Voilà, après moultes spéculations, la suite que vous attendez tous (je plaisante

) J'espère qu'elle vous plaira, même si elle est un peu mois longue que le chapitre 1! Je m'attelle déjà au chapitre qui suivra...
Chapitre 2
Ma nouvelle vie est bien moins indulgente qu’auparavant. Ce matin, le réveil sonne à six heures et les souvenirs de la veille affluent. Après avoir défait ma valise, j’ai été rendre une seconde visite à Soubirou. Je lui ai plaqué un baiser sur l’oreille gauche et l’ai amoureusement pansé. Puis le dîner est vite arrivé et nous sommes partis nous coucher extrêmement tôt, 21h je crois…
J’entends déjà Elisa râler dans la chambre, une histoire de pantalon je crois. Andréa vient s’assoir sur le rebord de mon lit :
« Tu as bien dormi ? J’espère que oui, car aujourd’hui est la journée la plus chargée de l’année. On doit découvrir notre cheval dans chacune des disciplines. A huit heures on longe dans les différents manèges, ronds de longe et carrières. Il faut que tu te bouges, beaucoup sont déjà en bas !
-Mmmh, je marmonne car je suis encore dans mes rêves.
-Allez Eléonore ! En plus je suis sûre que Mathieu t’attends en bas, dit elle en pouffant de rire. »
Mine de rien je réagis à cet argument et me lève d’un coup d’un seul.
Je suis douchée, brossée et habillée en moins de deux. J’ai choisi pour ce premier jour à cheval un ravissant t-shirt blanc qui s’assortit très bien avec mon pantalon beige en toile. Je m’attache les cheveux en chignon, enfile une paire de chaussettes et passe mes bottes Tattini. Je jette un coup d’œil dans le miroir et contemple mon reflet. J’ai fière allure, et descend donc, accompagnée de mes deux amies et d’Elisa qui boude toujours. Lorsque j’entre dans le réfectoire, plusieurs regards se tournent vers moi et je rougis comme un enfant. Pour me donner une contenance, je fais semblant de m’intéresser aux beignets soigneusement disposés sur la table du petit-déjeuner. J’en attrape un et prends une pomme bien verte ainsi qu’un grand verre de jus de raisin.
Je scrute la salle pour essayer de trouver où Coline et Andréa sont installées, mais je les vois chacune à une table différente, avec des amies. Vais-je vraiment me retrouver seule ce matin ou dois-je les rejoindre ? La question ne se pose pas longtemps, car je repère Mathieu qui me fait signe de le rejoindre. Mahaut n’a pas l’air d’être avec lui, je prends donc mon courage à deux mains et pars à sa rencontre. Il est assis avec des amis et me fait une place entre lui et un grand blond aux yeux bruns :
« Tu as bien dormi ?, me demande-t-il gentiment.
-Ca va. Quelques rêves peu paisibles, mais dans l’ensemble, oui. Et toi ?
-J’ai pas vraiment dormi… On avait la petite réunion et on s’est fait prendre. Du coup Mahaut est exclue deux jours parce qu’elle fumait et moi j’ai écopé de deux heures de travaux généraux, que j’ai effectués ce matin à 5h.
-Ah… Je suis contente de ne pas être venue, finalement. On longe, ce matin ?(dans ma tête, ça donnait plutôt, ouf, plus de Mahaut pendant deux jours, quelle satisfaction !)
-Oui. Tu vas voir, on va se faire déchirer les mains par nos deux jeunes. Ils sont toujours excités comme des puces ! Je te présente Tom, dit-il en m’indiquant le blond que j’avais vu tout à l’heure ; assis à ma droite.
-Salut, se présente simplement le dénommé.
-Euh… Bonjour. T’as quel âge ?
-Quinze ans. Toi quatorze, c’est bien ça ? »
J’acquiesce en silence, et me détourne de Tom pour parler à Mathieu.
« Tu as fini ? me demande-t-il.
-Oui, dis-je en désignant mon assiette.
-Alors viens, on va chercher nos bébés. »
Je le suis à travers le hall et des sifflements fusent dans la salle. Les gens nous imaginent déjà ensemble, rien ne peut me rendre plus heureuse.
Après ce petit épisode, nous passons dans le paddock caresser le Escalibur, le bel étalon que Mathieu montait l’an passé. Puis, nous rejoignons les boxes des deux loulous. Mathieu passe un licol en cuir sur la tête de Viadelle et je l’imite avec Soubirou. Je remarque sur la matière lisse du licol une petite plaque dorée où est gravé le nom de mon poney. Je souris en attrapant la longe beige et je sors le pie pour aller l’accrocher aux côtés de Viadelle dans la cour. Je passe l’étrille sur les flancs et le bouchon sur l’encolure. Je démêle les nœuds de sa crinière à l’aide de mon peigne argenté et enlève les brins de paille entortillés dans sa queue. Je remarque alors que Mathieu m’observe avec un sourire en coin. Je lui lance un regard surpris et il se détourne immédiatement pour brosser sa jument. « Pris en flagrant délit » est l’expression la plus appropriée pour dire ce que je pense.
Je pose mon tapis marron foncé sur le dos de Soubirou, ainsi qu’un pad de garrot de la même couleur et, pour finir, un surfaix en cuir brun. J’enfile sur sa nuque un beau filet et, pour enrênement, un gogue. Je passe la longe à l’anneau gauche du mors et détache mon pépère. Je suis la première à être prête, je passerai donc première à la longe. Forcément, tout le monde me regarde.
Je me place au centre du manège 70/100 et commence à la faire marcher sur le cercle. Je le sens commencer à se détendre au bout de la longe de huit mètres. Je souris pour ne pas lui faire ressentir mon stress et qu’il puisse se décontracter au mieux. Après trois tours au pas à main gauche je fais claquer ma langue contre mon palais pour qu’il accélère sa cadence. Encore un tour et je le fais partir au trot. Pépère ne se presse pas et je suis obligée de donner du stick sinon il ne partira jamais dans l’allure supérieure. Après deux tours à cette vitesse je me prépare à demander le galop, mais Soubirou en a décidé autrement et se réveille. Coups de dos sur coups de dos, il se cabre et accélère, tente de m’arracher la longe des gants. Je tiens bon, le refais passer au trot et redemande le galop, que j’obtiens cette fois-ci plus souple et cadencé. Je change la longe de côté du mors, pour passer à main droite. J’entends certains cavaliers qui rient derrière moi et essaie de ne pas les écouter. Malheureusement mon angoisse est communicative et mon cheval boue au fil de sa marche agitée. Je le calme tant bien que mal mais d’un coup d’un seul il part dans une course de galop effrénée. Malgré mes « Oh ! Oh !, Oh ! Oh », il ne ralentit que très peu et je tire donc un coup sec pour l’arrêter. Ca a le mérite de fonctionner. Il se place face à moi et durant un instant un duel de regards s’est instauré entre nous. Pour y mettre un terme je le relance sur le cercle au pas, puis au trot. Il est bien plus à l’écoute que tout à l’heure et j’ai espoir qu’il garde cet esprit de travail. Je le place sur un petit galop contrôlé durant deux cercles, puis le remet au pas et rétrécit le cercle jusqu’à ce qu’il revienne vers moi. Je l’arrête et caresse bien fort. Le moniteur me félicite et appelle l’élève suivante, une certaine Alexa. Je quitte le manège la boule au ventre, j’ai peur d’avoir fait n’importe quoi. Mais chacun me regarde avec respect, et je pars retrouver Mathieu qui discute avec Killian, un de ses colocataires.
Il est assis sur une barrière de paddock et laisse tranquillement brouter Viadelle, pas stressé le moins du monde :
« Je t’ai regardé passer ! C’était vraiment du beau boulot. Il est jeune et ne sait pas bien ce que l’on attend de lui. J’ai aperçu Benoît, le coach de cross, le travailler jeudi hier et c’était du grand n’importe quoi. Tu l’as bien géré quand il est parti à fond les ballons, tu peux en être fière, me confie-t-il avec un clin d’œil. »
Le rouge me monte aux joues. Tous ces compliments… Je le remercie et file dessangler Soubirou à l’attache. Il ne bouge pas alors j’en profite pour lui doucher les pattes. Il gigote un peu mais ne bronche pas. Cette après-midi on monte alors je préfère le stimuler et je l’emmène brouter au paddock, puis le lâche pendant une trentaine de minutes. Durant ce laps de temps je m’éclipse pour observer mes camarades pendant qu’ils longent. J’arrive à la fin de la séance de Coline qui semble déçue et vois entrer Viadelle, accompagnée de Mathieu.
La jument est toute excitée et elle fait quelques démonstrations de force aux premiers tours de longe. Mathieu rectifie immédiatement le tir et la calme en moins d’une minute. Il la met au trot, puis au galop en raccourcissant la longe pour déséquilibrer sa jeune et éviter qu’elle n’accélère. J’admire le travail et l’influence qu’il exerce sur la jument avec des yeux pétillants. Il quitte le manège après avoir épater la galerie et je cours le rejoindre à la sortie. Mais alors, c'est la douche froide.
Mon "amoureux" ne semble plus vouloir discuter avec moi, me jette un coup d’œil et s’en va avec ses amis. Je suis affreusement déçue. Qu’ai-je encore fait ? Moi qui pensais que quelque chose se passait entre nous, je me retrouve comme une idiote car je sais que quand Mahaut reviendra, il courra vers elle ventre contre terre comme un petit chien. Ai-je trop espéré de notre amitié ? Mais surtout, pourquoi m’ignorer alors qu’une trentaine de minutes auparavant, nous nous parlions en amis. Déçue, je m’en vais chercher Soubirou au paddock et pars le remettre dans son box. Il semble comprendre ma détresse et promène son nez contre mon visage. Je l’embrasse sur la nuque et passe le licol sur sa tête. Je rentre dans les écuries et… Je me retrouve nez à nez avec Mathieu. C’est le moment de vérité.
Une petite photo pour illustrer le poney:
http://christian.pubert.free.fr/framenews/result/lamottecf2002/image/galopmaing.jpg