gobi a écrit le 27/02/2024 à 18h25:
pourquoi est-ce moins problématique de participer à l'exploitation de l'humain (industries en tous genres, pauvreté paysanne, travail des enfants) que d'imaginer un co-travail homme/animal (parce qu'en vrai y'en a des très respectueux !) ?
Moi je voulais revenir là-dessus car c’est plus mon domaine et mon cheval de bataille que l’écologie. Je ne reviendrais pas sur le côté “exploitation humaine” car, comme le dit Klavel, les véganes, et surtout les antispécistes, sont souvent très soucieux des exploitations humaines également. Je viens expliquer pourquoi, selon la philosophie antispéciste, il n’est pas possible de travailler en partenariat avec les animaux dans les situations que tu décris.
Prenons le cas du cheval pour la traction. Pour travailler en partenariat avec lui, il faut qu’il soit d’accord, qu’il consente à l’activité demandée. Pour ce faire, il faut mettre en place des méthodes d’éducation qui permettent au cheval d’exprimer son avis. Travail au renforcement positif uniquement, start-stop button, récompenses alimentaires, outils non-coercitifs… Et un mode de vie correspondant à ses besoins biologiques fondamentaux : friends, free, food, le classique. Le problème étant qu’un petit agriculteur n’a ni le temps, ni les moyens d’attendre que le cheval soit d’accord avec le travail du jour. Parce que s’il arrive un matin et que le cheval dit “non j’ai pas envie aujourd’hui”, il ne peut pas se permettre d’annuler sa journée et d’attendre le lendemain, le surlendemain ou dans trois semaines. Parce qu’économiquement, ce n’est pas viable, il ne peut pas prendre le risque de perdre sa production parce que son cheval n’a pas envie. Donc, que fait-il ? Il le force ? Alors il n’y a plus de partenariat humain-animal. Le cheval devient un outil exploité pour le travail. On retombe dans l’exploitation animale. Il peut le forcer sans violence physique, simplement en insistant, mais le fait est que le cheval ne voulait pas, a refusé et que son refus a été bafoué.
En fait, il est extrêmement difficile, voire impossible, de travailler en partenariat avec un animal dans les conditions actuelles qui exigent un rendement de la part de l’agriculteur pour assurer sa survie. Dans un monde hypothétique dans lequel le capitalisme aurait disparu, que l’agriculteur aurait une rente assurée par sa simple existence et donc plus d’obligation de production alors, peut-être, on pourrait travailler avec le cheval comme collègue car il y aurait moins d’attente et de pression sur ses épaules. On pourrait d’ailleurs avoir plus de chevaux, pour faire un roulement, parce qu’on n’aurait pas de soucis à se faire pour les nourrir et les soigner.
J’anticipe d’ailleurs l’argument de “on est tous obligés de travailler pour gagner sa croûte donc pourquoi cela ne serait pas pareil pour le cheval ?” en disant que personnellement, je déteste l’idée d’être forcée de travailler pour vivre, que je déteste le capitalisme et que tout le monde serait plus heureux sur Terre s’il avait le choix de travailler ou de ne pas travailler. Je n’ai pas d’impact là-dessus mais j’ai la possibilité de l’épargner aux animaux donc je leur épargne. Un joli précepte qu’est le “ne fais pas aux autres ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse” haha!
L’utilisation d’engrais animal est cependant pour moi pas un problème car il est tout à fait possible d’en récolter sans exploiter d’animaux.
Voilà mon avis sur l’utilisation de l’animal dans l’agriculture
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Pour ce qui est de la pollution liée à notre consommation alimentaire, je mets quelques graphiques sourcés en vrac pour bien se représenter les échelles. Je ne cherche plus à convaincre des bienfaits d’une alimentation végétale sur l’environnement car je ne sais que ça ne fonctionne pas :
Citation :
De plus, argumenter sur la souffrance animale est plus efficace si nous voulons amener les gens vers le végétarisme ou le véganisme. Les arguments qui concernent la santé ou l’environnement sont plus utiles pour une réduction de la consommation de viande plutôt qu’une adoption d’une alimentation végétale.
Source : Bryant, C. J., Prosser, A. M. B., & Barnett, J. (2022). Going veggie : Identifying and overcoming the social and psychological barriers to veganism. Appetite, 169, 105812. https://t.co/uNiPLmRXxR




