De retour, again.
Je ne sais plus qui parlait des événements non-mixtes. À titre personnel, je suis pour, toute proportion gardée... Sans trop m'étaler, je trouve apaisant et reposant d'être dans un cadre où je sais que je vais partager des expériences communes avec d'autres. Comme un club littéraire, quoi. Si le thème est Shakespeare, il y aura des fans des Shakespeare et des curieux qui veulent en savoir plus sur Shakespeare... Mais on a peu de chance de voir quelqu'un qui ne lit pas et n'aime pas les adaptations d'œuvres de Shakespeare. C'est sympa, on discute de Shakespeare, d'autres auteurs dans la même veine et tout le monde rentre chez soi.
Les clubs de lecture ne sont pas vraiment un problème. Le seul soucis que je peux y voir, et auquel je fais attention, c'est de ne pas m'enfermer. Ni avec uniquement des fans de Shakespeare ou de littérature, ni avec uniquement des féministes queer... Le monde est trop plein de nuances et de découvertes possibles pour que j'ai envie de vivre en cercle fermé. Néanmoins, de temps en temps, c'est très apaisant et une vraie émulation intellectuelle ou émotionnelle, pour moi, que d'aller dans un cercle spécialisé.
Si j'ai envie de parler de sujets de fonds sur le féminisme avec d'autres féministes, je n'ai pas le temps ni l'envie de devoir sortir 150 études pour que la seule personne venu mettre le bazar accepte de laisser les passionnés parler. Il y a un temps pour l'émulation intellectuelle et un temps pour l'éducation. Mais pour moi, ces deux ne peuvent pas aller l'un sans l'autre. Parler féminisme entre féministes et seulement ainsi c'est me couper d'une grande partie de la population, qui n'est pas forcément opposée au féminisme, qui a pourtant beaucoup à m'apporter. Et si personne ne se décide à prendre en charge le versant "communication" entre un cercle (littéraire ou féministe) et la population générale, je pense que c'est une perte. Et aussi, une façon involontaire d'exclure des personnes qui se connaissent pas bien Shakespeare ou le féminisme alors qu'elles pourraient être intéressées.
Je connais plein de gens qui ne se disent pas féministes mais qui savent super bien réagir à un récit de violence, qui encouragent les femmes à investir des voies qui leur plaisent, qui rabrouent les comportements déplacés... Dans les actes, iels sont bel et bien féministes, iels effacent les différences genrées.
Le léger (gros, en réalité) écueil que je trouve aux événements en non-mixité choisie c'est qu'ils sont... Excluants. On va, par exemple, refuser les hommes cis, dire que les hommes ne peuvent pas se dire féministes. Mais qui nous dit que ce sont des hommes cis et pas des frangines trans ou des non-binaires qui ne sont pas out, en fait ? Pareillement, je vois les canons non-binaires... Iels sont toustes été assigné "femme" et sont adrogynes, il y a très peu de personne assignées "homme" et encore moins s'iels ont un passif de mec cis. Quant aux femmes trans : ultra, ultra minoritaires. C'est un problème.
À titre personnel, je me sens autant à l'aise dans une assemblée exclusivement féminine, exclusivement masculine, mixte ou totalement queer avec deux cishet dans le fond. Bien que, inconsciemment, je finis souvent avec les meufs ou les queers. C'est différent mais pas moins bien... Quand je faisais des maraudes, j'étais la seule fille et je ne me suis jamais sentie en danger. Pendant un voyage étudiant, je partageais ma chambre d'hôtel avec un mec et zéro problèmes.
Par contre, l'expérience jouant, je vais être sur mes gardes quand je croise un groupe de mecs et que je suis seule. Je passe mais le son du casque coupé et assez éloignée, de façon à pouvoir me défendre. Je ne remercierai jamais assez :
Le groupe de mec qui me cherchait alors que j'étais seule dans un magasin (de livre pour enfant...) quand j'avais 11 ans. Je sais pas ce qu'ils me voulaient mais ils étaient bien trop motivés à me trouver.
Le mec qui a essayé de me bloquer puis de me prendre à revers puis de me poursuivre avec sa bagnole quand j'en avais 15 (heureusement pour moi, je sais courir de nuit en forêt, les voitures non). Après peut-être qu'il voulait juste du feu, hein, je sais pas.
Et quelques autres dans la même veine... je sais pas pourquoi je les attire mais je m'en passerai bien.
Et c'est sans compter tous les types chelous depuis mes 11 ans, parfois qui avaient 5 fois mon âge. Gros porc vous avez dit ? Si peu !
Je sors toujours dehors de jours comme de nuit, j'adore ça, mais clairement, je vais avoir un instant de méfiance si une voiture ralentit à mon niveau. Être sur mes gardes, c'est ce qui m'a évité de savoir ce que les autres me voulaient précisément, après tout. Si l'autre ne me veut pas de mal, comme ça arrive le plus souvent, généralement il va faire attention à ne pas empiéter sur ma bulle ou à se signaler avant. Si l'approche est dragueuse MAIS polie et respectueuse, je décommande et puis voilà.
Par contre les approches discrètes quand je suis seule en pleine nuit, j'ai pas la patience de faire un cours de "Pourquoi ça fait flipper beaucoup de femmes de faire ça" : il se fera envoyer sur les roses.
Mais j'entends que certaines n'aient juste PAS ENVIE et je me remettrai très bien de l'arrêt total des approches en pleine rue
Pour le lien féminisme / drague / séduction, j'avoue n'avoir jamais compris en quoi l'un excluait l'autre. C'est juste une façon de vivre, il y a toujours eu des séducteurices. Alors oui, si on veut chercher loin on peut dire que c'est une recherche de validation du regard masculine etc, etc... Et là, j'ai envie de dire que ça dépend. Déjà de la personne, de ce qui la motive... Et surtout que ça ne dépend pas forcément du féminisme. J'aime draguer et c'est toujours plaisant quand on me dit qu'on me trouve belle. Mais c'est totalement indépendant du reste. Je peux vivre seule et ça ne me fait clairement pas peur, je sais très bien que j'en suis capable, je ne m'oblige pas à être plus ou moins ceci ou cela en couple ou pour séduire. J'ai vécu des années célibataires et c'était très bien. J'ai rencontré mon compagnon, tout est mieux avec lui que sans, mais s'il devient horrible ou qu'on ne s'aime plus, ça va me briser le cœur mais je vais m'en remettre un jours ou l'autre. Et si c'est le risque à prendre, ça en vaut la peine.