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Mais qu'apprend-on aux bpjeps ?
Posté le 11/04/2011 à 23h33
C'est fort intéressant ce sujet, depuis le temps que j'entends des nostalgiques du BE!!
J'interviens en tant que titulaire du BEES 1°.
D'abord, oui l'examen du BEES était à mon sens plus difficile que celui du BP (j'ai pu suivre l'examen BP dans ma région). Plus difficile parce que construit différemment, on avait beaucoup de choses à travailler sur la théorie et à l'examen une seule question de la liste était tirée au sort. Donc, pas possible d'improviser ou de faire des impasses. De même, sur la pédagogie, on tirait au sort le sujet sur lequel on passait et on devait faire une reprise avec des cobayes (les autres élèves moniteurs), donc pareil, il fallait en avoir fait beaucoup et y avoir réfléchi pour ne pas être dans les choux. Au BP, le sujet de péda est connu à l'avance et présenté sur une reprise qu'on connait de SON club (en tout cas c'était le cas dans ma région, je crois que c'est pas pareil partout). Et sur l'équitation, aucun résultat en concours n'était demandé (contrairement à ce qui a été dit) par contre l'examen se déroulait comme un CCE avec des entretiens assez poussés après chaque épreuve. Dans le BP, l'optique est plutôt de travailler son cheval et d'inclure dans le travail certaines figures ou enchainement, avec possibilité de refaire ce qui n'allait pas. Je trouve la base de jugement du BEES plus solide.
Cela dit, si l'examen a changé, c'est aussi que les besoins ont changé: Aujourd'hui, on cherche plus des animateurs que des cavaliers pour enseigner. Toutes les personnes qui interviennent sur ce forum ont des exigences techniques (à cheval, à pied...), mais le public d'un centre équestre, c'est souvent 50% de moins de 10 ans, 30% entre 10 et 15 ans et un niveau "moyen", et 20% au delà du galop 6 (je sors ça de mon expérience pro hein, pas de stats officielles!). Ben pour 70% de l'ensemble, ce qui compte c'est plus l'animation que la technique. Apprendre, oui, mais être heureux de le faire, s'amuser, avoir envie de revenir et d'apprendre encore. Et ça, qu'on soit BE ou BP, c'est plus une question de tempérament que de technique...
Après, j'ai mon BEES mais ne prétend pas pouvoir apporter de technique au delà du galop 7. Pour moi, au delà, on a plus vraiment un boulot de moniteur mais de coach, et je milite depuis bien longtemps pour que ces deux fonctions soient séparées. Un coach peut être bon techniquement et pas parfait pédagogiquement, un moniteur se doit d'être pédagogue avant tout, même si la technique prend plus de temps. Pour ceux qui en doutent, imaginez vous devant 6 enfants de 4 ans, puis devant 12 ados qui se croient très bons et vous prennent de haut... La péda avant tout!! Mais la péda, ça s'apprend, et même si je pense que l'idée de base du BP (mettre en avant l'animation et pas la performance pure) était bonne, pour moi l'apprentissage péda et animation est trop léger. Du coup, si on grossit le trait, moins de technique et pas forcément plus de péda, ben ça donne... Pas grand chose. Si l'élève n'a pas soit la volonté soit l'encadrement pour aller plus loin que ce que demande l'examen, ça donne des moniteurs qui ne servent à rien!!
Enfin, pour aller un peu plus loin, je comprends que les moniteurs se lassent... C'est un métier passion, et quand on passe des mois ou des années à se donner à fond, qu'on y perd sa vie de famille, sa vie sociale, ses rêves de fortune, la possibilité de sortir en concours ou même juste de monter à cheval régulièrement, sa santé, y'a un moment où on en a marre. Ou alors, il faut trouver LA bonne place, où tout ça est compatible, et c'est très difficile! Le métier de moniteur, c'est de bosser tous les jours, à Noël, le jour de l'an, le 1er mai et les autres, les week ends, le soir, les vacances, qu'il pleuve, vente, fasse canicule, qu'on soit en forme ou pas, malade ou pas (dans les petites structures on se doit d'être là, j'ai déjà fait cours en béquilles pendant 1 mois et passé un mercredi accrochée au pare botte pour ne pas tomber dans les pommes!!), tout ça pour un salaire de misère et pour principalement faire monter des tout petits sur des shetlands (quelqu'un a dit qu'il faisait pareil en ayant ses chevaux chez lui. L'engagement affectif n'est pas le même, quand on est salarié). Je sais que pour les plus jeunes, ça parait rien à côté de la passion, et je l'ai fait des années en m'éclatant vraiment, mais c'est pas pour rien qu'il y a si peu de vieux moniteurs!
Enfin, tout dépend de la structure dans laquelle on bosse. J'ai pu travailler dans un club où pour les débutants, les cours duraient 1h30 et comprenaient la préparation, évidemment c'est plus simple que quand les débutants payent 1h et veulent monter 1h mais ne savent pas préparer, il faut faire un choix malheureusement, et profiter des stages pour apprendre plus de choses.
J'ai bossé dans plusieurs centre équestres en faisant mon boulot à fond, tout le monde a toujours été content de moi, mais je suis arrivée au bout de mes possibilités physiques et de ma motivation au bout de 5 ans, je laisse la place!
J'espère ne pas être trop HS avec mon pavé!!