J'ai parcouru votre post sans avoir rien à ajouter jusqu'aujourd'hui.
Comme les messages au dessus, j'hallucine. Moi qui auparavant achetait Charlie Hebdo à la gare, en fin d'après midi voire en fin de semaine il en restait toujours plusieurs exemplaires... Aujourd'hui 10h30 j'ai fait 5 presses, toutes en ruptures de stock !
Et, si des courageux-ses ont envie de me lire, ce matin j'ai pris le temps de poser mon stylo et de me mettre à écrire sur ce qui s'est passé, et ce que ça m'a fait.
Je Suis Charlie, mais.
Depuis une semaine, je suis, comme beaucoup, outrée par les fusillades et prises d'otages. Cependant, j'ai attendu que l'émotion redescende avant d'écrire. Le temps de raisonner peut être.
Alors, oui, je suis Charlie.
Je suis Charlie, parce que j'ai été lectrice régulière de ce journal, parce que j'ai appris la satire grâce à eux en partie. Et je remercie ces journalistes, dessinateurs ou pas, de m'avoir donné cette capacité critique. (Merci également à ceux du canard enchaîné, à Pierre Dac et à mon papa)
Je suis Charlie, parce que j'aime rire. Parce que pour moi, rire de tout n'est pas qu'un droit, mais un devoir. Je suis convaincue que l'on peut rire de tout, et même qu'il est fondamental de rire de tout, tant que c'est fait pour rire, et faire rire, sans méchanceté aucune.
Je suis Charlie aussi, parce que personne ne mérite d'être tué, et surtout pas au nom d'un dieu, d'un dessin, d'un territoire ou d'une ressource.
Je suis Charlie enfin, parce que la liberté d'expression. Parce que le rassemblement spontané d'autant de personnes, au nom d'une solidarité et de la liberté, parce que les discussions qui s'en suivent, parce que ces rencontres, parce que le stop aux amalgames ça me parle. Et que ça me plait aussi.
Mais, j'ai ce sentiment amer au fond de la gorge. Cette impression à la fois d'être un mouton piloté par les médias, d'un discours calqué et irréfléchi.
Parce que j'ai très mal vécu ce moment où, sur fond de rassemblement solidaire et pacifiste/sque, les milliers de présents autour de moi ont entonné ce chant aux paroles guerrières, prônant la vengeance et le meurtre des impurs. Qu'à cet instant je me suis sentie tellement mal et je me demandais si j'étais la seule à interpréter ces paroles de cette façon...
Parce que j'ai le sentiment d'une vaste mascarade gouvernementale et médiatique, qui surfent tous sur cette vague.
Parce que malgré les discours de stop aux amalgame, les violences n'ont cessé de croître, et l'idée d'un "Patriot Act" à la française devient de plus en plus crédible... Et je ne parle pas des tentatives de récupération et de la présence des plus grands hypocrites mondiaux à Paris ce week-end.
Alors, oui, je suis Charlie... Mais pas à tout prix.
Bravo pour votre post, qui sur une centaine de pages est toujours resté pacifique, sans amalgame avec d'énormes appels à la paix et à la solidarité