A la base on demandait aux cavaliers de descendre leurs talons car les premiers temps de l’apprentissage, par réflexe, le cavalier a tendance à se recroqueviller. Ce qui lui fait arrondir son dos, se pencher en avant, serrer et remonter ses genoux et donc remonter aussi ses talons. C’est le vieux réflexe de la recherche d’une position fœtale de mise en sécurité.
Les indications basiques données aux cavaliers étaient donc : redresse-toi, mets tes épaules en arrière, desserre tes genoux, descends tes talons…
Le souci c’est qu’au fil du temps cette litanie est répétée par des générations d’enseignants, des générations de cavaliers à qui on l’a dit et redit, mais qu’au final, les causes de ces injonctions, leurs objectifs et surtout le modèle de réussite à viser ont été oubliés en route…
Il arrive un moment où il faut cesser de se redresser et de mettre les épaules en arrière. C’est le moment où le cavalier à retrouver un buste droit, où il a apprivoisé les angoisses d’être à cheval. Dès qu’on passe en arrière de son assise, on reproduit un déséquilibre.
Il faut aussi arrêter de desserrer les genoux. C’est au moment où le cavalier a réussi à s’assoir sans crainte dans sa selle, où il repose stablement, il est familiarisé avec les mouvements du cheval, il commencer à pouvoir les accompagner sans être déséquilibré. Il peut alors décontracter sa jambe, qui peut alors « descendre » (ce qui est différent de l’allonger…).
Puisqu’il est parvenu à se décontracter et à comprendre que son équilibre premier à cheval commence par la gestion de son bassin et de son dos (et non en s’agrippant avec ses jambes et ses mains sous la dictature de son âme de primate), alors le pied repose souplement sur l’étrier, sans tension, sans crispation, sans blocage des articulations ou contractions musculaires inutiles.
Tout cela demande déjà énormément de travail.
Descendre la jambe c’est plutôt accepter…. la gravité terrestre. Je rejoins tout à fait l’idée que la descente c’est de la décontraction. Les jambes de chaque côté, de par leur seul poids, font office de poids/contrepoids dans la gestion de l’équilibre du tronc. La dynamique musculaire et la souplesse articulaire des jambes sont mises au service du suivi du mouvement, du dosage du mouvement, de son orientation, au même titre que le dos et l’assiette, en agissant de façon indicative pour le cheval. Pour moi, l’exemple extrême pour imaginer le rôle des jambes et celui du tronc, c’est l’observation des cavaliers paraplégiques comme Bernard Sachsé …
On mesure combien finalement la recentration des aides et la maitrise du tronc suffisent pour tenir à cheval et le mener comme on le désire. La selle encadrante du bassin venant uniquement compenser l’absence de tonicité du bas du corps, il me semble. Pour moi, preuve est faite que la jambe n’est pas au cœur de l’équitation même si elle en est un élément important.
Un autre aspect du problème du talon descendu est celui de la proprioception et des informations reçues par l’oreille interne du cavalier. L’humain est un bipède et ses pieds stables sur le sol déterminent la maitrise de son propre équilibre.
Dès qu’il perd ses appuis, il cherche des compensations avec des postures et des mouvements de sauvegarde. C’est tout à fait naturel. L’étrier est une balançoire. Donc, très logiquement, pour envoyer au cerveau une information proprioceptive rassurante, stable, il faut que le poids soit sur la partie en dur de l’étrier et non dans le vide et que le pied se rapproche de l’horizontalité. L’étrier a été inventé pour que le cavalier puisse s’appuyer dessus et non en faire une balançoire de pied.
Enfin, les appuis doivent être sous le centre de gravité du cavalier. Quelle que soit la longueur des étrivières, l’activité pratiquée. Si le cavalier est en équilibre sur ses étriers, ses pieds doivent être sous son centre de gravité ; si le cavalier est assis, ses pieds et son point d’assise sont sous son centre de gravité. Son tronc bascule, devant/derrière pour le galop, les sauts, plus ou moins, mais hanches, genoux et chevilles par leur mobilité, vont se plier pour que le corps du cavalier soit toujours bien reparti de part et d’autre des appuis. Il faut donc que le jeu des articulations soient garanti. Les bloquer nuit à l’ensemble.
Les règles de gestion de l’équilibre sont complétées par un entrainement de la gestion du déséquilibre. Lorsque le cheval fait des écarts, des piles, qu’il se cabre, trébuche, etc… toutes les réponses du cavalier (inconscientes ou réfléchies) auront pour but de limiter la perte de ses appuis et/ou de les rétablir sous son centre de gravité instantanément.
L’expérience et le travail sur sa position permet d’enclencher des réflexes « acquis » pour cela et éviter de plus en plus les chutes et la perte du contrôle du cheval.
teamepr Pour toutes ces raisons, je trouve que …finalement … c’est plutôt bien de ne pas réussir à descendre exagérément les talons, et que l’objectif d’un pied plutôt à l’horizontal mais surtout avec une jambe décontractée est le plus important. Prend le temps de comprendre comme ton bassin est positionné, comment il fonctionne, comme est ton dos. Vérifies que ta jambe repose sur son plat interne et tombe relativement à l'aplomb de ton assise. Ne cherche pas à avoir un talon plus bas que l'épaisseur du plancher de ton étrier, cherche plutôt à avoir une jambe décontractée
