rose25 " De ce que je comprend des chevaux, tu ne peux pas contrôler la tête sans avoir le contrôle des pieds et inversement. "
En fait, si tu as la tête (mentale) tu auras tout le reste car la connexion sera établie, elle peut se créer avec diverses méthodes, douces, sans contrainte, avec la patience.
Par contre tu peux avoir les pieds sans avoir la tête... le cheval peut répondre par mécanisme, parce qu'il n'a pas le choix, c'est une grosse illusion, qui du coup, met un terme malheureusement à une réflexion autour de la communication. C'est encore une fois la méthode la plus simple : après, dans un cas extrême où on a pas le temps et mise en danger, oui, ça peut être utile, mais on est d'accord qu'on est rarement dans ces situations-là.
Par contre on peut coder un stimulus physique/oral pour retrouver la concentration/apaisement (comme chez l'humain !) Apprendre au cheval qu'en désengageant les hanches, il retrouve le calme, la sérénité, la récompense, le repos... pour effectivement, pouvoir le récupérer en cas de gros stress, ça, j'entends, c'est une bonne sécurité, mais faut-il encore renforcer ce code correctement pour créer l'apaisement et l'envie de le reproduire de soi-même (car c'est le but aussi, que le cheval reproduise ce mouvement si besoin avant la montée en pression). J'ai instauré ça aux longues-rênes par exemple, au lieu de partir en avant, je lui ai appris à reculer en cas de stress. Je lâche tout et récompense, d'autant plus qu'il se soulage de toute potentielle pression. Donc oui, avec les "pieds" on peut retrouver la tête, mais on ne peut pas obtenir la tête par les pieds...
Pour la désensibilisation : oui, elle a ses intérêts. Un cheval d'attelage, il faut le désensibiliser à avoir un truc derrière les fesses, sinon ça va être compliqué. Mais pour moi c'est à utiliser vraiment sur des cas où la curiosité / intérêt ne peut pas effacer le comportement de peur. Et surtout, la faire correctement (ne jamais aller en situation de stress ou stopper tout s'il y a du stress), pour que l'objet de la désensibilisation soit un objet "neutre" (voir parfois un peu cool quand on fait en R+) et non pas un objet "auquel je n'y peux rien"
Les chevaux sont des animaux hyper curieux, qui aiment analyser leur environnement, ça les apaise énormément. Leur apprendre à toucher, sentir, comprendre, plutôt que juste être dans une résignation acquise "quoi que je fasse, de toute manière, ça ne changera rien, alors je ne fais plus rien" (c'est souvent ça malheureusement)
Surtout que, tu peux désensibiliser à mille trucs, demain, tu croises le mille et unième, ça va poser problème ! Qu'en éduquant et encourageant la curiosité, les chevaux sont prêts à affronter les pires démons (presque) tout en étant actif dans la confrontation, avec une stimulation qui se fait aussi... donc des chevaux plus attentifs, qui observent beaucoup plus leur environnement (ça, ça peut être chiant pour certains, mais encore une fois, si on veut un machin qui avance sans bouger, on prend une mobylette) mais du coup, beaucoup mieux dans leur tête (car actif).
Et observer ne signifie pas une déconnexion, attention : un cheval peut très bien être capté par l'environnement, les bruits, et être parfaitement au travail !
Pour ce à quoi j'aspire, c'est une communication la plus saine possible au cheval et avec son accord. Je continue à évoluer, à chercher. Par exemple, je travaille en R+, mais il peut demander des bonbons quand il a envie pendant le boulot (soit code entre nous, soit un ballon qu'il va toucher). Pas de "politesse", il peut réclamer même pendant l'exercice, interrompre ce qu'il estime qui doit être récompensé par exemple, il a les pleins pouvoirs et il le sait. Même quand j'estime que ce n'est pas ce que je voulais, il est récompensé (car lui estime avoir bien fait, donc ça peut être aussi un effort qu'il a considéré difficile par exemple, donc on valide d'autant plus l'effort). Après, je l'aime bien ce cheval, car il cède pas au R+, s'il veut pas d'un truc, il s'en fiche du concept d'avoir une récompense après
Mais j'ai toujours peur de mal interpréter aussi les choses, car j'ai conscience que c'est un cheval et leur défaut, à ces merveilles de la nature, c'est d'être incroyablement généreux. Du coup je suis toujours à la recherche du moindre petit signe, je me considère comme un "inconfort" de base, les gens n'aiment pas trop quand je dis ça ("mais si tu es un inconfort, pourquoi tu as un cheval ?" parce que je suis une grosse égoïste mais qui veut l'être consciemment

). Mais en me considérant comme tel, je ne prends absolument rien pour acquis et je continue à chercher toujours le mieux pour mon garçon, mais aussi faire hyper attention à ce que je peux lui provoquer.
Et même si on va me dire "oui, mais avec ça, tu ne peux pas faire du dressage et j'en passe", j'ai parlé de bosser les CdP avec lui, ça fait quelques jours qu'à pieds il me harcèle de galop rassemblé et qu'il veut faire le huit au galop

Et moi je suis "mais noooon, au trot, au troooot" et lui il est "non, non, on galope :B"
Hier j'ai dû interrompre l'échauffement en longe car il ne voulait pas s'échauffer, il était à fond galop rassemblé (alors que tout le reste est récompensé à la même hauteur, justement pour éviter qu'il n'aille se faire mal à vouloir faire trop compliqué). Pas à froid, chaton, pas à froid. Ben on a marché dans la carrière pour ne pas insister à lui demander des allures qu'il ne voulait pas faire... (puis ça l'ennuyait, alors on a fait "mettre le cerceau sur le plot". Voilà, super échauffement.)
Beaucoup de nos exercices d'un niveau correct (pirouette au pas, appuyer, reculer en cercle par aspiration (ça, il me harcèle par contre, allô la police

), galop rassemblé) sont des exercices qu'il m'a proposé de
lui-même, souvent en accordant d'autres choses entre elles. Pourtant, ce sont des choses compliquées, mais ce n'est pas parce qu'il a l'autorisation de faire ou de ne pas faire... qu'il va au plus facile. Au contraire, il adore se complexifier les choses, et moi je suis...
Je parle de tout ça car c'est une réponse qu'on me donne souvent. "Mais du coup, tu peux pas faire grand chose avec ton poney" Mon poney en fait des caisses ! C'est moi qui n'arrive pas à suivre
Donc ça m'aide aussi à continuer à chercher, c'est sûr que j'aurias pu obtenir tout ça vingt fois plus rapidement avec de la contrainte. Mais c'est merveilleux d'obtenir tout ça justement car mon cheval l'a proposé. Ca suit aussi l'évolution de son corps : c'est un cheval qui a de l'arthrose au dos depuis très jeune, muscle fibrosé (blessure non soignée qui doit remonter à une bonne dizaine d'années), donc c'est aussi un confort qu'il puisse diriger les séances : il décide, et donc ne va pas au delà de ses capacités, et quand il se sent, il me sort des dingueries car pour lui, c'est OK. Le vétérinaire l'a vu en novembre... elle m'a demandé si j'avais déjà fait des radios car elle ne m'a pas cru pour l'arthrose.
Après, je cherche toujours à évoluer, c'est pour ça aussi que c'est difficile pour moi de trouver des choses qui me plaisent vraiment. Je prends juste l'exemple du R+ et de la règle de la politesse... ça m'échappe totalement, même si j'entends que ça peut être utile ou nécessaire sur certains chevaux, pour moi ça serait une aberration de placer ça avec mon cheval car ça ne correspond plus du tout à notre communication. Ce n'est qu'un exemple car il y a d'autres choses que je reproche un peu en R+ (les gens n'ont pas assez conscience du pouvoir qu'ils ont entre les mains, on est pas sur du consentement mais sur de l'appât en premier lieu... donc il faut être très conscient de ce que l'on fait, pourquoi on le fait, et l'impact sur le cheval), même si ça reste une méthode que j'aime beaucoup.
Disons que, si je dois vraiment donner un mot... bon, déjà, communication, mais la "psychologie" du cheval. Pas l'éthologie forcément, je ne suis pas un cheval, donc je ne peux pas communiquer cheval, même si je dois respecter aussi sa communication (donc quand je parle de ne pas toucher à la tête... mais de l'autre, c'est une aide à l'humain de communiquer avec. PUIS LES BISOUS. Donc à faire avec parcimonie, conscience, créer un maximum de confort et un minimum d'inconfort, dans le but de ne plus avoir besoin de s'en servir) on doit aussi prendre en compte qu'on est un humain parlant à un cheval, mais vraiment m'adapter à son comportement, sa manière de penser (supposée), les réactions que je peux causer, les enchaînements, et en tirer un maximum de bénéfices
pour nous deux (le fait qu'il dirige la séance tout en ayant des récompenses égales pour chaque exercice = "normalement" aucun risque de se blesser), savoir me raviser ou ne pas dépasser ce qu'il est enclin à m'offrir.
C'est plein de petites choses, qui sont souvent ignorées dès qu'on rentre dans des méthodes fonctionnelles. Mais ces méthodes efficaces, moi, elles me font super peur. Depuis que je l'ai, je fonctionne comme ça : si ça marche... c'est que c'est peut-être pas le meilleur pour mon cheval. Non pas que je cherche quelque chose qui ne fonctionne pas, mais quand ça fonctionne, il faut vraiment se questionner de ce qui rentre en action, de si c'est vraiment bon pour le cheval, si ça prend en compte tous les éléments que l'on peut avoir en main à l'instant T (on apprend et on évolue tous). Ca m'a permis d'énormément avancer, de mon côté...
Aujourd'hui, même si je fonctionne fort avec le free-shaping et le R+, je remets constamment en doute les choses, je rigole en disant qu'il adore se compliquer la vie, mais il y a une partie de moi qui se dit aussi "POURQUOI il fait ça ? Quel bien-être il y trouve ? Plaisir ? Est-ce que je suis allée trop loin ? Est-ce que je sors du chemin que je voulais prendre ? Comment je peux désamorcer ce goût de la difficulté ?"
Alors que peut-être qu'il n'y a rien à désamorcer, peut-être que le plaisir est réel, peut-être que ça répond à d'autres choses... mais même en obtenant des choses que, je considère, à mon niveau, magnifique, magique, je n'arrive pas à pleinement m'en satisfaire parce que j'ai toujours un doute qui plane, car je ne connais pas tout, mais ça me permettra, dans quelques mois, un an, peut-être de revoir complètement ma méthode car, finalement, j'aurais été dans le faux.
Actuellement, rien ne me permet de dire que je le suis, pourtant. Vraiment, j'ai une évolution qui me fait rêver avec mon cheval... Mais je dois continuer mon cheminement car je n'ai pas la réponse, et je ne l'aurai jamais. Mais je peux toujours tendre à mieux chaque jour, et continuer à chercher des brides de vérité.