elo7 je ne crois pas que creuser la question de l'existence d'un trouble implique de devoir trancher entre "vivre avec ses particularités" et "devoir se fondre dans la masse". Enfin je pense que de toute façon, quoi qu'on en pense, on fait tous les deux. Sauf si on est mort et sauf si on ne fréquente jamais la masse d'une quelconque manière
Quand je parle de s'adapter à la vraie vie, aux gens qu'on va rencontrer etc, ce n'est pas vraiment une philosophie de vie résignée. C'est plutôt un constat pratique, qui peut en effet indigner.
Mais je sais que les avis diffèrent la dessus : c'est exactement comme la question de la tenue des femmes dans la rue, ou de l'exposition des enfants sur internet.
C'est-à-dire que dans un monde parfait, tu peux sortir habillée court, moulant, décolleté, maxi fraîche, sans te prendre la moindre remarque dans la rue. Dans un monde parfait, tu partages une photo de tes enfants et elle ne finit pas entre les mains de pédophiles ou de pédocriminels. Et dans un monde parfait, tu n'as pas à prendre sur toi pour rentrer dans le moule. La réalité est plus complexe que ça. Dans la réalité, on adapte souvent notre tenue (et ça n'empêche pas toutes les remarques), et mettre des photos de nos enfants sur internet (surtout quand on a une grosse "audience" c'est les livrer en pâture à des gens dangereux.
Sans même se poser la question d'un trouble, on éduque TOUS nos enfants à rentrer dans un moule. C'est notre moule, donc peut être qu'on croit que ce n'en est pas un, ou qu'il est plus souple, etc, parce qu'on ne touche pas les bords alors on ne le vit pas forcément comme un moule. Mais ça reste un moule. Je veux dire, les vrais marginaux restent une minorité. Tu vas avoir des excentriques, à la rigueur, mais qui seront toujours en bonne partie dans le moule. Ce moule n'est pas QUE limitateur. Il est aussi facilitateur, rassembleur. Nous sommes des êtres sociaux. À titre personnel, je rentre dans le moule, à l'exception de quelques trucs "qui ne se font pas", qui soulèvent parfois de vives réactions que je sais gérer. Personnellement c'est ca que j'essaie de reproduire pour mes enfants. Mes frères et soeurs souffrent pour certains de rentrer dans ce moule parce qu'ils n'ont pas adapté le moule. Je ne pense pas que ce soit à la société de refondre le moule de chacun mais plutôt à chacun de faire son propre moule à l'intérieur du moule de la société.
J'ajoute également que le TSA, le TDAH... Sont des handicaps. Et qu'on ne dirait pas "bah quand même c'est un peu dommage toutes ces compensations pour remplacer tes jambes! Pourquoi ne pas juste vivre comme tu es et ramper ? Le monde pourrait s'adapter au fait que tu rampes, les gens s'habitueraient et finiraient par ne plus te piétiner" À un paraplégique. Pour son propre confort, déjà. Et parce que c'est un fait, on n'est pas seuls, on vit ensemble malgré nous et on est nombreux. Ce nombre détermine une norme sur beaucoup de critères. Des normes "logiques" et des normes construites socialement et des normes qui sont un peu les deux.
Même en étant TSA et/ou TDAH on n'a pas tous les mêmes particularités. Certains ont des hyposensibilites, d'autres des hyper, d'autres encore les deux, par exemple. C'est de toute façon pas faisable, même dans un monde parfait, de faire évoluer des normes (dont on a malgré tout besoin pour savoir comment se comporter et comment ne pas se comporter, ça n'est pas qu'une histoire de faire la bise, c'est aussi de la sécurité physique par exemple) suffisamment vite et de façon suffisamment personnalisée. Littéralement impossible. En revanche, comme je le disais, on voit déjà des créneaux au supermarché sans musique etc, donc on peut imaginer que dans 5/10 ans peut être la société se sera adaptée aux traits prédominants des neuroatypies les plus fréquentes. Mais même comme ça, ce sera toujours pas adapté à mes enfants ou à l'enfant TSA du voisin ou à un grand père TDAH. Donc, de mon point de vue, ça reste mon devoir de parent d'aider mes enfants à s'adapter au monde qui les entoure. Tout comme je leur montrerais comment ne pas se manger tous les plafonds/tours de porte s'ils étaient géants, ou comment compenser leur petite taille dans un monde pensé pour les gens d'1m70. Je ne vais pas attendre que le monde s'adapte à eux, car cela n'arrivera pas. C'est à eux de prendre ce qui existe dans le monde et de se l'approprier.
melye mes enfants n'ont pas de soucis avec ces chaussons mais je les ai toujours trouves bizarrement fichus. Asymétriques dans les parties agrippantes.