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Corridas:avis!
Posté le 28/09/2012 à 11h02
"Le frisson de la mort...des autres
M. Leiris admet la présence en lui d’une « obscurité fangeuse » et d’une « envie de tuer, de faire du mal ». H. de Montherlant ne veut pas « être privé de la décharge nerveuse que procure la lame qui s’enfonce ». La « condition malheureuse » (Leiris) de ceux qui éprouvent une impuissance à jouir va leur faire chercher l’émotion dans les marges. La corrida offre l’illusion de transgresser les tabous fondateurs de toute civilisation, mais dans le confort de la légalité, de « rompre avec le règne de l’interdit » (V. Fauchier). On y regarde la cruauté et la mort à l’œuvre sans les éprouver sur soi-même. A cet égard, le nombre des spectateurs et le « rituel » (qui se veut initiatique) dissolvent le sentiment de culpabilité que chacun éprouverait, seul.
Perpétrer mort et souffrance, corrida après corrida, ne libère pas de l’angoisse existentielle. Jamais apaisés, Montherlant, Leiris (qui ont renié, mais trop tard , ce spectacle anxiogène) , Hemingway , Cocteau , ont fini par se suicider , tout comme un certain nombre de toreros.
« Mieux vaut tuer des animaux que des hommes », entend-on souvent. Cette fonction prétendument cathartique de la corrida ne tient pas face au réel. L’Espagne, où il ne devrait donc plus y avoir de violence, est le pays d’Europe qui affiche le nombre le plus élevé de femmes mortes sous les coups de leur conjoint, particulièrement dans le Sud ! Quant aux pays d’Amérique latine pratiquant la corrida, ils sont parmi les plus violents du monde !
Les rêves de toute puissance, les désirs sadiques, l’espoir de conjurer la mort sont sans doute constitutifs de l’imaginaire humain. Se nourrissant de ces fantasmes, la littérature, la peinture, l’art, peuvent donner des œuvres magnifiques qui enrichissent et font progresser une culture. Mais, réalisés, ils donnent des actes barbares et condamnables, dont la corrida fait partie. A une époque où le respect effectif de toutes les formes du vivant se manifeste dans une prise de conscience écologique, où les chercheurs découvrent chez l’animal des formes de culture, où l’ethnologie révèle la multiplicité des rapports possibles entre l’homme et la bête, la corrida continue de choisir la pire relation à l’animal qui soit : celle d’une domination jouissive (dans laquelle intervient fortement l’attente, voire l’espoir, de la blessure ou la mort du torero), celle d’un voyeurisme de la souffrance et de l’agonie, celle qui met un taureau dans une situation n’ayant pour lui aucun sens et à laquelle il ne peut réagir que par instinct, celle qui fait d’un animal magnifique une loque ensanglantée."
http://www.stop-corrida.info/franz/1.1.13%20L'homme%20et%20le%20taureaux%20-%20la%20corrida.html