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Pas convaincue par le "vrai" pied nu
Posté le 17/03/2019 à 11h48
Bonjour,
Je te fais un CC du post que j'avais mis sur FB dans un groupe de chevaux de concours pieds nus, si ça peut t'apporter un éclairage sur le pied nus ;) Post qui date du 28/11/2018 donc dates et délais à mettre à jour ^^
Bonjour,
Ça fait un certain temps que je suis le groupe, je prends enfin le temps de venir faire les présentations : Hélène, propriétaire d'une jolie poupette de 11 ans, pieds nus depuis presque 4 mois.
En réalité, pieds nus derrière depuis longtemps car mademoiselle n'est pas très aimable avec ses congénères ^^ et pieds nus de devant depuis presque 4 mois donc !
Pour la petite histoire, je l'ai achetée à 4 ans, pour du CSO, à son éleveur qui ne s'était jamais soucié de la faire ferrer. Elle est arrivée chez le pro qui s'est occupé de son débourrage et hop ! deux chaussures à l'avant :/
Quand je l'ai récupérée, elle était donc ferrée de devant, j'ai fait ferrer de derrière par habitude et assez vite déferrer les postérieurs à cause de son côté chipie avec les autres :p
C'est une jument avec beaucoup de sang et d'influx, les débuts ont été difficiles, j'ai mis ça sur le compte de sa jeunesse et de son sang.
Je suis sortie en concours mais c'était vraiment compliqué, jument très chaude, que j'avais du mal à contrôler, très souvent à sauter en l'air...
Puis petit à petit, alors qu'elle prenait de l'âge et aurais donc du se calmer, les choses se sont compliquées : pas stable sur le mors, elle encensait beaucoup, toujours aussi "électrique" à sauter en l'air, chargeait ses barres, me plantait dans les combinaisons...
A la fin de sa période ferrée, vers ses 10-11 ans, jument pas symétrique, elle se pendait sur ma rêne gauche, me sortait des lignes et des combinaisons, impossible de tourner à droite sur un parcours sans qu'elle rétive (coups de cul, arrêt...). Puis pour finir, la trouvant irrégulière, je vais voir un premier véto qui me sort "Naviculaire" comme diagnostique...
Pas convaincue, je finis par me décider à faire venir LE spécialiste du coin en locomoteur, le docteur Stockwell. Il m'annonce une jument boiteuse grade 2/5 et après radios de l'AG, m'annonce un angle palmaire négatif : pied plat, pas de talon, P3 a basculé vers l'arrière.
Il a été très franc sur le sujet et me dit qu'il faut régler ce souci mais qu'il ne sait pas vraiment comment faire, à voir avec mon maréchal.
Mon maréchal vient, nous en discutons, nous partons sur une ferrure à plaques compensées (plus hautes en talon). La jument ne boite plus, un temps seulement. L'irrégularité reste, elle se met à trébucher puis pose de plus en plus ses antérieurs en ciseaux et finit par poser l'AG de plus en plus souvent en pince (comme une ballerine sur ses pointes).
Nous passons à une ferrure simple, retour chez le docteur Stockwell, elle est boiteuse grade 1/5, à l'écho lésions tendineuses sur l'AG et ligamentaires sur les 2 antérieurs, à la radio P3 est toujours basculée.
Nous discutons longuement, il me dit très honnêtement savoir comment soigner, par des ferrures spécialisées, les lésions tendineuses et ligamentaires mais qu'il ne sait pas comment résoudre ce problème de bascule de P3. Et là, me reviennent en tête les nombreuses lectures que j'ai pu faire sur le pied nu sur Internet. Je lui demande "Et déferrer alors ?", avec peu d'espoir d'avoir une réponse enthousiaste. Contre toute attente, il me dit "Pourquoi pas, ça permettrait en effet de relancer la pompe du pied, de revasculariser les tissus mous du pied et de remettre P3 à sa place". Il me conseille de déferrer ET de faire parer très court, à la limite du sang (la jument est à ce moment là au pré H24 en Normandie), pour sur-stimuler le pied.
Elle est donc déferrée le 08/08/18, parée à la limite du sang (on voyait la corne devenir rosée sous la râpe). Forcément, elle était franchement inconfortable. Elle a eu droit à une cure de chrysantellum (La boutique de l'Arbalou), sur conseil de ma coach, pour activer la micro-circulation. Mais la gêne disparaissait vraiment vite. Dix jours plus tard, je faisais 40 minutes de pas sur le bitume. Nous avons repris une activité normale petit à petit.
Aujourd'hui, j'ai une jument droite sur ses deux rênes, symétrique, allante, à l'écoute, qui a arrêté d'encenser, qui retrouve petit à petit des allures amples et surtout, posée, calme, sereine. Je suis retournée en concours dimanche dernier, en dressage car après un peu plus de deux ans sans concours et avec son émotivité malgré tout toujours présente, je ne voulais pas lui imposer une ambiance CSO et de toute façon, il est à mon sens encore un peu tôt pour retourner sur les terrains de CSO amateurs. J'ai déroulé sur une girafe tellement elle n'avait pas assez de ses yeux pour tout regarder mais elle est restée calme, zen, concentrée, connectée et à l'écoute. J'ai ENFIN réussi à passer mes deux contre changements de main au galop sans qu'elle se braque, se fâche ou change de pied, ce qui était impossible avant, le tout en Beris tout simple.
A l'obstacle, j'ai une jument qui revient dans ses lignes, n'enlève plus une foulée partout mais est même capable d'en ajouter une et aujourd'hui, on a retravaillé sur un double à deux foulées, deux droits à 70 cm, qu'elle a parfaitement passé : plus de sortie en quart de tour entre le A et le B, deux foulées respectées à chaque fois, aussi bien en montant qu'en descendant, elle a été parfaite (moi beaucoup moins !).
C'est un réel soulagement de la voir et de la sentir aussi bien et je me dis qu'elle a quand même une sacrée capacité de résilience pour ne pas m'en tenir rigueur après tant d'années de douleur muette et incomprise. Je m'en veux tellement, si j'avais compris plus vite que je n'aurais moi-même pas supporté d'aller bosser avec des chaussures trop petites, trop rigides ou avec un caillou dedans, je me dis que je lui aurais évité ça... Je n'accepte déjà pas d'aller travailler en talons, c'est trop inconfortable !
Aujourd'hui, je me vois de nouveau retourner en CSO avec plaisir, sans cette boule au ventre à cause de son comportement incertain, sans cette certitude de me faire sortir des combinaisons qui ne me faisait choisir que des spéciales à difficulté progressive (bah oui, 10 obstacles simples sans combinaisons ;) ).
Pour info, ma podologue passe la parer toutes les 6 semaines ou 6 semaines et demi, et encore, sa corne pousse à une vitesse exponentielle, je crois qu'il va falloir qu'elle passe encore plus souvent ! Je refuse de toucher à ses pieds, c'est pas mon boulot, je laisse une pro le faire. J'ai juste acheté une mini rape chez Kramer pour les petits éclats en bas de paroi. Et sinon, je sors ma jument 5*semaine + marcheur 4*semaine, surtout sols souples (manège et carrière). En revanche, le sol du marcheur est dur. Aucune gêne sur sol dur irrégulier.
Le véto l'a revu fin janvier, il a juste halluciné de son évolution, il ne pensait pas ça possible. Pourtant, il en voit du cheval pour du locomoteur, il suit de grosses écuries de courses et CSO dont Pénélope Leprévost. Il n'a vu aucun inconvénient à ce qu'elle reste pieds nus.
Et pour l'entretien des pieds, l'hiver au box c'est graisse + huile de cade sous les pieds et graisse blonde en paroi (graisses K. Bacon) à chaque fois que je viens, sur pied ultra propre, pour préserver le pied de l'acidité du box (sans compter le fait que je retire les crottins et plaques d'urine de la paille à chaque fois que je viens). L'été, au pré, juste pieds très propres. Je suis maniaque de l'entretien des pieds !
Et s'il y a bien un truc que j'ai remarqué, c'est que le pied nu demande bien plus d'entretien que le pied ferré au niveau hygiène, parage... Mais ça en vaut franchement la peine pour ma jument !