kpuch
Citation :
Je veux dire, si quelqu'un te saoules, quand cette personne arrête de te saouler, tu es soulage, donc tu te relaches, c'est cool et tu vis mieux... mais tu n'es pas dingue au point de retourner chercher l'attention de cette personne, dont tu voulais te débarrasser avant...
Ce mécanisme relationnel est humain. En tout cas, il est basé sur ta connaissance de l’interaction entre humains.
Chez les chevaux c’est différent et comme je te le disais, leur perception espace/temps est différente. Je comprends que pour toi ce soit trop long. Et le but n’est pas de t’obliger à garder ce cheval. Plutôt à te faire comprendre que comme le dit avec beaucoup de justesse
silasol tu te culpabilises trop d’une part et d'autre part, tu projettes aussi trop d’intentions sur le comportement de ce cheval. La CA que tu as reçu a aggravé cette distorsion, c’est regrettable.
Ce que j’ai pu observer c’est qu’il faut environ une année à un cheval, dans un environnement stable avec des repères constants, pour qu’il puisse montré lui-même un comportement stabilisé en réponse à cet environnement.
Ceci ne signifiant pas obligatoirement que ce comportement soit synonyme de bien-être. Juste que c’est le temps nécessaire à ce qu’il évalue, comprenne, s’approprie cet environnement et qu’il pose lui-même une « adaptation de son caractère » en conséquence. C’est son délai de réponse moyen à un environnement proposé.
Si l’environnement est très défavorable, il va s’opérer une dégradation régulière du comportement. Si l'environnement est favorable, il va s'opérer une amélioration régulière, flagrante entre le début et la fin de la première année puis parfois encore sensiblement évolutive les années suivantes.
Tant que le cheval n’est pas stabilisé intérieurement et en phase avec son environnement, il est peu disponible pour des interactions saines, durables, constructives. C’est pourquoi dans un premier temps, le respect de sa sérénité est important. Il faut la favoriser. Une fois l’apaisement visible, alors il est plus perméable aux interactions, aux apprentissages, au développement d’une relation amicale, avec une véritable complicité.
Imaginons un bateau au milieu de l’océan. Si la mer se déchaine le capitaine du bateau commence d’abord par essayer de garder son navire entier avant d’atteindre sa destination. Puis lorsque la mer redevient calme, alors on peut reprendre le voyage tranquillement et s’offrir une tasse de café avec l’équipage en papotant et admirant le coucher de soleil
Et bien ton cheval c’est un peu ce bateau au milieu d’une tempête, le capitaine c'est son cerveau. Pour l’instant, tout est chamboulé et il gère une crise intérieure.

Il n’a donc pas de disponibilité pour papoter amicalement, interagir dans les règles de l'art, il a d’abord envie de retrouver de la sérénité, des repères. Ce que l’on nomme homéostasie en éthologie : un équilibre intérieur atteint lorsque tous les besoins fondamentaux sont satisfaits : sécurité, interaction sociale intra-espèce, bien-être physiologique ,…
Lorsque ton cheval aura à nouveau trouvé cet état intérieur équilibré, il va être disponible pour enrichir sa vie de nouvelles choses positives qu’il sera en mesure d’apprécier et qu’il va même probablement solliciter.
Cet état de sérénité et de bien-être ce n’est pas toi qui peut lui donner par des interactions directes, pas pour l’instant.
En revanche les décisions que tu prends vont y participer. Lorsque tu soulages ton cheval de ses douleurs par l’intervention d’un véto, de médicaments ou d’un ostéo, sur le coup cela peut être désagréable pour ton cheval mais tu sais qu’à courts, moyens ou longs termes il est retirera un bénéfice. Lui ne fait pas forcément ce lien qui nécessite une projection conceptuelle dans l’espace/temps. Cette projection lui est extrêmement limitée par rapport à toi de part la structure même de son cerveau (peu de néocortex). Il peut en être capable après la multiplication d’expériences positives. Du coup les premières expériences il les vit dans l’incompréhension (= stress, inquiétude, rejet, défense, curiosité etc..).
c’est insatisfaisant dans l’instant pour toi mais pourtant en agissant ainsi tu construis malgré tout votre future relation, donc c’est très important de prendre conscience que tu sèmes des graines très importantes en acceptant de laisser de la distance. C’est frustrant pour toi mais pour lui ça a un sens. Un sens bien plus positif que celui que tu perçois pour l’instant.
Citation :
Autre question: si je recommence à le monter, ne serait-ce que pour le préparer (seller rapidos), pour aller en balade comme il en a besoin, c'est aussi une forme d'attention que je vais lui porter... Compliqué tout ça à gérer dans les faits et au quotidien...
Monte le, propose lui des activités de travail pour qu’il puisse dépenser son énergie. Sois bien rigoureuse, offre lui un cadre de travail très clair, c’est important aussi pour l’aider à poser des repères comportementaux sur le B A BA. Plus c’est clair et cadré, plus il va pouvoir stabiliser son comportement. Plus il stabilise son comportement plus il s’apaise = Plus il est en confiance = Plus il appréciera ta compagnie et donc la recherchera. Par contre pour l’instant ne t’égare pas à des manifestations affectueuses qui l’agacent. Ne prends pas plus que ce qu'il veut bien accepter, pour ne pas qu'il se sente contraint à relationner.
Citation :
C'est moi qui suis dingue ou il y a des chevaux qui adorent ce lien et le contact avec "leur" cavalier, apprendre avec, etc?
Non tu n’es pas dingue du tout.

Ca existe bel et bien. C’est juste que tous les chevaux n’ont pas la même spontanéité à développer ce genre de relation. Pour certains c’est inné, pour d’autres c’est leur environnement, leur histoire, leur éducation, qui ont favorisé et inhibé ce type de contacts.
Le cheval est un être particulièrement sociable, très dépendant de l’équilibre du groupe social auquel il appartient. Cette insertion dans un groupe est un besoin fondamental. Mais l’utilisation que l’on a des chevaux empêchent plus ou moins cette insertion pourtant au cœur de leur équilibre naturel.
Ils s’adaptent plus ou moins à cette dénaturation. Le retour à cet équilibre naturel, lorsqu’il a été fortement perturbé, peut être la source de beaucoup de difficultés, de comportements dérivatifs et nécessiter une certaine période de « rééeducation ».
Ton cheval a besoin que tu portes un autre regard sur lui. Et à toi aussi ça te ferait aussi du bien

Par exemple lorsque tu dis qu’il est en colère, moi je le perçois plus comme un cheval perturbé qui a des réactions exacerbées parce qu’il est déstabilisé. Il semble oscillé entre une sorte d’agressivité défensive et un renoncement. Un peu comme s’il était perdu et ne savait plus trop quelle attitude adopter. Enfin c’est ce que j’ai l’impression de comprendre à travers ce que tu en décris.
Pareil lorsque tu dis qu’il rejette les choses. Pour moi, il ne te rejette pas, ni les activités, ni la relation. C’est juste qu’il ne comprend pas encore son nouvel environnement, sa nouvelle vie et manque de repère, il ne te connait pas encore, il n'est pas disponible pour s'intéresser à ça pour le moment. 6 mois ça te parait long mais une vraie amitié se construit très durablement et se consolide au fil du temps.
Ce que je me permets aujourd’hui avec mes juments, je ne me le suis jamais autorisée au bout de 6 mois de « vie commune ». L’une d’elle a toujours été une vraie peluche pot de colle mais même, nos interactions d’aujourd’hui, après 22 ans ensemble, sont d’une tout autre dimension et à la base c’est une jument de club ; l’autre est très différente : susceptible, chatouilleuse, peu câline… Mais au fil du temps, les choses évoluent et de plus en plus, elle devient demandeuse et me gratifie d’instants "pays des licornes magiques

" et nous n’en sommes qu’ à 7 ans de vie commune !
Citation :
Je me retrouve avec mon affection a donner qui m'est renvoyée en pleine figure en mode "gardes-la" je n'en veux pas de tes attentions.
Au regard des commentaires j'ai surtout l'impression d'être anormale de ressentir ça.
Non, c’est plutôt gardes les
pour l’instant ;-) parce qu’il n’est pas prêt maintenant.
Tu n’es pas du tout anormale.

Tes attentes sont tout à fait compréhensibles. La question est bien de savoir si tu te sens capable d’attendre un moment que ton cheval soit prêt en continuant à mettre en place un environnement pour l’aider à être mieux dans sa peau comme tu as déjà commencé à le faire. Et que pendant ce temps tu n’attendes rien en retour sans que cela ne soit une douleur pour toi.
Si tu le vis comme une véritable souffrance, si tu n’es pas convaincue que tout cela sera enrichissant avec un résultat formidable pour lui comme pour toi, si la difficulté te pèse trop, te semble insurmontable, alors ce n’est peut-être pas le cheval qu’il te faut.
On essaye de te faire percevoir les choses sous un autre angle pour que tu prennes cette période comme une chose positive pour votre avenir à tous les deux, pour que tu la vives animée d’enthousiasme plutôt que de frustration. Ce n’est pas simple et toi seule peut estimer cela. Tout cela doit te procurer un sentiment d’engagement positif, avec des perspectives heureuses, il faut croire en cet avenir et ne plus interpréter ses réactions comme si elles étaient dirigées contre toi parce que ce n’est pas le cas.