En équitation, comme dans tous les sports, il y a des logiques de fonctionnement biomécanique. La technique s’appuie sur ces logiques biomécaniques pour optimiser la pratique. Si la technique recommandée par un enseignant va à l’encontre de la logique biomécanique, alors on peut en conclure que l’enseignant n’est pas un très bon enseignant.
Il y a toujours une part de travail sur soi pour adapter son corps à une pratique sportive mais les règles de biomécanique et de proprioception sont les mêmes pour tout le monde, quelle que soit la morphologie et en dehors, bien sûr, de toute situation particulière de handicap fonctionnel.
Pour développer son talent à cheval il faut d’abord acquérir de la stabilité. Cette stabilité permet la précision et la libération de l’esprit pour se consacrer à son équitation et son cheval plutôt qu’à s’accrocher sur son perchoir. Être stable c’est être maître de son équilibre. Et maîtriser son équilibre en étant perché sur une « chose » mouvante implique de trouver des appuis les plus fixes possible.
Pour le cavalier ces appuis sont la selle et les étriers.
Dans la selle le bassin doit reposer sur des appuis solides (ischions/périnée).
Dans les étriers aussi,le pied doit reposer sur un appui solide.
L’humain au sol trouve ses appuis sur la totalité de la plante du pied. Plus il réduit la surface d’appui du pied, plus il devient instable.
Il est plutôt illogique de faire poser les orteils sur le plancher de l’étrier d’un point de vue biomécanique. Cela créé la plus grande instabilité possible et met en forte tension les articulations des doigts de pied et la cheville qui vont se verrouiller et qui n’ont pas vocation à soutenir le poids mais à participer à la locomotion en amortissant les mouvements.
Pour être stable et rester décontracté, l’humain debout au sol est en appui sur sa plante de pied, pas sur ses orteils.
A cheval, le point d’appui le plus solide de la jambe, celui qui permet à la fois la stabilité et la libération des articulations pour qu’elles puissent se consacrer à leur rôle d’amortisseur, est bel et bien le coussinet du pied, sa partie avant la plus large et charnue, celle qui doit reposer sur le plancher de l’étrier.
Les talons ne doivent pas être descendus, le pied doit être relativement à plat. Ainsi la proprioception de l’appui est proche de celle que l’on a au sol, le cerveau peut y retrouver des repères sensoriels pour gérer l’équilibre du corps tout entier, les articulations des chevilles, des genoux et des coxo-fémorales sont libres et peuvent donc effectuer toutes les corrections de mouvements de la jambe pour s’accorder au mouvement du cheval.
Au pire, le talon descend de l’épaisseur du plancher de l’étrier mais pas au-delà sinon l'articulation de la cheville ne remplit plus ses fonctions amortissantes puisque son angle est refermé constamment.
Cette position du pied à plat et du bassin sur ischions/périnée, les deux étant alignés, c’est la position neutre, non fatiguante pour le corps et en accord avec la proprioception. Elle permet la décontraction et la stabilité. Elle autorise toutes les articulations à fonctionner sur la totalité de leurs angles, se refermant ou s'ouvrant au gré des mouvements, donc de suivre de façon optimum tous les mouvements initiés par le cheval.
Chaque fois qu’une articulation est mise en tension et verrouillée en position fermée ou ouverte, le corps se rigidifie et perd sa capacité à suivre et amortir les mouvements du cheval.
Et bien sûr cette rigidité se répercute directement dans la main du cavalier, donc dans la bouche du cheval.
Donc, en premier lieu, on met en place une position stable, neutre, proche de la nature humaine (alignement des appuis pieds/popotin, respect des bases de gestion de l’équilibre et du mouvement = proprioception), position qui permet le mouvement libre et donc de s’accorder aux mouvements du cheval. c’est l’objectif suivant : se familiariser avec les balanciers et rythmes des allures pour régler l’amorti de nos articulations. Ce qui aboutit au fameux « liant »
Selon les types de selle, donc de l’activité équestre, les alignements ne sont pas les mêmes car il y a des associations positions assises/position enlevée ou en équilibre.
Avec les selles de dressage les sièges sont au dessus des étriers au repos, avec les selles d’obstacles les étriers sont avancés par rapport au siège (car le buste est basculé vers l’avant et le posture majoritaire est en équilibre ), pour les selles mixtes le siège est avancé mais moins qu’avec les obstacles pures. Donc ceci va modifier l’alignement pieds/popotin en position assise, à ce moment, pour vérifier que la jambe n’est pas en avant, il faut regarder l’étrivière qui doit être à la verticale.
Rechercher des appuis stables et solides et des articulations qui fonctionnent librement.
Les pieds dépassent toujours de chaque côté du cheval, en revanche, il faut rabattre ses pointes de pieds vers l’intérieur pour avoir des pieds à peu près parallèle entre eux. Ceci se règle au niveau de l’articulation de la hanche et non au niveau de la cheville. Si la coxo-fémorale est bien ouverte et décontractée, la cuisse peut reposer sur son plat interne et reste du bas de la jambe se place alors correctement, le talon écarté du flanc du cheval et la pointe de pied rentrée.
Sinon, pour corriger la pointe du pied, mieux vaut écarter le talon du flanc que chercher à rentrer la pointe vers la sangle. Au moins ça corrige tout le bas de la jambe sans casser la cheville.
Tout cela nécessite bien sûr du travail et de l’attention, c’est un sport
Toutes ses règles de construction de la position du cavalier existent dans la littérature équestre depuis des siècles, savoir-faire et intuition éclairés par des explications plus scientifiques plus contemporaines.