dyville a écrit le 06/11/2012 à 10h43: |
| | Ben c'est ça que je comprend pas trop.
J'ai une connaissance dont l'utérus a lâché et ou le foetus est tombé bien avant le terme, pour dire à la limite du "vivable" en fait. 3 ou 4 mois peut-être. Je viens d'avoir une illumination, ce serait un décollement placentaire.
Alors ça a été couveuse pendant des mois pour la laisser pousser, elle ne pouvait pas trop s'en approcher et maintenant qu'elle est assez grande pour "commencer sa vie de bébé", tout va bien, elle ne pleure pas, pas d'angoisse, un ange quoi.
Mise à part le fait que cette histoire est horrible mais qu'elle se termine bien, le bébé va bien et n'est pas plus stressé que ça O.o
Comment peut-on créer un manque quand la chose qui manque n'existe pas à la base ?
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Disons qu'on peut se construire avec un manque, même inconscient. Cela n'est pas forcément dramatique. Mais, il est impossible de nier que ce manque influence, directement ou indirectement, ce que nous sommes. Une séparation prématurée, dans les exemples cités de couveuse, cela se "rattrape", cela "se comble".
Le rejet d'un parent (et pas forcément papa ou maman, cela peut aussi concerner d'autres individus : frère, soeur, grand-parent...) est plus délicat. Même si cela ne fait pas de nous un individu qui va devoir passer 30 ans de son existence à suivre une psychanalyse, cela enclenche toutefois un processus de questionnement. Qui a forcément des conséquences.
Regarde : tous les mômes assez petits dont les parents divorcent s'imaginent, à un moment, que c'est leur faute. Qu'ils sont responsables.
Chez certains, cela ne dure pas. Au bout de quelques jours, ce sentiment, cette peur, s'estompe. Chez d'autres, cela va perdurer et parfois déclencher des angoisses insoupçonnables. En fait, tout dépend de la personnalité de l'enfant, mais aussi de son entourage, de la façon dont ses parents abordent entre eux, mais aussi avec lui, cette question de divorce, etc.
De même, tous les enfants prennent un jour une certaine forme de conscience de la mort. C'est généralement autour de 5 ans. Cela les interpelle, les questionne et cette relation à la mort prend des formes très variées et variables. Chez la mienne, cela s'est traduit par des petites phrases du genre "j'aimerais bien être un caillou, parce que les cailloux, cela ne meurt pas"... Chez le fils d'une copine, c'était beaucoup plus anxiogène.
Tout cela pour dire que tout ce que nous vivons conditionne ce que nous sommes. Quelle que soit l'empreinte (lourde ou légère) que cela laisse.
Et pi, hier soir, mon pc a planté, je n'ai pas pu poster ceci (mais j'avais fait un copier/coller!), je le remets :
dyville a écrit le 05/11/2012 à 20h37: |
| | Par contre pour ce que j'ai cité, comme on me l'a fait remarqué (Nilsanna je crois), le manque de père, ça ne compte pas... |
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ça, c'est ta défense, ton armure. Je l'ai connu aussi. Après, j'ai réalisé le manque et compris les implications. Mais, mon père ne me manque pas d'un point de vue affectif. Je le hais, point. En revanche, il est impossible de nier qu'il m'ait manqué, non pas lui, en tant qu'individu propre, mais comme père. Ne serait-ce que par la relation fusionnelle construite avec ma mère qui a fini par me sauter à la gueule. Elle n'a pas admis (entre autres) que je puisse rencontrer quelqu'un avec qui construire un couple autre que celui que je formais avec elle.
Je n'ai aucune envie d'avoir le moindre contact avec mon père, mais, d'un point de vue psy, on ne peut pas dire que cela ne compte pas. Que cela nous rende plus fort ou, qu'au contraire, cela nous affaiblisse, cela a forcément des conséquences.
L'indifférence d'un être qui, au moins socialement, est censé être quelqu'un qui se préoccupe de toi, n'est pas neutre.
Mais, je suis d'accord, rien ne dit qu'on aurait été mieux avec ce père. Peut-être même que, dans certains cas, ce déni de relation a pu être une chance. Mais, là où je ne suis pas d'accord, c'est de croire que cela ne compte pas. Tout dans notre existence conditionne ce que nous sommes et comment nous effectuons nos choix. En positif ou en négatif, finalement le débat n'est pas vraiment là.