Je viens donner quelques nouvelles... On ne peut pas dire qu'on ait beaucoup avancé depuis novembre, je suis globalement toujours aussi désespérée et sur le point de baisser les bras. MAIS je tente une dernière chose : pension travail chez quelqu'un spécialisé dans les chevaux "à problème" (jamais manipulés/ayant eu de mauvaises expériences, un accident de transport, etc.). ATTENTION GROS PAVÉ !
À la base, j'avais appelé ce monsieur pour régler le problème du transport car si poney devient transportable, je pourrai prendre des cours dans une structure de temps en temps, ce qui serait déjà une bonne chose. Mais en m'entendant faire la description de la bête par téléphone, il m'a dit (à raison) que le transport semblait n'être qu'un problème parmi de nombreux autres, et que ça se réglerait pas en une séance ou deux, qu'il fallait qu'il prenne le cheval chez lui, mais qu'il voulait venir le voir avant pour voir si ça valait le coup (en gros, si le cheval lui semblait totalement rétif, il voulait pas me faire perdre mon argent). Il est donc venu chez moi pour une séance d'approche, qui s'est plutôt bien passée (dans le sens où il a assez rapidement pu toucher mon poney, ce qui est déjà pas le cas de tous les pros, et se connecter à lui). Il y a passé du temps, s'est concentré sur ce fameux postérieur gauche qui pose tant de soucis. En fin de séance, le poney cherchait les câlins, c'est un peu ça qui m'a convaincue ! Car il se détend jamais avec personne en dehors de moi donc bon, je me suis dit que l'approche du monsieur lui convenait. Lui m'a dit que c'était un gentil poney, avec un bon fond, et que donc, oui, ça valait vraiment le coup d'essayer de régler les choses, quoi qu'il ait pu lui arriver par le passé pour expliquer son comportement. Il m'a aussi dit qu'il fallait lui apprendre à se prendre en charge seul, ce dont il est actuellement incapable. Il est hyper anxieux de tout, ne se relâche jamais, est toujours à l’affût de tout pour avoir peur. Moi j'ai tendance à rester avec lui, lui montrer ce qui fait peur, parler doucement, etc., ce qui fonctionne certes, mais en fait je ne lui apprends pas à appréhender les choses par lui-même, ce qui est indispensable pour qu'il arrive à se DÉTENDRE.
Bref, rendez-vous est donné une semaine plus tard, le contrat est clair : il arrive à le faire embarquer, le poney part chez lui ; il n'y arrive pas, on fait une ou deux autres tentatives si besoin, mais je ne l’emmènerai pas à cheval, donc s'il ne monte pas dans le camion, on laisse tomber et il reste à la maison. Je veux bien me ruiner encore une fois pour lui, mais pas si je suis sûre d'être sur la bonne voie.
Il est donc convenu que le monsieur vienne avec un camion pour ce premier voyage, pour mettre toutes les chances de notre côté. Par la suite, dans le boulot à l'écurie, le travail se fera en van une place : "s'il monte dans un une place sans souci, il montera dans tout."
Vient donc le jour du départ, vendredi dernier. J'en profite pour passer un moment avec poney en lui faisant un bon pansage. Mine de rien, ça fait des semaines voire des mois que je ne l'ai pas mis à l'attache, donc c'est un peu le test. Au début il est chiant, et puis finalement, on reprend les habitudes : je le replace calmement chaque fois qu'il gigote, fuit en avant, s'excite, et il finit par se calmer tout seul, donc ça se passe globalement très bien. Je peux curer les 4 pieds sans qu'il me fasse tout un cirque, je lui mets juste des guêtres aux antérieurs et des cloches, inutile de sortir les grosses protec' de transport (il n'en a jamais porté), il sera suffisamment stressé comme ça.
Le monsieur arrive, il lui passe tout de suite le caveçon (il travaille tous ses chevaux en caveçon) et commence le travail : marche, arrêt, reculer, le tout en instaurant un code avec un stimuli du stick au niveau du garrot. Bon, c'est pas tout rose, mon poney teste à mort, cherche la confrontation, et lui ne cède jamais, sans s'énerver pour autant. Au bout de cinq minutes, question habituelle des gens confrontés à mon poney : « Euh, il a été castré à quel âge ? Il a vraiment un comportement d'entier, là. » Il y a des moments un peu chauds (cabrade, lancer de postérieurs), mais bon, c'est mon poney quoi. Aux premières tentatives pour monter dans le camion, il ressort sa parade ultime : je monte les antérieurs, je me cabre et recule sur les postérieurs en y mettant toute ma force. La deuxième fois, le monsieur l'a fait reculer sur 50 mètres. Le poney était fou, mais curieusement, il a arrêter de reculer comme un idiot par la suite

. Et puis finalement, sans que je comprenne trop, je vois le poney moitié dans le camion, moitié dehors, moi je restais à distance donc je n'ai pas entendu la teneur de leur conversation, mais... il a fini par monter gentiment. Il redescend, remonte très bien, hop, bas-flanc, filet à foin, on est partis. ALLÉLUIA ! Il voyage très bien, on le lâche dans le rond de longe à l'arrivée pour qu'il se roule, et il passe le reste de la journée tranquille au paddock.
Il restera là-bas 15 jours minimum, et plus longtemps si j'estime que les progrès valent le coup de prolonger l'expérience. En gros, le travail prioritaire sera : désensibilisation générale, mise en place des codes de base pour ma propre sécurité, travail à la longe (actuellement je ne peux pas le longer du tout), travail sur les pieds, le but étant de pouvoir le montrer à un maréchal sans problème (impossible jusqu'ici), travail sur l'embarquement/transport. Par la suite, si on prolonge son séjour et selon à quel point on a avancé, il continuera le redébourrage : longues rênes/longe en caveçon, puis couplé à un mors en caoutchouc, puis mors uniquement, puis monter dessus et commencer le travail monté.
Samedi, il avait pu prendre les quatre pieds et commencer à faire des étirements avec les postérieurs – l'ostéo m'avait dit de ne jamais essayer ça moi-même après avoir failli perdre un genou en le manipulant... Dimanche matin, pareil, il retravaille avec les pieds et ça se passe bien, donc il demande à son associée de le filmer le soir pour m'envoyer une vidéo. Et là, le vrai Uta est revenu au galop, apparemment il était intenable, essayait de shooter hyper violemment

. Le monsieur pense que c'est le "bip" du téléphone au moment d'enclencher la vidéo qui systématiquement le rendait hystérique. Je pense aussi que c'est le fait qu'il aient été deux : il ne supporte pas ça, il doit se dire "ils viennent à deux ou trois ils vont me bloquer et me forcer à faire un truc". Je vois bien sa réaction quand il voit le maréchal et son apprenti débarquer, c'est la même... La fille qui filmait m'a confirmé qu'il ne regardait qu'elle, en panique, absolument pas connecté à celui qui lui demandait les pieds.
Je passe le voir lundi soir. Bon, premier point, il est inattrapable. Je suis pas étonnée en soi, dans l'autre écurie c'était compliqué aussi. Moi à la maison ça va, j'ai pas trop de problèmes (on va dire que son réflexe en voyant le licol est rarement de venir mettre le nez dedans, mais même s'il fuit, ça dure grand grand max 10 minutes, et souvent en trente secondes c'est plié), donc forcément je suis un peu déçue. D'autant que même au boxe, il est très compliqué à attraper. Il a donc le licol sur la tête en continu pour le moment. Donc une fois monsieur attrapé, on le ramène à l'écurie, donc là grand concert, il hennit à nous détruire les oreilles. Je ne m'en offusque pas, je sais que c'est un bavard dans les endroits qu'il connaît pas, j'ai l'habitude. Mais là aussi le monsieur me dit qu'il hennit exactement comme un entier.
Petite douche pour enlever la boue, et suite il le met dans le boxe pour me montrer où il en est avec les pieds. Il y a du mieux dans le sens où poney donne les postérieurs de lui-même, mais je trouve qu'il le fait toujours un peu brusquement, et pour une fois, je pouvais voir sa tête quand il donne les pieds : j'avais l'impression qu'il avait peur qu'on l'égorge, quoi. Donc pas de grande différence avec à la maison, si ce n'est que là, c'est quelqu'un d'autre qui lui demande les pieds, donc progrès quand même. Il fait quelques étirements, de plus en plus facilement, commence un peu à se laisser aller (il doit voir que ça lui fait du bien), mais reste hyper imprévisible. Une seconde il est presque détendu, la seconde d'après, il te bloque contre le mur pour te latter. C'est vraiment ça que je voudrais supprimer comme comportement, je n'en peux plus de m'occuper d'un cheval en sachant qu'à n'importe quel moment il peut exploser sans raison et me blesser.
Il a forcément vécu des trucs pas cool du tout par le passé pour réagir comme ça... Le monsieur a évoqué l'utilisation d'entraves au niveau des jarrets, et dans tous les cas l'utilisation de méthodes violentes, ça, il n'y a aucun doute. Il est confiant pour l'évolution à venir, donc je laisse le temps au temps et croise fort les doigts.
Il verra sans doute le maréchal là-bas car il en a bien besoin et que j'aimerais qu'il soit paré en présence du "dresseur" avec quelqu'un qui y passe le temps qu'il faut. Peut-être un coup d'ostéo aussi, à voir.
Les questions concernant sa castration ressurgissent dans ma tête depuis quelques jours : est-ce qu'il serait pas pif ? Pas mal d'éléments vont dans ce sens, mais il est également fort possible qu'il ait été castré tard et mal éduqué, tout simplement.
Voilà, je vous tiendrai au courant de notre évolution, si évolution il y a (comment ça je suis défaitiste...).