0 j'aime
Fiction:les cavaliers de montrouge-Chapitre 7!!
Posté le 08/11/2014 à 17h53
Hahem, Hahem... Depuis fort longtemps je n'ai pas posté sur le post, ce qui est bien dommage vu l'impatience de certaines d'entre vous. J'en suis désolée. Mais la semaine dernière, en vacances, j'ai pu laisser libre cours à mon imagination qui se veut débordante. Voici donc le Chapitre 7 des cavaliers de Montrouge...
Et bienvenue aux nouveaux lecteurs, car, comme le disait Paul Auster dans Sunset Park, "Au bout du compte, les livres relèvent moins du luxe que de la nécessité, et la lecture est une addiction dont il ne souhaite pas être guéri."
Chapitre 7
Je remonte lentement les escaliers qui mènent à ma chambre, je bouscule d’autres cavaliers, ils descendent si brusquement ! Quelques minutes de plus ou de moins, qu’est-ce qui changerait dans leur minable existence ? Le temps n’a plus d’importance pour moi, je ne cesse d’imaginer Mathieu allongé sur un lit d’hôpital qui ne se remémore rien de sa vie d’avant… Lorsque je rentre dans ma chambre, j’aperçois Andréa étendue sur son matelas. En me voyant entrer, elle se lève d’un bond et me serre fort dans ses frêles bras.
« Oh mon Elé, je suis tellement désolée de ce qui est arrivé à Mathieu… Je sais que même si tu l’as évincé de ta vie il conserve une place de choix dans ton cœur et que tu te sens mal à cause de l’accident…, me dit-elle si gentiment que je m’effondre en larmes sur son épaule.
-J’aurais dû lui dire que je l’excusais avant tout ça… Maintenant, il est possible qu’il ne se rappelle plus jamais de moi. Quelle idiote !
-Tu avais besoin de temps pour réfléchir! Ne te prive pas des plaisirs de la vie à cause d’un garçon alors que tu es si jeune, voyons ! D’ailleurs, je voulais te demander quelque chose… Dans une semaine ce sont les vacances. Mes parents partent à Badminton pour le CCE durant une semaine, et il laisse une bonne dizaine de chevaux à la maison, alors ils m’ont demandé d’inviter deux ami(e)s pour aider leurs palefreniers à monter leurs chevaux. Tu veux venir ?
-Oh merci ! (je la serre dans mes bras encore plus fort) Bien sûr que je veux bien venir ! Merci merci merci mille fois ! »
Il faut bien sûr que j’appelle mes parents pour avoir leur accord mais la perspective de monter avec l’une de mes meilleures amies des chevaux de Complet Internationaux m’accorde une pause dans cette semaine compliquée… Je joins mes parents via mon portable et après quelques minutes de négociations houleuses je passe un accord avec eux. Je rentre à la maison les deux week-ends après les vacances au lieu d’un seul et je dois ramener de bonnes notes, et ainsi je peux passer la semaine avec Andréa. Je passe donc le début d’après-midi en tête à tête avec mes problèmes de maths et file ensuite chercher Soubirou au box.
Soubirou est entrain de mâchouiller sa pierre à sel quand je rentre dans son box. Je le caresse fort puis choisit un licol éthologique bleu électrique dans la sellerie pour la leçon en liberté prévue cette après-midi par groupe de trois. Le but : observer les comportements des équidés entre eux lorsqu’ils sont au travail. Les groupes sont mal répartis : je me retrouve avec Tom, le meilleur ami de Mathieu, ainsi qu’Eugénie, l’ancien bras droit de Mahaut. La pimbêche porte un pull Pikeur rose fuschia assorti à un pantalon d’équitation gris clair. Son stick et le licol éthologique de Pretty, la jument de 11 ans qui lui appartient depuis maintenant quatre ans sont roses aussi. Eugénie a 16 ans, elle a redoublé et est donc en classe de 2nde .
Tom, lui, tient sa ponette de 11 ans avec un licol noir. La ponette en question se nomme très simplement What’s most beautiful ?, et c’est un nom qui lui va à ravir. Elle a une tête de rêve, avec une pelote en guise de liste, et une robe noire de jais. Elle sort avec Tom en As Poney Elite depuis un an et demi, et est donc la ponette sortant sur les plus grosses épreuves de l’écurie à ce jour. Pour ma part j’ai juste passé un polo beige HV et un jean, comme on ne monte pas. J’ai enfilé de vieilles boots foutues et un gilet noir. Le coach du jour est en réalité le suppléant du coach de dressage.
Nous nous trouvons dans une petite carrière de 15 sur 30 mètres à l’extérieur et le coach, Albert, nous demande de nous positionner chacun dans un coin de la carrière pour lâcher nos chevaux. Je trottine donc avec Soubirou jusqu’au coin le plus éloigné et au signal du moniteur je lâche, à l’exemple de Tom et d’Eugénie, mon poulinou. Les trois cavalcadent une bonne dizaine de minutes, donnant ruades et coups de dents, sans pourtant jamais s’effleurer. Le coach nous indique d’observer leurs réactions et nous constatons que l’allure de chaque cheval est différente de son congénère. Pretty par exemple, est une jument agressive est angoissée, alors elle galope à une vitesse incroyable, comme si elle avait peur qu’un éventuel assaillant ne la poursuive. A contrario Soubirou trottine aux côtés de What’s, (le surnom donné à What’s most beautiful) et les deux ne semblent pas du tout contrariés ni inquiets.
Je sens le regard pesant de Tom qui doit se demander ce que je pense de la situation critique de Mathieu. Il me rattrape d’ailleurs à la fin de la séance afin d’en discuter avec moi. Je remarque qu’il est vraiment beau finalement. Ses cheveux en bataille lui donnent un côté tout à fait sexy que j’adore. Il n’a qu’un an de plus que moi mais n’est parallèlement qu’en seconde… Il me lance souvent des sourires charmeurs au réfectoire mais je ne m’en inquiète jamais, je l’ignore, tout simplement. Mais à présent il semble être réellement préoccupé par Mathieu. Il me demande de lui raconter ce que j’ai vu à l’hôpital…
« Eh bien Mathieu n’est pas en situation critique mais il pourrait se réveiller du coma dans quelques jours et ne se souvenir de rien ou même ne plus pouvoir faire d’effort physique. Ce qui signifie arrêt de sa carrière sportive, je réponds.
-Oh merde… Et toi, tu lui as pardonné ? Tu sais, il… Il m’a dit qu’il avait enfin trouvé une fille simple, une fille qui lui correspondait vraiment, et c’est toi, ça.
-Je ne sais pas. On a deux ans d’écart, je n’ai aucun atouts physiques majeurs, je ne comprends pas cette attirance qu’il a pour moi.
-Il est attiré par ton comportement ! Pas par tes formes ou ton physique, continua-t-il, et il n’est pas le seul… »
Je me redresse d’un coup d’un seul. Comment osait-il, alors que son meilleur ami, qui m’aimait, était à l’hôpital, me faire une déclaration d’une telle ampleur. Nous remettons les chevaux dans leurs box et c’est là que ça se corse. Je me suis retournée. Et il m’a regardée droit dans les yeux puis m’a embrassée, fermement, il m’a attrapée par la taille et m’a poussée dans le box de Viadelle, inoccupé depuis l’accident. Je n’ai pas pu résister, il est magnifique, il m’attire malgré Mathieu… Personne ne le saura.
« Tom, dis-je repoussant sa bouche doucement, ce qui va se passer là doit rester secret, tu m’entends ?, je lui ai dit.
-Bien sûr, hors de question d’en parler, ça ferait trop de mal à Mathieu, c’est juste histoire de s’entre-aider, de surmonter cette épreuve difficile… »
Alors nous nous sommes embrassés, longuement, puis avons chuchoté, nous avons beaucoup ri et à l’heure du dîner sommes discrètement rentrés main dans la main.
La soirée est passée lentement. Etrangement, Tom me manque et je ne rêve plus que de ses lèvres. En l’espace de quelques semaines j’ai changé du tout au tout. Je suis arrivée innocente, timide, et à présent je ressens des pulsions amoureuses, j’embrasse un garçon différent chaque semaine… Je ne comprends d’ailleurs pas l’intérêt que ces derniers me portent. Le dîner fut une épreuve périlleuse au cours de laquelle j’ai ressenti une grande gêne. Le plat principal était une espèce de viande qui m’était encore inconnue jusque lors, accompagnée d’une espèce de purée verdâtre peu alléchante. Autant dire que je me suis contentée du taboulé servi en entrée et du gâteau au fromage en guise de dessert. J’ai jeté un regard circulaire sur la salle et je me suis sentie bien seule.
Je n’appartiens à aucune bande, d’autant plus que les trois-quarts des ados étaient jaloux de l’histoire entre Mathieu et moi… Afin de me donner une contenance, j’ai ramassé mes douces boucles brunes en un beau chignon rond et ai fait glissé quelques mèches rebelles le long de mes joues. C’est alors que je me suis aperçue que d’autres personnes faisaient la queue derrière moi pour être servis et certains me criaient déjà dessus pour que, je cite, je «bouge mon gros cul». Quel charme. Soudain Cassandre m’a attrapé le bras et m’a guidé vers une table où étaient assises Andréa et une autre fille prénommée Lou, dont le visage était certes disgracieux de par les nombreuses crises acnéiques qu’il avait dû subir, mais qui dégageait tout de même un certain charme. Elle devait avoir 16 ou 17 ans mais avait l’air bien plus mature. Tout en elle respirait la bienveillance et la gentillesse. Le quatuor que nous formions autour de cette table me rassérénait et les tensions que j’avais éprouvées plus tôt dans la journée se dissipaient au fur et à mesure que leur fil de discussion s’égrenait. Voilà comment ma soirée s’est déroulée. Et voilà qu’un nouveau jour se lève et que de nouvelles péripéties vont écourter ma vie.