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Copie interdite.
Les cavaliers de
Montrouge
Prologue :
Je n’ai qu’une envie c’est de partir vivre dans ce lieu merveilleux. De quitter ma famille, ma vie minable et mes « amis » à qui je ne tiens pas. De rencontrer des gens qui partagent ma passion, des gens qui me comprennent. Ma vie n’a qu’un lieu où elle aura l’occasion de s’épanouir. Là-bas : le pensionnat Montrouge, en Basse-Normandie, du côté de Cabourg.
Cet endroit est idyllique. Je n’y suis encore jamais allée mais les photos… Mon Dieu que c’est beau ! Imaginez des colonnes de marbre, un escalier majestueux et, à travers les vitres brillantes, apercevez des chambres rangées, propres, à chaque fois d’une couleur différente et unique. De chaque côté de l’allée s’étendent des écuries sublimes, et les portes en bois d’où sortent des jolies têtes de chevaux ajoutent au charme du lieu. Cette ancienne bâtisse sert aujourd’hui de pensionnat aux cavaliers du sport-étude de Bourg-le-Roi. Je vis à Saint-Germain-en-Laye, en Ile-de-France, mes parents sont bien payés, merci le ciel. Grâce à cette chance, j’ai débuté l’équitation, mais mes parents ne partagent ni ma passion, ni mes ambitions. Mon rêve, c’est de faire de cet amour du cheval mon métier, ma voie, mon âme. Ici ma vie ne ressemble à rien. J’ai sauté deux classes, je rentre en première à 14 ans, personne ne fait attention à moi. En cours, je suis comme une petite chose fragile et facilement atteignable, tant par les menaces que par les violences. Je hais les gens. Je veux dire… Les gens qui ne me comprennent pas. Je sais que jamais ma vie ne ressemblera à une autre. Je n’ai pas de copain, pas de meilleure amie, pas de sorties le week-end, pas de vie sociale. Même les prétentieuses de mon cours de cheval sont idiotes et désintéressées de ce sport si trépidant.
Alors il y a un mois j’ai parlé de mon projet à mes parents : refaire ma vie ailleurs, à Montrouge précisément. J’ai négocié pendant cinq jours, durant lesquels ils pesaient les pour et les contres de mon choix. Après réflexion, ils ont accepté de payer les dix mille euros requis pour le prêt d’un cheval, l’utilisation des installations, le coach, la pension dans le château, et les repas. Le matériel était également prêté. Il fut convenu que je reviendrais chez mes parents une fois tous les trois week-ends, en train.
Nous avons rendez-vous avec le directeur du pensionnat et le directeur des écuries ce samedi. En ce mois de Juin, les bourgeons ont déjà éclos mais certains, un peu tardifs, commencent à peine leur magnifique croissance. Les fleurs de lilas qui bordent la longue allée du pensionnat ajoutent à mon envie de venir éclore, comme ces fleurs, dans cet îlot de bonheur. J’aperçois, à travers les fenêtres de la voiture familiale, le château vu sur les photos. Il est aussi beau en vrai que sur ces dernières. Tandis que je reste bouche bée devant ce spectacle ravissant, mes parents serrent la main du proviseur et m’adjoignent de sortir de la voiture pour dire bonjour. Je m’exécute et observe le directeur du pensionnat avec attention. Grand, lunettes abaissées sur le nez, costume bien ajusté et cravate au rendez-vous. Je ne me rends pas tout de suite compte que, lui aussi, m’observe. Il fait attention à ma tenue (que j’ai choisie simple et convenable pour l’occasion), à ma coiffure, et il doit probablement se demander si je ferais une bonne élève. Nous le suivons à l’intérieur pour la visite et je découvre enfin l’intérieur de la bâtisse. J’aurai envie de dire : rien de plus banal. Je m’attendais à quelque chose de grandiose mais je ne peux qu’être déçue… La couleur grise des murs, le sol en parquet tout abimé, les crissements des chaussures à l’étage du dessus, tout me paraît simple et sans intérêt particulier. Qu’importe, cette déception n’est qu’une égratignure au cocon doré que j’ai fabriqué à mon rêve. Nous continuons notre cheminement dans ce dédale de couloirs où nous explorons salles de classe, salle à manger, cuisine, dortoirs où je cohabiterais avec 4 autres filles : une de mon âge, une de seize ans et la dernière de dix-sept. « Elle sont à l’équitation, marmonna le proviseur dans sa barbe. » La chance, pensai-je. Je coupais l’homme dans ses divagations démonstratives pour lui enjoindre de nous montrer la partie équidés. Il parut surpris mais s’exécuta.
Les écuries recensaient 90 boxes et 15 paddocks pour les chevaux de l’académie. La visite débuta par le manège ou je vis 5 ou 6 élèves s’exercer à la cession à la jambe et un moniteur leur donner des conseils précieux. On passa ensuite à la visites des boxes. La première écurie en comptait 40 et la seconde 45. Certains élèves avaient amené leurs chevaux et ceux-ci étaient logés dans la dernière écurie de 5 places. Je regardais au fur et à mesure les nombreux chevaux. Beaucoup étaient selle français et KWPN, pour les compétitions je suppose, mais j’aperçus également nombre de poney connemara, de selle ou DRP. J’allais en découvrir quelques uns au fur et à mesure de l’année, mais un seul retint véritablement mon attention ce premier jour…