Merci de vos participations récentes.
Avec le confinement, j'ai du temps alors je vais vous faire un petit retour sur ce que j'ai constaté par rapport à l'entretien des pieds nus.
En fait, jusqu'à cet hiver, tout se passait super bien pour ma jument. Je l'avais même passée à un correcteur de foin sans céréales Reverdy avec augmentation des rations de foin, c'était encore mieux. Pieds magnifiques, jument vraiment top au travail, un vrai bonheur. Je comptais la passer à l'alimentation de marque Top Spec pour affiner encore plus ses rations et lui faire une alimentation "sur mesure" mais le confinement a retardé cela.
Bref... Je sais pas, on devait avoir un mauvais karma pour je ne sais quelle raison mais cet hiver 2019-2020 a été une catastrophe pour ma jument.
On commence en novembre par une immobilisation en boxe stricte pendant 10 jours à cause d'une bactérie pulmonaire hyper contagieuse, Klebsiella Pneumoniae. Plusieurs poneys du CE sont touchés, la véto qui s'occupe de ça préconise un traitement à l'Avémix et confinement en box strict sans visite aucune des cavaliers, de club ou propriétaires. Précision, les différents bâtiments du CE abritent chacun plusieurs box, les box de chaque bâtiment communiquent les uns avec les autres par, a minima, une fenêtre avec des barreaux, donc l'utilité du confinement strict : cherchez l'erreur...
Autre erreur de la véto : le traitement à l'Avemix. Je ne suis pas véto, en revanche je suis prof, j'ai poussé mes études supérieures jusqu'à un Master d'Histoire de l'Art (vous ne voyez pas le rapport, j'y viens, ne vous inquiétez pas !) et donc faire de la recherche, croiser les sources, m'assurer qu'une source est valable, c'est un truc qui me connait. J'ai aussi beaucoup de membres de ma famille proche qui travaillent dans le milieu médical (médecin, médecin biologiste, pharmacien...) donc je connais le jargon médical même si ce n'est pas mon domaine. Il ne m'a fallu que quelques heures de recherches sur Google pour tomber sur une étude faite dans une école vétérinaire californienne :
https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/jvim.13653
Justement sur les pneumopathies causées par Klebsiella Pneumoniae. Tout y est, y compris une liste d'antibiotiques avec leur pourcentage d'efficacité (parce que oui, Klebsiella Pneumoniae a développé une antibiorésistance à certaines molécules, sinon c'est pas drôle...). Sur cette liste, il apparaît que les principes actifs de l'Avémix (triméthoprime et sulfaméthoxypyridazine) ne sont efficaces qu'à 58 % sur K.P. En revanche, la Doxycycline est efficace à 100 %. C'est d'ailleurs MA recherche qui a décidé la véto à changer d'antibio pour passer à du Ronaxan (= Doxycycline) afin de sauver une vieille ponette emphysémateuse chez qui la pneumopathie ne passait pas. Et le confinement stricte sans sortir du box et sans visite aurait pu passer de 10 jours à 0 avec un traitement de l'ensemble des chevaux du CE au Ronaxan pour être sûr de bien éliminer toute trace de K.P.
Alors je vais être honnête, ayant fait moi-même cette recherche et trouvé ce lien, je suis quand même allée voir ma jument pour lui faire des soins : pansage, pieds... J'ai pu ainsi lui faire les pieds à peu près correctement pendant ces 10 jours mais elle a quand même fait placard pendant 10 jours. Sans être touchée par la bactérie. Sans qu'aucun des 6 chevaux de son écurie ne soit atteint par la bactérie. De la c**nerie à l'état pur et allant à l'encontre du bien être du cheval, à savoir marcher le plus possible.
Elle a quand même développé une belle pourriture de fourchette sur son antérieur plat, pas par manque de soin (elle avait les pieds faits et je retirais les crottins et la paille souillée d'urine dès que j'y allais). Elle a développé une pourriture de fourchette parce qu'elle a piétiné pendant 10 jours, pour rien, parce que la véto n'est pas allée chercher plus loin que son nez.
Je vous laisse imaginer mon état d'esprit à ce moment là...
Bref, on pourrait se dire que c'est fini mais non ! Le karma avait encore à nous faire payer je ne sais quoi...
30 janvier, je m'en rappellerai toute ma vie, c'était un jeudi, on m'appelle sur mon portable au boulot à midi pour me dire que ma jument a eu un accident ! La seule info que je réussis à avoir, c'est qu'elle s'est empalée sur une fourche... Grâce à mes super collègues que je ne remercierai jamais assez, je file au centre équestre. Ma jument est éduquée mais très chaude et réactive, je m'attends à ce qu'on m'annonce qu'elle a pris peur d'un truc en main, les neurones se sont déconnectés et est allée se ficher sur une fourche qui était là pendant le curage des box.
Alors en fait non... Deux jours avant, le sol du marcheur avait été gratté pour être détassé et une fourche y avait été oubliée... Ma jument a marché sur les pics et s'est enfoncé le manche dans la face interne de la cuisse, du bas vers le haut, l'extrémité arrondie du manche ayant percé le plancher de la vulve... Elle n'a fait aucun bruit dans le marcheur, a aucun moment elle n'a rué, tapé, que sais-je... Pour tout vous dire, l'apprentie qui l'a sortie du marcheur ne s'en est même pas rendu compte, c'est une autre apprentie qui arrivait en sens inverse qui a remarqué que "quelque chose n'allait pas"...
Je vous laisse imaginer, une fois encore, dans quel état cela m'a mise. Un mois de soins, sorties en main limitées, elle a compensé de ouf à cause de l’œdème énorme et de la douleur. Et encore, elle s'en tire carrément bien, aucun organe vital touché, apparemment le manche est passé entre le muscle et la peau, au niveau des fascias, pas de surinfection à cause d'une écharde qui serait restée coincée dans la plaie.
En revanche, l'état de ses pieds, déjà abîmés par les 10 jours de placard de novembre, entre la quasi immobilisation et le traitement antibiotique énorme (4 jours à 2 injections par jour, 1 IV et 1 IM, puis 10 jours à 200 g. d'avémix par jour, soit 2 kg), s'est fortement dégradé malgré ma présence auprès d'elle tous les jours pendant son mois de soins : pourriture profonde de fourchette, High-Low amplifié, attache du suspenseur de nouveau gonflé comme avant son passage pieds nus, l'impression de la retrouver comme quand elle était boiteuse et si mal...
Et là, le confinement qui dure... Je ne sais pas comment vont ses pieds, ma podo l'a vue une fois, elle ne m'a pas fait de retour, j'espère que si ça avait été la cata elle me l'aurait dit. Ou alors elle n'ose rien me dire parce que de toute façon, je ne peux rien faire d'autre qu'attendre... Et je n'ose pas lui demander, trop peur de sa réponse...
Bref, je ne regrette absolument pas le passage pieds nus. Si c'était à refaire, je le ferais. Juste, nos mésaventures montrent bien que ça nécessite beaucoup de présence et de soins et surtout de BEAUCOUP sortir et marcher.
Bien évidemment, dès que possible je la change d'écurie, tout ceci aura au moins eu le mérite d'accélérer une décision que je faisais traîner depuis bien trop longtemps.
Hâte de la revoir, je sais qu'on va avoir tout à reconstruire, si vraiment c'est trop dur, elle fera un poulain, j'ai déjà trouvé un papa.
Prenez soin de vous et de vos loulous, si vous le pouvez :)