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Dressage : hégémonie all - pays-bas - angleterre
Posté le 24/08/2017 à 22h09
Tout ce que les intervenants avancent sur le constat est plutôt juste.
Le soucis c'est le serpent qui se mord la queue comme disent les vieux..., en club on fait surtout du c.s.o bein oui on donne aux gens ce que la majorité demande, la majorité demande ça parce que c'est plus facile que le dressage (par exemple), mais c'est le même problème pour la voltige également qui est une discipline de grande rigueur aussi et assez ingrate si on compare les résultats qu'il est possible d'atteindre et le nombre d'heures passées.
Les clubs depuis le début des années 90 préfèrent avoir beaucoup de clients que de pratiquer une discipline qui leur tient à coeur, donc même si le gérant est plus dressage (ou autre), et bien il se met à proposer du cso parce qu'il a des factures à payer. Les cavaliers préfèrent sauter parce que c'est plus facile de "s'amuser" et d'avoir de petites sensations sympa en sautant 50 cm qu'en essayant de faire un bon départ au galop en équilibre. Un bon départ au galop en équilibre peut se demander au bout de plusieurs années, alors que sauter 50 cm après quelques séances, accroché à la crinière et dans un équilibre improbable si Pompon fait tout bien tout seule ça le fait!
Pour un club, avoir un cheval qui saute 50 cm ou même qui enchaîne un parcours galop 5 (parce qu'en réalité, les cavaliers de club aujourd'hui ont dans la majorité des cas un niveau technique réel de g5 même s'ils ont validé le 6 et le 7) ça coûte moins cher à l'achat et beaucoup croient que ça demande moins de travail d'entretien (bon faut voir comment le parcours est enchaîné, souvent on se demande qui ont va perdre en premier le cavalier ou le cheval mais bon ça passe la ligne d'arrivée tant bien que mal faut pas être regardant sur le style....).
Alors qu'un cheval de dressage, juste correctement dressé sur tous les mouvements de basse école, ça demande beaucoup de temps. Sauf que les moniteurs en club ne sont, pour la plupart plus du tout affecté au travail de la cavalerie (c'est un temps qui coûte à l'employeur). Et encore une fois, ce dernier préférant avoir beaucoup de cavaliers même débutants ou initiés + que des bons cavaliers expérimentés et spécialisés dans une discipline, ce temps là il préfère recevoir des groupes, scolaires entre autre et l'enseignant est ainsi beaucoup plus rentable pour lui.
Chose qui ne se faisait pas dans les années 70/80.
A ce moment là, l'équitation était plus dans un but, de perfectionnement et but de compet, peu de poneys, peu de poney clubs, peu d'équitation de loisirs, et peu d'enfants.
Les enseignants passaient autant voir plus de temps à cheval (la journée la semaine) qu'en reprises (le soir et à tour de rôle les week ends, pendant les uns étaient en concours, les autres assuraient au club etc...).
La compétition entre club a vu le jour avec la multiplication des établissements, l'arrivée des poney clubs, i la fallu se démarquer pour attirer la clientèle, il fallait donc vanter ses résultats. Et comme des résultats c'est plus facile à obtenir en cso qu'en dress.... vous connaissez la suite.
Et puis comme il faut toujours plus rivaliser, il faut proposer ce que propose son voisin pour ne pas y voir partir sa clientèle. C'est comme ça que les clubs "spécialisés", cso, dress, cce principalement, sont devenu des enseignes "tous produits". Comme ça le client (qu'on appelle de moins en moins cavalier) croit qu'il n'a pas besoin de changer de club pour faire telle ou telle discipline. Sauf qu'en fait vouloir proposer du dressouillage parce que le club d'à côté fait du dressage depuis longtemps, parce qu'on a Dudule qui part à tous les coups sur le bon pied au galop même avec les galop 1 bah ça s'appelle pas forcément du dressage.
Et puis on tape sur la tête des moniteurs, ohhh les vilains qu'ils sont nuls....que la formation est mauvaise, ce ne sont que des animateurs, ils n'ont aucune culture et j'en passe.....
Bah oui, on a mis sur le marché des gens dont on avait le plus besoin.
Dans un club il y a 80% de la clientèle qui vient pour faire des jeux, pour s'amuser, pour sautiller, pour boire un coup après la reprise, pour surtout pas faire trop technique....donc bon former des gens sur compétents pour exploiter 20% de leur capacité à quoi bon? Les moniteurs les plus formés sont partis, soient parce qu'ils s'ennuyaient, passer un Diplôme d'Etat d'enseignant pour faire de l'animation c'est pas le même métier. Celui qui avait le malheur de faire un peu carré, un peu technique et d'avoir un peu de culture, il commençait l'année avec 10/12 cavaliers et la terminait avec 5/6, bon bah il était poussé vers la sortie par la direction s'il n'avait pas déjà pris le large avant.
Quand un club faisait la démarche d'embaucher un moniteur un peu spécialisé dans chaque discipline, il le payait à un moment donné. Embaucher un moniteur dressage (par exemple) mais être obligé de remplir son planning avec des balades, ou des scolaires pour justifier son salaire parce que le dressage ne représente que quelques heures par semaines.... ça n'intéresse et ne motive ni le club, ni l'enseignant.
Vous ajoutez à tout cela un état d'esprit quand même particulier en France, tout le monde se critique, la méchanceté est quand même bien présente, le manque de respect entre cavaliers/enseignants/juges est tout de même bien connue. Les enseignants (pas tous mais une grande majorité) sont les premiers à avoir un très mauvais état d'esprit et à parler très mal de la concurrence, à mal parler des juges devant leurs cavaliers, qui forcément finissent par en faire de même. C'est une discipline qui est mal connue, mal vue par les cavaliers français dès leurs débuts.... comment voulez-vous qu'en haut de la pyramide il y ait beaucoup de monde.
Je passe aussi tous les phénomènes de modes... Les courants, les clubs, les entraîneurs, les, les, les... Les cavaliers (souvent) changent d'avis comme de chemises, changent d'objectifs comme de culottes (ou presque), c'est le dernier qui a parlé qui a raison un peu....
Pour "performer" quelque part il faut s'y tenir, persévérer, longtemps très longtemps et pas changer son fusil d'épaule tous les 4 matins.
Le dressage est trop dur pour que cela attirent assez de cavaliers français dès le bas de l'échelle pour encore en avoir en haut de l'échelle. Si vous ajoutez à cela les moyens financiers que doivent avoir ceux qui y arriveront.....Et une fois qu'ils y sont, il ne faut pas qu'un problème de santé du cheval vienne anéantir la saison ou la carrière du couple....
Bref....vaste sujet.
Pour en revenir à ce qu'il se passe concrètement en ce moment à haut niveau, le soucis c'est que les échecs à répétitions, les essais pas transformés, finissent par décourager l'équipe, l'entraîneur, refroidissent le peu de sponsors, les partenariats, les propriétaires, l'entraîneur, la fédé... ça aussi c'est humain, à un moment donné pour rester motiver il faut voir un peu le bout du tunnel sinon ça fatigue.