26 j'aime
Reflexions les plus "pourries" du monde du cheval
Posté le 15/12/2022 à 21h49
girly61
Posté le 15/12/2022 à 21h49
Ce qu’il faut prendre en compte aussi, c’est ce à quoi on est habitué. Quelque soit le salaire, s’il faut faire des concessions ce sera dur. Qu’on gagne 1000€ par mois ou 4000€, si on a l’habitude de tout dépenser, quand tout augmente il faut forcément couper sur quelque chose, et ce sera dur à vivre. La différence, c’est que celui à 4000€ coupera sur ses loisirs là où celui à 1000€ coupera sur l’essentiel, donc évidemment qu’il y a un qui est mieux lotti que l’autre. Mais devoir réduire ses loisirs de force, ça reste un gros impact psychologique, parce que peut être que le loisir en question permettait de compenser un travail qui engendre beaucoup de stress (généralement le cas pour ce genre de salaire, faut pas se leurer à penser que ça vient tout seul). Et on en revient à quelque chose qui me chiffonne beaucoup : la hiérarchisation de la souffrance psychologique, le fameux « mais tu sais y a bien pire que toi ». On n’est pas moins légitime à souffrir psychologiquement de l’augmentation du coût de la vie si on gagne 4000€. Voir même, le choc peut être encore plus dur pour celui qui n’a pas l’habitude de se priver et se retrouve d’un coup à compter chaque €, que pour celui qui s’est privé toute sa vie et doit rogner encore un peu plus. Tout comme certains vont vivre des événements terribles sans que ça ne les affecte vraiment, et d’autres vont s’effondrer pour un truc qui parait insignifiant : ben personne n’est légitime à dire que le second n’a pas le droit de se sentir mal parce que le premier l’a bien pire. La souffrance, surtout psychologique, c’est très relatif.
En école d’ingé, j’avais un pote qui me rabachait « de quoi tu te plains, t’as des bonnes notes sans travailler ». Lui avait une petite amie, plein de potes, de supers relations avec ses parents, des loisirs qu’il adorait, une idée de ce qu’il voulait faire dans sa vie. Mais comme j’avais « des bonnes notes sans travailler », je n’avais selon lui pas le droit de souffrir. Et je ne dis pas que lui n’avait pas du tout le droit de souffrir de son « échec scolaire » hein ! Qui lui a finalement mieux réussi que s’il avait validé son année soit dit en passant, mais bon ça ne change rien. PERSONNE n’a le droit de dire que la souffrance d’un tel n’est pas légitime parce qu’il a ci ou ça de plus que les autres.
Oui, on a de la chance d’avoir un toit, à manger, de ne pas avoir à marcher 20km pour aller chercher de l’eau au puits. Mais en tant qu’occidentaux, on est nés avec ces privilèges. On en a l’habitude, tout comme on s’est habitué à nos loisirs et autres formes de confort. Et on a parfaitement le droit de souffrir quand on doit réduire ce confort. Là où je suis d’accord avec [pardon je ne sais plus qui c’était], c’est qu’il faut choisir un minimum à qui on en parle. Même si, ceci dit, un vrai ami devrait être capable de comprendre même si lui vit pire. Au contraire d’ailleurs, parce qu’on vit pire, on peut comprendre encore mieux ce que ressent l’autre. J’ai eu des périodes à faire des crises suicidaires quasi tous les soirs, et j’avais à côté de ça des potes qui avaient un coup de mou parce qu’ils ont eu une mauvaise note. Est ce que je leur riais au nez ? Ben non, j’étais compréhensive, je leur proposais de faire un truc pour se changer les idées etc, parce que je sais ce que c’est de souffrir, et ne pas être comprise et soutenue. Et je ne le souhaite à personne.
Je connais moins le sujet des problèmes d’argent grâce à mes parents, mais je ne trouve pas ça légitime non plus de hiérarchiser la souffrance. Pourquoi toujours se taper dessus, se considérer plus mal que le voisin et plus légitime de souffrir ? Pourquoi ne pas juste considérer que c’est un temps difficile pour tout le monde, que les « pauvres », les « moyens » et les « riches » souffrent tous et qu’on ferait mieux de s’entraider et se soutenir indépendemment de nos salaires ?