La culture du viol, féminisme !?

C'est un sujet qui m'intéresse beaucoup depuis quelques années et qui me questionne beaucoup quand à ma propre représentation du viol.
Si on est tous d'accord pour dire que le viol c'est mal, la frontière entre viol et consentement est souvent tenue.

Je me souviens d'un témoignage vibrant d'un jeune homme qui s'est rendu compte qu'il était un violeur sans même le vouloir. Pas parce qu'il se cachait dans les parkings sombres le soir pour agresser des inconnus mais simplement parce qu'il se demande aujourd'hui si toutes ses conquêtes étaient parfaitement consentantes: Celle qui avait du oui car il avait insisté, celle à qui il n'avait pas demandé son avis pour certaines pratiques, celle qui c'était laissé faire mais qui n'avait jamais clairement dit "oui" et dont il avait pris le mutisme pour de la timidité.

Une enquête réalisée par l'IPSOS sur "les représentations ds français sur le viol et les violences sexuelles". On peut répondre soit même au questionnaire et c'est très instructif.
Je me pensais plutôt au fait de ces sujets là et je me rends compte que pas du tout : J'ai tendance à rendre la victime en partie coupable.

https://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/campagne2019/2019-Rapport-d-enquete-IPSOS-site.pdf

joual




Oui et cette frontière pourrait être le désir. Antastesia le dit parfaitement dans sa vidéo : le consentement s'exprime positivement à travers le silence, le mutisme, l'acceptation, le laisser faire mais rarement par un OUI strict. Et donc le consentement c'est assez bancal comme limite. La limite peut parfaitement être donnée par le désir. On consent à avoir un rapport par faiblesse, par peur, par timidité, par "lâcher prise" mais le désire t'on vraiment ?! Et à quel point le désir t'on ?

Une vidéo intéressante aussi sur KOMBINI d'une femme qui a travaillé deux ans et demi comme tepu (désolé du terme c'est pour éviter la sencure) dans un "bordel" en Allemagne. Et elle dit qu'elle adorait ça, qu'elle pouvait exprimer sa féminité et vivre parfaitement et même, du coup, répondre à ses "besoins sexuels". Qu'elle gagnait 55% et que les 45% allaient à la "boîte". Qu'elle était contente car nourrit logée blanchie et qu'elle n'avait pas besoin de faire le sale boulot de racolage. Que c'était du coup tout confort...

Les prostituée dans ka rue le veulent elles vraiment ? Et dans les bordels ? On devrait trouver ça normal ?

Tu peux dire prostituée, ce n'est pas une insulte :)

[Je ne suis absolument pas abolitionniste de mon côté, je soutiens les TdS et je considère que cela peut être un métier comme un autre]


Je parle énormément de la culture du viol avec mes copines.
Et je suis choquée, terriblement choquée par la banalité des violences sexuelles. Moi-même, j'ai souvent couché juste pour faire plaisir à l'autre, sans que j'en ai la moindre envie. J'ai plein de potes que j'aime beaucoup mais avec qui je ne laisserais jamais une jeune fille seule car ils sont très pressants et tenteront de convaincre à mort pour qu'on couche avec eux.

Depuis que j'ai des relations intimes avec des femmes et plus seulement avec des hommes, je me rends d'autant plus compte que cela. En fait ... Je trouve ça dingue que les hommes (blablabla, #NotAllMen oui oui on sait) ne sachent pas mieux décrypter le langage corporel.
Si je pose ma main sur la cuisse de ma compagne et qu'elle ne réagit pas (pas de sourire, pas de regard, pas de prise de ma main), pour moi très clairement c'est un bon stop que je viens de me prendre. Donc je la retire, tout bêtement. Aux hommes auxquels j'ai parlé, ils étaient "Bah non, si c'est ta copine, c'est forcément OK !". Heu non.
Ce n'est pas parce que j'adore les frites que je souhaite en manger tout le temps, c'est pareil avec le couple, ce n'est pas parce qu'on s'aime/aime le cul, qu'on en veut tout le temps.

Au sein du couple, il y a énormément de rapports qu'on pourrait qualifier de viols conjugaux en réalité. Du moins, dans mon entourage large, c'est clairement le cas.


La culture du viol, c'est en effet comme tu le soulignes dans ton message initial, le fait de se permettre de juger les femmes dans la rue (t'es belle, charmante, moche, j'adore ta robe etc) alors que c'est juste inadmissible. Les hommes seraient très mal à l'aise si on faisait de même, plusieurs vidéos ont été tournées d'ailleurs où une femme inversait les rôles et les mecs se sentaient grave mal.

Ce qui est "marrant", c'est qu'à chaque fois que j'en parle avec un mec, ça finit par un "Non, mais c'est compliqué quand même". Et chaque fois que je rapporte cette phrase aux copines, elles ouvrent des grands yeux "Bah non, ce n'est PAS compliqué"

Le souci, c'est que dès le début, notre éducation nous genre beaucoup : on tolère qu'un p'tit mec gueule et s'énerve car "c'est un homme" alors que chez une fille, c'est vite réprimé. Quand les femmes ont une grande gueule, c'est vulgaire alors que chez un homme c'est plutôt valorisé. Suffit de voir le mansplaining au sein des entreprises ou dans les conversations de manière générale.


Selon les statistiques de la permanence téléphonique nationale Viols Femmes Informations :
74 % des viols sont commis par une personne connue de la victime ;
25 % des viols sont commis par un membre de la famille ;
57 % des viols sont commis sur des personnes mineures (filles et garçons) ;
49 % des viols sont commis sans aucune violence physique

Donc clairement, ce n'est pas seulement le cliché du mec seul avec un couteau dans une ruelle sombre !
Il est grandement nécessaire d'éduquer tout le monde au respect du consentement, même si cela peut varier selon les personnes.


Edit : fautes

tartine88
Dans les émissions de Les Pieds sur Terre, y'a eu pas mal de témoignages de prostituées passionants si jamais ça t'intéresse ! Comme celui-ci par exemple

De mon côté, comme pour moi l'acte sexuel est loin d'être un truc super important et intime (j'ai beaucoup de recul sur cet acte qui ne me paraît pas incroyable), je me suis toujours dit que si j'étais en grosses galères financières, je préférais me tourner vers ce métier où tu peux ne faire que quelques heures par semaine plutôt que sur un taf en usine sous 40° l'été à charger des palettes en me pétant le dos 39h/semaine, tu vois.

Et j'ai lu "La culture du viol à la Française - Du troussage de domestique à la liberté d'importuner" de Valérie Rey-Robert y'a quelques mois, c'est top. C'est l'autrice du blog Crêpe Georgette :)

Tout à fait d'accord avec alecto !

Et je n'en peux plus des hommes qui te disent " oui mais on ne peut plus rien faire, on ne peut plus draguer " ou le " si on drague une fille elle peut nous accuser de harcèlement ou de viol ".

Comme si c'était compliqué de différencier drague et harcèlement. Et comme si c'était si simple pour une femme de porter plainte et que ça aboutissait à chaque fois.

On est dans une société patriarcale et les hommes prennent peu de recul sur leur comportement.

Le viol conjugual c'est tellement triste. Quel plaisir quand tu dois insister pour avoir un rapport franchement ça me dépasse.

Et je trouve que beaucoup de femmes ont intériorisé cette société patriarcale et sont bien dures aussi envers les autres femmes.


Après la seule situation de doute pour moi pour le viol / consentement c'est si par ex avec mon copain on est bourrés tous les deux. On a envie tous les deux on couche ensemble, mais au final aucun des deux n'était vraiment en mesure d'exprimer pleinement son consentement.

alecto

Je ne dit pas que ce terme est une insulte mais je ne sais pas quels termes sont acceptés ou non sur le forum (déjà mon sujet est limité au vu des jeunes qui y sont non ?!)

Je suis triste de lire que toi aussi, comme beaucoup de notre entourage, tu as été dans ce cas de figure : je couche pour luu faire plaisir parce que si non, il va être relou.

Aujourd'hui j'accepte plutôt bien (est ce malheureux ?!) ce sentiment d'être violée. Je vis avec. Mais cela a engendré que je ne désir plus du tout ou très peu l'homme que j'aime, justement parce que je sens que les rapports sont forcés. Simulés. C'est quand même triste.

En tout cas ce que tu exprimes c'est exactement ce qu'est la culture du viol. Et ça implique vraiment mon exemple de la robe.

J'ai hâte de pouvoir lire ce livre sur la culture du cio' a la française. J'ai ou le feuilleté mais sans plus.

tartine88
Câlin ma belle
C'est trop ça, coucher pour ne pas qu'il soit relou. Je n'ai JAMAIS eu ce type de pensées avec les femmes, jamais. Et c'est toujours dans un immense respect quand on y arrive ...

Oui, avec les termes forcément utilisés, ton sujet sera peut-être déplacé chez les Adultes. On verra

Franchement, c'est à livre à filer à toutes et surtout à tous, il est hyper synthétique et clair !

Par rapport à la prostitution malheureusement je serais abolitionniste. J'aurais tendance à l'être mais je ne le suis pas. Le problème encore une fois c'est que dans une société comme la notre, tu ne peux pas juste te permettre de mettre des fleurs sur la chaîne pour faire jolie et camoufler. La chaîne, faut la briser si non, ça reste malsain, mensongé et très pervers. La prostition ne doit pas être une solution à la phrase "la femme dispose librement de son corps". Je peux comprendre que certaines filles acceptent ça. Moi aussi, j'y ai déjà pensé il y a quelques années quand j'étais étudiante et dans une dèche pas possible. Ça où l'usine.autang mêler l'utile à l'agréable... Mais ce n'est pas agréable. Je crois pas. Je crois qui' faut vraiment sauver les femmes de ce système qui banalisé la sexualité payable des corps.

C'était clairement mon cas ... Même maintenant je dois me battre contre certaines de mes idées !

alecto clairement, je crois qu'on y est confronté depuis toujours donc bien entendu qu'on intériorisée et qu'on banalise. On fini nous même par trouver cela normal.

Par conte je n'ai pas accès au forum adulte MALGRÉ mes multiples demandes. Je fais comment dans ce cas là ??

Après je pense aussi qu'il faut réussir à leur rentrer dedans en mode " je t'ai dis non, arrête d'insister c'est relou ". Il se passe quoi ? Il va bouder et voilà. Mais perso un mec qui fait ça je pourrais avoir la conversation une fois, pas deux,.et ça me casserait les pieds qu'ils soient pas arrivés à ce raisonnement tout seul ou qu'il s'en fiche.

Attention je ne veux pas faire de victim shaming non plus, évidemment c'est la personne qui fait ça qui est en cause, à 100%. Mais moi maintenant je rentre dans le tas, que ce soit des petites remarques en.passant ou du harcèlement de rue, à condition que la situation ne me mette pas en danger outre mesure.

J'ai regardé vite fait la vidéo de demos kratos, j'aime pas. Il se pose un peu en héros, le mec bien qui réfléchit à ses actes etc, mais aucune excuse aux filles qui ne consentaient pas à un rapport avec luiet l'ont fait pour s'épargner une scène ou une dispute.

Toutes mes connaissances féministes sur Insta disent en boucle depuis ce matin exactement ce que tu dis, elles déconseillent d'aller voir, ça fait de la pub pour un message méga craignos.
Et comme d'hab', ça fait juste mille ans que les femmes en parlent mais non, faut que ce soit un mec qui le dise pour qu'il y ait un impact

Mais tellement ! Comme les vidéos de mecs qui se deguisent en femme et découvrent le harcèlement. Alors oui c'est pedagogique blabla mais mince,.en quoi la parole d'une femme, première concernée sur le sujet est moins valable ?! Pourquoi il faut que ça soit validé par un homme pour que " ah bah oui elles avaient raison ".
On est adultes normalement on a dépassé le stade de mettre sa main sur la flamme pour voir si ça brûle vraiment...