une fois de plus.
-T’as pas l’air d’aimer en parler… Pourtant on sera dans la même classe ! je te montrerai tout ce qu’il faut savoir sur l’école, si tu veux.
-Ah oui ? Merci, c’est gentil de ta part. Tu es à quel étage dans le château ?
-Chambre 21, premier étage.
-C’est vrai ? Moi c’est la chambre 24, en face !
-Ce soir on a prévu une petite réunion dans notre chambre avec les gars et Mahaut et ses copines. Tu veux venir ?
-Mais… Ce n’est pas interdit ?
-Oh, arrête, on fait ça tout le temps on ne s’est jamais faits prendre !
-Non, merci, je ne préfère pas risquer ma place dès le premier jour.
-Ok. Mais la prochaine fois tu viendras ?
-Peut-être, je réponds vaguement. »
J’ai honte de répondre comme une coincée, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que Mahaut me ridiculisera si j’accepte. Nous arrivons devant le boxe d’une jument alezane, d’environ 1 m 60, l’œil vif. Mathieu entrouvre la porte et m’incite à entrer dans boxe :
« Viens. C’est Viadelle. Elle est arrivée il y a deux semaines alors elle est toute chamboulée. Il faut aller doucement dans tes gestes et ne surtout pas être brusque. Je ne sais pas trop comment aborder le travail avec elle, elle est tellement sensible ! Tu aurais quelques conseils ?
-Ben… Fin… Veux… Fin je veux dire… C’est…C’est toi le pro… »
Ca y est voilà que ça recommence. Je ne trouve plus mes mots et je mélange tout.
« Pas exactement. Officiellement, j’ai le même niveau que toi. Galop 6, mais niveau 7.
-Si je peux te conseiller une chose, c’est d’acquérir sa confiance. Fais du travail à pied aussi souvent que possible et viens la voir juste pour lui donner une carotte ou un sucre. C’est tout je crois.
-Ok. Merci beaucoup ! C’est quelque chose que je ne fais pas beaucoup et pourtant il faudrait. Bon. Maintenant je vais te montrer Soubirou."
On sort du boxe de Viadelle et entrons dans celui d’un petit cheval d’1m50 environ. Un pie bai. Un magnifique cheval.
Un cheval qui a immédiatement remplacé Ugo dans mon cœur. Un amour de poney adorable avec de grands yeux curieux. Je me suis approchée de lui avec un soupir de soulagement. J’avais tellement peur de mal tomber. Mais non, ce cheval est le plus beau. Je passe ma main sur son encolure délicatement et lui laisse sentir ma main. Il réagit positivement et je lui plaque un baiser sur le nez. J’ai hâte de débuter les cours avec lui. Perdue dans mes réflexions, je ne remarque pas que Mahaut a fait irruption dans le boxe. Je l’entends alors beugler sur Mathieu :
« Où étais-tu ? Avec elle ? Tu ne penses pas que tu devais me soutenir dans cette épreuve ? On a mené un complot contre moi ! Je n’ai pas Ugo cette année ! Je suis sûre que c’est cette pimbêche qui a monté ce coup fourré !
-Pardon ? Tu peux répéter ces insultes ? Je n’ai rien fait et tu t’inventes un monde pour un rien. Si cette année ils ne t’ont pas accordé ton souhait, c’est que tu n’as pas le niveau. Point à la ligne. »
Je ne sais pas si j’ai vraiment osé dire ces mots, mais Mathieu me regarde avec admiration et l’autre furie me lance un regard violent et acéré. Ils s’en vont, mais Mathieu a un pas mal assuré et me dit à bientôt. Il me fait un clin d’œil avant de quitter l’écurie tandis que je m’assieds lentement le long de la paroi du boxe. Je sens que cette année ne va pas être des plus simples, mais pleine de rebondissements et de bonheur avec Soubirou. Je ressens tellement de joie à ce moment même que je pleure. Cette année sera la meilleure de ma vie, je le sais.