Les Bourguignons s'en prennent plein la tronche.
J'avoue, certains sont... typiquement atypiques.
Je travaille avec des jeunes étudiants en agriculture et par expérience, il est très compliqué de leur faire entendre que le modèle de leurs parents (produ/intensiviste) n'est plus totalement valable et que plus nous allons avancer, plus il faudra faire primer la qualité sur la quantité. "Produire moins pour produire mieux", ça ne leur parle pas. Dans leur esprit, plus le tracteur est cher, plus il peut en faire, donc plus on en fait. C'est le modèle produ fondé sur l'utilisation optimale.
Le bien-être animal ? L'usure des sols ? Ils s'en cognent comme de l'an 40 !
L'année dernière, je me suis heurté à un bonhomme qui m'a répondu que ces choses là n'ont aucune incidence sur la démarche du producteur, que si l'animal est anéanti ou la terre usées, il suffisait de changer ; et quand j'ai argumenté que la terre mettait plusieurs centaines d'années à revenir à son potentiel initial, il m'a rit au nez en me disant que les amendements n'étaient pas faits pour les chiens, qu'une terre usée, ça se remet en état à coup de chaux et de fumier...
Le mec est fils d'un producteur en Beauce.
C'est d'ailleurs souvent qu'ils remettent les connaissances des enseignants en question. Pour eux, la vérité est dans la pratique. S'ils ne pensaient pas que Papa détient la vérité absolue, et s'ils avaient la capacité à analyser leurs pratiques, ça serait impeccable. Sauf que là, Papa est Jésus, Papy est Dieu ; et ça y va à coups de "mon père fait comme ça, mon grand-père faisait comme lui, donc c'est comme ça que je ferai et puis c'est tout". La rentabilité est reine, la famille est sainte et nous sommes des cons.
J'ai surtout ce problème avec les jeunes issus du milieu de la polyculture. Ceux issus de l'élevage ont majoritairement franchi un pas et se préoccupent plus de la santé de leurs bestioles, comprennent plus aisément l'impact du bien-être et d'une bonne santé sur la qualité du produit. Après, il reste quelques irréductibles pour qui les trucs du style "1000 vaches" sont des modèles absolus.
Quand j'ai un peu de patience, je leur explique que dans certaines contrées des USA, de plus en plus de grosses fermes reviennent à une production raisonnée, qu'ils passent peut-être pour des tarés aux yeux des politiques et des grands groupes, mais qu'auprès des consommateurs, ils ont de plus en plus la cote. Bizarrement, quand je commence à causer des ricains, champions du productivisme dans leurs esprits, ça tilte un peu et quelques questions sortent. Je réponds gentiment, en ignorant les quelques grincheux qui persistent dans leur mauvaise foi.
Mais quand je suis excédé, je leur réponds que leur gros tracteur est le substitutif de leur petite q...e. Et je continue mon cours, parce qu'à leur âge je détestais les profs qui parlaient trop et en arrivaient à ne pas finir leur programme à la fin de l'année ; je ne leur ferai donc pas cette vacherie, même si parfois, je leur collerai bien mon 42 au derche. ^^
Je retrouve beaucoup de mes élèves et de leurs parents dans ce reportage.