Dressage : hégémonie all - pays-bas - angleterre

En même temps, les moniteurs d'aujourd'hui (ceux qui ont la vingtaine) ne sont ni plus ni moins (en gros hein) que les enfants des années 90.
Ceux de la génération qui ont débuté l'équitation en ne faisant que des éperviers et surtout pas de mise en selle parce que c'est dure et qu'il faut éviter les chutes, et surtout du ludique du ludique du ludique parce que les "petits chéris" sont là pour s'amuser, la technique ça les barbe, il ne faut surtout pas faire du sans étriers, etc.....
A ce moment là dans la plupart des clubs, le plus technique que l'on pouvait faire c'était des relais avec des slaloms... Alors bon, bien qu'il y ait autant de variantes que l'on peut avoir d'idées au bout d'un moment ça reste ni plus ni moins qu'un jeu de course et ça n'en fait pas (sauf exception) des techniciens 20 ans plus tard.

frison78
Je ne suis pas trop d'accord avec les enfants des années 90 qui n'ont fait que des jeux. Il ne faut pas généraliser. (Je suis moi même une enfant des années 90 et de la mise en selle j'en ai bouffé, alors après ça dépend du niveau du cours dans lequel tu es. J'ai eu de la chance de rentrer très vite en équipe compétition ce qui m'a permis de vite aborder des choses plus techniques)
Je pense que l'un des principaux soucis c'est plutôt le niveau d'exigence à l'entrée du monitorat qui est relativement faible ... et qui permet à à peu près n'importe qui d'entrer en formation. Mais cela ne date pas d'aujourd'hui. D'ailleurs tout cela est en train d'être réformé.

frison78 c'est pas plutôt les années 2000 à au moins 2017 ça ?
Je ne montais pas en 1990 mais quand je l'ai fait, en 2004, j'ai vite constaterque l'équitation enseignée en France dans la majorité des endroits justifiait la reputation de l'équitation auprès de la majorité : ce n'est pas un sport, c'est le cheval qui fait tout, on n'a qu'à être assis dessus

frison78 Je suis née en 1995, et je n'ai pas l'impression de ne jamais avoir fait de mise en selle ni de jeu. Après j'ai aussi fait parti de l'équipe compet ce qui m'a peut être permis de faire plus de choses "sérieuses" (avec de gros guillemets).
A nouveau, c'est mauvais pour le dressage mais je ne pense pas que cette méthode soit totalement à jeter. Elle permet quand même d'ouvrir l'équitation à plus de monde et je trouve ça plutôt bien

Le jeu et bonne mise en selle ne sont absolument pas incompatibles. Il faut savoir interesser les cavaliers, les parents...les clients.
Et ça c'est le boulot d'un vrai enseignant.

Parce que la mise en selle, c'est bien joli mais encore faut-il reellement la construire.
Parce que je cotoie tous les âges de cavaliers , donc un certain nombre qui ont usés bien des culottes avant les années 90.
S'ils ont eu effectivement le cuir des fesses bien tanné, il n'en sont pas devenu des cavaliers pour autant.

c'est vrai que la formation des moniteurs laisse à désirer et qu'actuellement ce sont plus des animateurs poneys que des cavaliers

et c'est vrai aussi que depuis quelques années ... les gamins vont au poney club pour passer un bon moment et s'amuser avec les copains plus que pour travailler

donc avec des moniteurs peu formés et des gamins peu investis c'est dur de construire une équipe de haut niveau

et on parlait de la cata des resultats à l'europe de l'équipe poney .... il ne faut pas oublier que les epreuves children sont en train de tuer les épreuves poneys ... l'équipe de France children de dressage et médaille de bronze par équipe et d'argent en individuel sans compter qu'en France ... les parents n'investissent peu ou pas du tout sur des poneys de qualité

si un jeune veut progresser en France ... il faut que sa famille soit investie qu'elle achète elle même le poney ou le cheval qui va bien, qu'elle trouve les coachs qui vont bien etc ... et il faut que le jeune soit motivé et qu'il renonce à jouer !

Après c'est pas évident en France d'avoir les moyens pour investir autant dans le poney. .

Pour les moniteurs ça dépend il faut trouver les bons. Et il faut que le moniteur sache expliquer que si on veut progresser il faut en passer par la mise en selle, la répétition etc etc

Quand j'ai commencé l'équitation, en plus du cours, où on avait souvent de la mise en selle, on avait une demi heure d hippologie ou pour apprendre les soins ( du plus basique : mettre le licol, brosser, emmener son poney au pré en sécurité, à plus poussé, metrre des bandes, embarquer dans un van ) et une demi heure de jeux à poney. A cru sur les shet, jouer à l'épervier ou au loup... ça fait l'assiette et en s'amusant !

Je trouve votre discussion très intéressante, surtout la comparaison France-Allemagne. Et pour avoir passé pas mal de temps en Allemagne, je trouve qu'il y a effectivement des choses à copier. Bien évidemment, tout n'est pas parfait là bas non plus... Rollkur et cie... Même si les choses ont pas mal changé et que, en tous cas selon mon impréssion, on revient de plus en plus à la "bonne" équitation.

Je ne peux rien dire sur le haut niveau chez les enfants, je n'y connais strictement rien. C'est qui est sûr et certain, c'est que la France est beaucoup plus orientée CSO. Pour ma part, j'ai découvert le dressage -- et les raisons derrière -- en Allemagne. Mais, soit dit en passant, à l'inverse, quand il faut passer l'équivalent du Galop 7 en Allemagne pour pouvoir sortir en concours, c'est la grosse galère pour beaucoup de cavaliers qui n'ont jamais sauté. Des lacunes dans la culture équestre, il y en a des deux côtés du Rhin... En tous cas, personellement, j'estime que -- problèmes de santé exclus -- n'importe quel cheval et n'importe quel cavalier devrait pouvoir enchaîner une reprise de dressage de type G7 et un parcours d'obstacle...

Après, des chevaux "bien mis", on en trouve beaucoup plus en Allemagne qu'en France. A mon avis, c'est au moins en partie en raison du système de formation des cavaliers pro. Sauf erreur de ma part, n'importe qui peut être cavalier pro en France, à condition d'avoir des résultats en concours. Il y a certes des formations, mais de courte durée. En Allemagne, en revanche, un cavalier pro a un minimum de 3 ans de formation équestre (+ aspects théoriques), la plupart même 2 x 3 ans, soit six ans. C'est ces gens là qui travaillent avec les jeunes chevaux, les valorisent etc. (pas tous les chevaux, bien sûr, vous voyez ce que je veux dire...). Je ne veux pas dire que les cavaliers pro en France sont tous nuls. Mais je pense que ce système permet à l'Allemagne d'avoir une base très, très solide dans le travail des jeunes chevaux. Par ailleurs, je pense qu'il y a en Allemagne une volonté plus répandue d'investir dans un cheval "bien mis", même si ce n'est pas un "cheval de dressage". Ces cavaliers pro ont donc plus de clients, ce n'est pas que de la valorisation de chevaux destinés à la vente. Et ces gens-là sont également un vivier d'enseignants très compétents pour les niveaux plus avancés.

Le métier de "moniteur" n'existe pas en Allemagne, ou presque pas. Mais ce n'est pas vraiment le sujet ici. Pour faire court: la plupart des personnes qui donnent des cours aux petits niveaux sont des amateurs avec une licence d'entraîneur amateur (qu'on ne gagne pas au loto non plus, c'est assez solide comme formation et le niveau équestre est au moins égal à celui du BPJEPS). Je ne dis pas que c'est mieux, mais c'est en tous cas une autre approche qui semble marcher.

Après, est-ce qu'il y a des leçons à tirer? Si j'étais chef de la FFE, le première mesure que je prendrais: faire passer les petites épreuves de CSO (toute la partie Club et une bonne partie des épreuves amateur) en "style" au lieu du contre la montre habituel en France. C'est ce qu'ils font en Allemagne. Jusqu'à 1m20 (soit les classes E, A et L dans leur système), vous y trouverez une majorité d'épreuves notées par des juges -- en E (la classe la plus basse, 90 cm je crois), il n'y a quasiment pas de contre la montre. Du coup, ça oblige même ceux qui ne veulent pas faire de dressage à monter à peu près correctement (même s'il y a aussi des pros parmi les poneys qui feraient gagner un bonhomme playmobil s'il le fallait)... Sinon, pas de podium et pas de gloire. Ca réduit l'écart entre le dressage et l'obstacle, les enfants comprennent l'intérêt de travailler sa position, des transitions etc.

Sinon, je miserais sur l'apprentissage de la théorie. Tout le monde fait des cessions à la jambe. Mais qui est capable d'expliquer pourquoi? Qui sait voir ce qui est bon et ce qui ne l'est pas? J'ai ici un manuel de préparation pour les Galops 5 à 7. A presque chaque photo dans ce livre, je me demande comment ils ont bien pu choisir une image pareille... Mais comment veut-on qu'un cavalier de club lambda apprenne à quoi ça devrait ressembler si même ses manuels montrent n'importe quoi? Voilà un autre domaine dans lequel il serait facile de faire des progrès! Mais ça va certes à l'encontre de l'approche ludique...