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Super nanny en justice
Posté le 24/11/2016 à 11h04
malolotte Bon, j'interviens loiiiiiin après la bataille, mais après avoir hurlé, ma mère l'a envoyé dans sa chambre et lui a confisqué sa game boy, je crois. Je ne me rappelle plus très bien, nous avions respectivement 7 ans pour moi et 6 pour lui. Et il me semble qu'après il a dû aider mon père à recoller les morceaux du dessous de plat !
zaccharie.z Merci pour ces images claires et intéressantes et ton intervention intéressante !
De plus, ayant été éduquée sous un modèle éducatif mixe entre les cris et l'éducation bienveillante (mais très peu de coups, j'ai dû recevoir une baffe dans ma vie, et encore, c'était plus un soufflet, le jour où j'ai dépassé 200€ de hors forfait quand j'avais 14 ans -la joie des anciens forfaits avec les textos facturés à 0,10 cts / SMS !- et que ça avait mis ma mère hors d'elle, surtout parce qu'on venait d'acheter une nouvelle maison...), je me rends compte que j'ai eu des attitudes qui correspondent à la dernière image... Comme le mensonge pour éviter les cris et la confrontation. Par contre, c'est le seul point dans lequel je me retrouve... Peut-être en raison du fait que je n'ai jamais reçu de coups (mise à part le soufflet et une fessée quand j'étais gamine).
Après, je sais que ma mère a reçu une éducation violente moralement. Mon père, c'était plus cool, mais strict quand même. De ce fait, je pense qu'ils ont essayé de faire au mieux en voulant éviter d'être comme leurs parents, et j'ai vu la différence entre mon éducation, celle de mon second frère et de mon troisième... Ils ont clairement été trop laxistes avec le dernier, mais celui-ci a plus un esprit de rébellion que mon premier frère cadet et moi. Et surtout, il est arrivé 4 ans après moi et 3 ans après le second. Pour autant, nous sommes tout de même tous les trois bien éduqués en société, polis, courtois, agréables, sociables... Mais je sais que ma mère et mon père ont tous deux amèrement regretté leur gestes après avoir levé la main sur nous (donc, 4 fois en tout et pour tout dans mes souvenirs, répartis entre nous trois) et se sont non seulement excusés, mais ont aussi discuté longuement avec nous par la suite de ce qu'ils avaient fait, pourquoi et qu'ils regrettaient beaucoup.
Du coup, je ne suis pas sortie traumatisée de mon enfance de ce point de vue. Par contre, je n'ai jamais pu ni apprécier, ni concevoir la violence physique ou verbale dans la vie d'un enfant. Parce que par exemple, dans ma famille, mes parents jouaient beaucoup (de manière involontaire en plus, c'est ça le pire) sur l'affect et sur la compétition entre mes frères et moi. Pendant longtemps, mon premier frère cadet a été le plus congratulé au sein de la famille (fils prodigue, excellentes notes, attitude irréprochable... Mais depuis qu'il est en médecine, bizarrement, ça a changé x) ) et le second le petit chouchou à qui on pardonnait les pires colères. Moi, mes parents m'ont très rarement estimée, ou du moins, m'ont rarement signifié qu'ils étaient fiers de moi. Eh bah mine de rien, ça a eu un impact que je n'aurais jamais imaginé, puisqu'à 21 ans, j'ai commencé les crises d'angoisses à n'en plus finir et la dépression (sortie d'étude, chômage n'ont pas amélioré les choses). Il m'a fallu un an de thérapie pour mettre en lumière ce qui clochait : le fait de me sentir rabaissée vis à vis de mes frères. De plus, j'étais pas aidée par l'ensemble du reste de ma famille proche (oncles, tantes, cousins, cousines, grands parents...) dont le leitmotiv est "Kicékifélémeilleursgosses" ? Avec TOUT LE TEMPS cette notion de comparaison des résultats des enfants. Donc imaginez bien que la pauv' nana ayant à peine une licence en com' culturelle, au chômage, faisait pâle figure face aux frères, l'un en médecine, l'autre en étude de cuisinier faisant à l'époque un stage au Fouquet's et ayant reçu, à la fin de ce stage, une proposition d'embauche... Et ben on s'est rendus compte que mes parents me mettaient beaucoup la pression car ils attendaient de moi que j'égale mes frères et me le rappelaient plutôt violemment à chaque fois qu'ils me reprochaient quelque chose, voire à chaque fois que je leur parlais (oui, oui...). Moi, j'appelle pas ça de la bienveillance, ni de la bonne éducation. Certes, ma mère a été voir un psy également qui a fait ressortir le fait que ça venait d'un problème plus profond qu'elle avait avec ses parents. Certes, mon père a été influencé par sa belle-mère élitiste au possible (et sa soeur ainée qui est pire). Mais pour autant, et malgré le fait d'en avoir longuement discuté avec eux, je leur en ai voulu et leur en veux beaucoup pour cela.
Et cela a eu une influence sur ma vie de tous les jours. Je reste "bien élevée", j'ai jamais fait de caprices, jamais eu d'attitude violente envers qui que ce soit (j'ai jamais frappé quelqu'un), ni jamais été méchante verbalement envers quelqu'un d'autre (je suis réputée pour être la neutralité incarnée xD), j'ai toujours été polie, propre, gentille, courtoise, etc. Pourtant, mon rapport aux autres et à moi-même est compliqué. Je suis une paranoïaque du jugement et du fait que l'on parle sur moi. Je déteste la compétition et n'ai pas du tout l'esprit combattif. Je vis sur mes acquis et m'en contente, juste parce que j'ai été marquée par le fait que pour attirer l'attention de mes parents, je faisais tout le contraire de ce qu'ils auraient désiré de moi, c'est à dire que je ne faisais pas d'efforts. Bon, je m'en sors, mais ça me bloque beaucoup au niveau professionnel, mine de rien.
Tout ce pavé pour dire que la violence éducative peut prendre bien des formes (très détaillées dans la liste qu'a posté marce_eux, et que parfois, on en mesure pas l'impact immédiatement, et ça peut avoir des répercussions bien plus tard.
Après, cette liste est tout de même sacrément longue et je me pose des questions sur certains points, comme le fait de considérer comme étant une violence, même culturelle, de forcer à demander pardon... Si l'enfant a fait une faute, c'est à mon sens normal de le forcer à demander pardon (car j'ai vu des enfants qui, même si tu leur expliquait en long, en large et en travers leur erreur, refusaient tout de même de demander pardon... Ou qui ne s'excusaient pas lorsqu'ils bousculaient quelqu'un...)... C'est de la politesse et du respect envers les autres. De même, la critique des goûts, des fréquentations, etc... Une critique n'est pas forcément péjorative...
Enfin, je ne remets pas en question cette liste, mais elle donne un peu l'impression de ne rien pouvoir faire, et j'imagine que des parents inexpérimentés tombant sur cette liste voudront éviter absolument toutes ces violences, et on se retrouve avec des enfants-rois et libres de tout... Non pas de leur faute, mais de celles de leurs parents qui n'auront pas été chercher plus loin que cette liste et qui, trop effrayés d'être accusés de maltraitance, laisseront tout passer... (Déjà vu et constaté). Ce qui est incompatible avec notre société. J'ai même vu des jeunes de mon âge (et j'en côtoie tous les jours) qui n'ont AUCUNE notion de respect ni de politesse. Il n'y a qu'à voir dans les bus... Le nombre de jeunes de mon âge qui se précipitent littéralement pour choper les places assises alors que des personnes âgées, des femmes enceintes, des gens avec des béquilles sont là. Ou même des enfants en bas âge. J'ai eu une fois une discussion houleuse avec une amie qui avait fait ça un jour où on prenait le bus ensemble. Lorsque je lui ai demandé pourquoi elle ne laissait pas la place où elle était confortablement installée à la personne âgée qui était derrière, elle m'a répondu droit dans les yeux "Bah quoi ? Je suis fatiguée, moi ! Et puis, il a des jambes, non ?". Ben oui, et toi aussi, et t'as en plus l'avantage de la jeunesse. Mais voilà, plus jeune, ses parents ont cédé à chaque fois qu'elle avait un petit coup de fatigue et qu'elle faisait donc un caprice pour la faire asseoir. Et je ne parle pas de quand elle était très jeune, non, mais de quand elle avait 11 ans, donc à mon sens l'âge de pouvoir rester debout dans un bus 20 minutes avant de rentrer... Ben maintenant, elle ne voit pas pourquoi elle devrait céder sa place. Et je ne trouve pas ça normal.
Du coup, Marmou,, j'aimerais bien avoir un développement de cette liste pour savoir pourquoi certaine choses qui, à mon unique sens, hein, tiennent du respect et du savoir-vivre en société, sont considérées comme de la violence... J'avoue que cela me perturbe un peu. :) Mais tes interventions sont très intéressantes en tout cas !