Pour réagir au message très intéressant de
klavel concernant tout ce qui touche à la pureté militante ou du militantisme tout court ... je ne suis vraiment pas bonne élève.
Je me retiens d'écrire plein de trucs ici car, comme je ne réagis pas comme "une féministe" devrait réagir (remettre la personne à sa place, éduquer, ne pas rire, expliquer, ne pas en rajouter etc), je sais que je vais être clashée.
J'ai un vieil humour graveleux et pourri, j'adore les blagues de cul, j'aime être regardée/draguée la plupart du temps, je vis ultra bien d'être la seule femme sur le chantier et je suis très favorisée au quotidien par mon genre.
Je suis féministe car je vis ma vie comme je l'entends et je suis grande gueule, capable d'engueuler les gars sans avoir peur. Je m'habille comme je veux, partout, j'ai jamais eu peur de sortir seule, le soir, le matin ou la nuit. Je n'ai jamais ressenti de pression concernant le maquillage ou les vêtements, je ne m'épile que rarement (là j'ai les jambes épilées, les aisselles poilues et le pubis n'en parlons pas) et ... les seules remarques que j'ai dessus viennent de quelques femmes (coucou maman). J'ai été violée sans ressentir spécialement de soucis derrière, ça ne m'a pas perturbée plus que ça car j'avais totalement dissocié mon corps et ma tête depuis déjà belle lurette ("merci" l'anorexie).
On parle sans cesse de mon physique sur le chantier et on évoque même la vie sexuelle de mon couple ... honnêtement ça me fait marrer voire plaisir et si j'en ai marre ma tronche est suffisamment explicite et c'est museau pour tout le monde.
Mais contrairement au monsieur qui nous expliquait comment il fallait ressentir nos émotions (L.O.L) ... ce n'est pas parce que MOI je ne vis pas ce que beaucoup de femmes vivent que je le nie. J'ai totalement conscience d'être favorisée par ma classe sociale, ma nationalité, le fait d'être valide etc.
Je soutiens à 100% toutes les personnes victimes de violences sexistes ou sexuelles.
Dans mon bureau, ça critique beaucoup les femmes qui portent plainte pour viol ("elles font ça pour gagner un peu de sous, c'est tout !") et je m'oblige toujours à intervenir pour donner des chiffres et des explications même si ça me gave et que ça plombe l'ambiance.
Néanmoins, je ne suis pas courageuse. C'est comme pour le reste : je suis écolo, je suis végane, je mène mes petites actions mais ... objectivement je suis froussarde dans le sens ou, par peur du conflit et par flemme, je vais souvent choisir le silence plutôt que le débat. Je suis Ok pour débattre seulement lorsqu'on n'est moins de trois personnes. Au-delà ce n'est jamais la peine, l'effet de meute joue trop.
J'sais pas trop si ce pavé a du sens, pardon