alecto la Khmer Verte mangeuse de graines que je suis travaille et milite avec des éleveurs. J'aide même bénévolement à lever des fonds pour leurs associations de défense des zones naturelles dont ils vivent... Et j'ai des amis éleveurs. Bon après, c'est sûr, on me dira qu'ils sont trop jeunes (juste 20 à 50 ans d'exploitation), qu'ils sont pas extrémistes (à part une vague histoire de Larzac 73 et autres obscures histoires), qu'ils sont pas parfaits ou mentent (extensif sur un modèle paddock paradise et 0 déchets, régénération des terres, optimisation de la circulation de l'eau), que nos terres s'y prêtent (garrigue, 40° au soleil, les prairies normandes c'est pas chez nous), etc, etc. Bon, moi, quand je vois leur façon de travailler et d'être, vent debout contre les projets écocidaires, les monocultures, enragé face à la FNSEA et JA qu'ils considèrent comme des tueurs de paysans, j'appelle ça de la radicalité. Au sens strict : qui prend le problème à la racine. Et c'est une très belle radicalité qui fait que je serai toujours à leur côté. Je ne crois pas à un avenir sans exploitation animale, du moins pas de mon vivant. Par contre je crois en leur modèle qui a un demi-siècle, qui fait qu'ils ont une maison, des voitures, mangent à leur faim et ne sont pas assassinés de dette.
J'accepte totalement d'être taxée d'extrémiste, ou hors sol puisque ce que j'ai appris, je l'ai appris de chercheurs en agro (j'en ai quelques uns, pas des moindre, dans la famille) et de ces paysans qui ont réussi le tour de force d'améliorer leur terre. Si ce sont des extrémistes alors OK, vous me trouverez avec eux car j'estime que c'est eux qui portent les solutions et l'espoir d'un meilleur avenir pour les paysans, les populations et les sols... Un horrible monde pour les agro-industriels, à n'en pas douter
Édit :
D'ailleurs j'ai jamais vu les éleveurs autour de moi édulcorer ou maquiller d'amour le fait qu'il y avait des pertes chaque année chez les petits, ni que l'abattage c'était tuer un animal jeune et en bonne santé. Certains m'ont dit cash "Si on veut pas voir mourir les animaux, on ne devient pas éleveur" et font bien la distinction entre leurs animaux d'élevage et leurs animaux de compagnie. Ils en prennent grand soin, ont développé une panoplie de moyens pour que les animaux mangent bien, ne s'ennuient pas, soient soignés, évitent les épidémies... Tout en admettant parfaitement que le but c'est bien qu'ils finissent tués, découpés et mangés mais qu'on peut éviter la maltraitance pendant leur vie. S'ils meurent d'autre chose, le problème est clairement financier car il y a mise en danger de l'exploitation (immédiatement avec moins d'animaux envoyés à l'abattoir donc moins de revenus et à long-terme s'il y a un abattage sanitaire de masse, par exemple, ça peut tuer un élevage). Et c'est OK. Moi j'ai pas de soucis avec cette vision des choses et si je devais vivre en autarcie totale, je pense que oui, j'aurai quelques bêtes pour les manger, comme des poulets ou poissons.
Et ouais, je trouve qu'il faut une sacrée dissonance cognitive pour dire qu'on aime ses bêtes, que c'est horrible qu'elles soient mangés par un loup, un ours ou un chupacabra alors qu'elles allaient finir au couteau. Surtout qu'on n'a plus à démontrer que beaucoup d'abattoirs sont des horreurs avec des étourdissements et mises à mort ratés.
D'ailleurs on aime bien taper sur un abattage en particulier qui... a en réalité sauvé énormément de petits abattoirs communaux qui tournaient à perte et risquaient de fermer. Le plus proche de chez moi, qui est plutôt correct niveau "qualité" de la mise à mort, a été sauvé de la fermeture par les abattages rituels. La consommation de viandes paysannes étaient devenu bien trop anecdotique.
Édit 2 : s'il faut préciser, moi, je suis une énorme fragile et je n'arriverai jamais à militer et agir comme nos chers "vieux paysans" qui était clairement des énervés ! Ils referaient la même chose maintenant, sûre qu'ils se feraient chier dessus. Je suis une grosse lâche, mais oui, je les respecte pour leur engagement sans concession et pour oser rappeler comment ils ont défendu leur terre contre vents et marées... Ou plutôt contre État et armée.