cavalierevendee
Tu as trouvé un bon compromis je pense
---
(attention pavé)
Je ne crois pas en avoir parlé ici mais, en novembre 2017, je quitte précipitamment une pension (alors que j'étais arrivée 3 mois auparavant) car contrat pas respecté. Je trouve une pension 100% pré, à un prix très correct, avec des abris dans chaque pré, deux carrières et un rond de longe. Que des chevaux de proprios, le gérant est agriculteur. Il accepte les monos indépendants et, surtout, me présente une jeune fille de mon âge (16 ans) que je nomme Chloé (prénom changé, on sait jamais). La mère de Chloé s'y connaît pas mal (je crois même qu'elle était monitrice avant), et Chloé a pour projet de devenir comportementaliste équine donc pas mal de connaissances aussi. On met très vite nos chevaux dans le même pré, et après m'avoir vu galérer avec mon bébé (2 ans et demi), me propose son aide. Je n'ai pas le choix que d'accepter, j'étais débordée par Falcon : c'était le moment où il essayait de mordiller, de me dépasser, de ne pas donner les pieds, etc. Bref, moi je me retrouvais sans encadrement et Chloé était gentille de me proposer son aide, j'ai accepté avec plaisir et soulagement.
Chloé m'apprend à le travailler dans le rond de longe (j'avais déjà commencé ce travail grâce à mon super prof qui à 1 an lui a appris à stopper net dans le rond, typiquement le mauvais prof de western hein et la jeune cavalière qui écoutait attentivement tout ce qu'il disait en le mettant sur un piédestal). On fait des séances ensemble mais, comme j'étais au lycée et elle déscolarisée, elle venait plus souvent que moi et a commencé à s'en occuper sans que je sois là. Je me dis, ok, comme ça ça sera plus facile pour moi après. Elle lui apprend à donner les pieds en tapotant sur les membres (et ça c'est génial, par contre, je suis très contente qu'elle lui a appris !), à ne pas paniquer s'il met un pied sur sa longe (ça aussi, c'est génial !), à respecter ma bulle, ne plus me mordiller, rester à l'attache sans bouger dans tous les sens… En outre, quelqu'un m'aidait (gratuitement en plus) et Falcon progressait, j'étais bien contente.
Mais c'est aussi là que le calvaire a commencé.
Il était prévu qu'il aille au débourrage chez Anna (ma gérante actuelle) en mars 2018. Ce sont deux amies cavalières (dont une qui emmenait aussi son jeune du même âge que Falcon au débourrage) qui m'avaient dit de le faire assez tôt. Mais Chloé me convainc qu'il est trop jeune, qu'il est inutile de l'envoyer chez la pro car elle peut m'aider elle à le débourrer plus tard. Je réfléchis à tout ça, je me dis que, oui, il est encore jeune (surtout qu'il faisait claquette en fait), que j'ai le temps, je ne suis plus pressée au point où j'en suis, et qu'avec Chloé on pourrait lui apprendre le tapis, la selle, enfin le pré-débourrage quoi.
J'envoie un mail à Anna pour lui dire que Falcon ne vient plus finalement, que je préfère attendre. Et la vie continue. Chloé me fait monter son cheval, quel plaisir de remonter ! Tout se passe à peu près bien. Mais, les jours passent, et Chloé me dit qu'elle a introduit le tapis, le surfaix, la selle, le filet… Elle me montre des vidéos, c'est moi qui achète le mors, donc je ne peux pas dire qu'elle fait ça dans mon dos, mais plus ça va plus je me sens mal. Puis, un jour, elle m'envoie une photo d'elle à cheval, sur Falcon. Quelques jours après, elle me fait monter pour la première fois dessus, mini balade de 10 minutes où elle tient Falcon en main. Je suis joie, évidemment. Mais, je vois bien que Falcon n'est pas encore prêt à me porter, je le ressens une fois en selle, je fais trop grande sur lui.
Après ça, je suis plus que partagée : ça fait des semaines que je suis dépassée, plus par Falcon mais par Chloé, tout va si vite, je n'arrive pas à dire "non", elle ne le ressent sûrement pas comme ça mais pour moi ce n'est presque plus mon cheval, mais presque le sien. Et en même temps je suis reconnaissante, évidemment. Pour tout ce temps passé à m'aider. J'ai un peu un trou de mémoire : est-elle remontée par la suite ? Je ne sais plus, peut-être que oui, ou alors c'était déjà avant, vraiment je sais plus. Sûrement ma mémoire qui veut occulter cette partie de ma vie équestre. Ce qui me dérange, c'est surtout qu'elle m'a convaincue de ne pas aller chez la pro car c'était trop tôt, mais elle fait plus ou moins la même chose qu'aurait fait la pro.
Les choses font, qu'en avril 2018, je participe à un stage chez Anna. Tout se passe bien, le stage d'initiation Parelli me plaît beaucoup. On rentre à la pension et je m'inscris à un autre stage chez Anna, stage plage cette fois. Sauf que, le jour J, impossible d'embarquer Falcon, qui a pourtant embarqué parfaitement les fois précédentes. Au bout de 45 minutes, j'appelle Anna, en pleurs, lui disant que Falcon n'a toujours pas embarqué, je sais plus quoi faire. Je vous passe mon père qui était avec moi et qui s'énervait sur Falcon et moi car j'arrivais pas à le faire monter dans le van (ça fait du bien d'être soutenue). Elle me dit de me mettre assise dans le van, avec des carottes et d'attendre. 15 minutes plus tard, il est dedans. La matinée du stage se passe bien, on embarque l'aprèm pour se rendre à la plage. Falcon est dans un camion avec un autre cheval. Même pas 100 mètres de fait que Falcon se coince l'antérieur au niveau de là où il passe sa tête dans le camion. Deuxième vague émotionnelle pour ma part, je décide d'arrêter là, je le laisse à la pension chez Anna tandis que les autres vont à la plage. Retour à la pension le soir, Chloé est là, elle m'aide à doucher Falcon (blessure sans gravité à l'antérieur) mais il bouge et là la mère de Chloé qui lui hurle dessus, moi à côté, spectatrice.
Ce soir-là, ma décision est prise. Je mets Falcon chez Anna, je trouve sa méthode 100x mieux que de hurler "si tu bouges je te tue" à un cheval. Je veux récupérer MON cheval, bordel.
Inutile de vous dire que l'annoncer à Chloé n'a pas été facile. Elle insiste en me proposant de travailler Falcon et de me laisser monter son cheval quand je veux en échange, mais je tiens bon et refuse. Et, croyez-moi, quand on a 17 ans, qu'à la maison c'est déjà pas la joie, qu'au cheval non plus, qu'on se sent nulle, qu'on voit un échec en regardant son cheval et qu'on doit dire non à quelqu'un qui nous a aidé comme elle l'a fait, c'était tout sauf facile.
En mai 2018, je pars sans respecter le préavis (décidément), et j'arrive chez Anna. Je crois que ça a été la meilleure décision de ma vie. On attend septembre pour le débourrage, qui dure 2 mois (soit c'était 2 mois avec 3 séances /semaine, soit 1 mois avec 5 séances /semaine). Et, ça s'étale même sur novembre donc vraiment pas intensif. Je suis devenue adepte de Parelli, même si certains critiquent cette méthode, je sais bien.
Voilà comment le rêve s'est transformé en cauchemar (que quelques mois, heureusement !).
Je reste "hantée" par cette expérience, pas traumatisée car c'est un peu fort, mais je m'en veux encore aujourd'hui. Je culpabilise encore, j'aurai aimé que quelqu'un me sorte de ce cercle vicieux qui aura duré quelques mois quand même. J'aurai aimé pouvoir stopper tout ça plus vite, dire non. Enfin, déjà j'aurai aimé que mon prof western ne m'encourage pas à le travailler aussi tôt, j'aurai aimé que le gérant de la deuxième pension respecte sa part du contrat et j'aurai aimé qu'au lieu de me dire ce que je dois faire "débourrer, pas débourrer", on m'explique les choses et qu'on me demande ce que, moi, je veux vraiment.
En même temps, j'étais aussi l'exemple parfait de l'adolescente cavalière de club (donc à part monter un cheval déjà bien mis, je savais quedal), mal entourée, dont les parents n'y connaissaient rien du tout, avec un poulain. Si ça c'était pas le combo parfait
Voilà voilà, j'avais besoin que ça sorte, même si je me sens pas mieux.