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Les perles sexistes de cheval annonce
Posté le 01/11/2023 à 13h34
vinciao
Posté le 01/11/2023 à 13h34
badmonster Je me permets de répondre en amenant des petites informations en vrac parce que c'était une partie du sujet de mon mémoire, et que je fais actuellement ma thèse aussi sur le féminisme/sexisme, et que plus généralement la psychologie des stéréotypes/préjugés/discriminations me passionne.
J'ai pas mal investigué la littérature sur le sujet du sexisme et sur les mécanismes actuels de notre société qui permettent de maintenir les inégalités de genre. Je ne peux que te proposer un article super intéressant sur le sujet, et qui est d'ailleurs en français :
Sarlet, M., & Dardenne, B. (2012). Le sexisme bienveillant comme processus de
maintien des inégalités sociales entre les genres: L’Année psychologique, Vol.
112(3), 435‑463. https://doi.org/10.3917/anpsy.123.0435
Pour résumer très brièvement l'article, il parle d'un double mécanisme pour maintenir le statu quo : le sexisme hostile (sexisme "classique", dénigrer les femmes, menaces,...) pour "punir" les femmes qui sortent du rôle de genre traditionnel, et de sexisme bienveillant (croyance selon laquelle la femme est un petit être fragile à protéger, en découle notamment la galanterie) qui sert à "récompenser" les femmes qui restent dans leur rôle de genre traditionnel.
Une femme dans son rôle de genre traditionnel c'est quoi ? C'est une femme douce, chaleureuse, gentille. Ces stéréotypes sont prescrit aux femmes de telles sortent à ce qu'elles n'aient pas le choix d'être comme ça, ce qui n'est pas pratique pour se "rebeller" quand on n'est pas d'accord et qu'on veut dénoncer une injustice, et c'est justement le but des hommes.
Evidemment, tout ceci est un mécanisme inconscient, ancré dans la société patriarcale, mais je trouvais ça très prenant de le lire sur papier par des auteurs et autrices renommé.es.
J'avoue avoir un côté fort déterministe donc je suis plutôt du genre à penser que la société nous façonne pour beaucoup, et ce côté "tout est fait pour que les femmes doivent se comporter d'une telle manière et quand elles transgressent ces obligations on les punit" me conforte dans ce sens. Evidemment, je ne dis pas que la responsabilité individuelle n'existe pas, seulement qu'il existe un système qui est compliqué à déjouer.
Pour rebondir sur les privilèges de manière générale, j'ai abordé ce sujet à mes étudiant.es en TD et je te retranscris ce que je leur ai dit :
Il existe bien des privilèges, les plus classiques étant les privilèges masculins (dont on discute ici), blanc et hétéro. Cela s'étend évidemment à d'autres notions, le fait d'être cisgenre, valide, riche, étant d'autres exemples de privilèges.
Evidemment, les personnes privilégiées (ou les minorités qui ne le sont pas) ne le sont pas par choix, et donc il ne s'agit de blâmer un homme parce qu'il est homme, ou une personne cis parce qu'elle est cis. Ce qui est important de comprendre, c'est que les privilèges sont à prendre d'un point de vue systémique, mais bon, ça je pense que tu es au courant, je ne le détaille pas plus que ça (mais je trouve que c'était important de le remettre en contexte).
Et donc, quand on est privilégié.e sur une des caractéristiques, que pouvons nous faire ?
La première chose, c'est prendre conscience de ses privilèges. Les conscientiser, c'est une première étape pour pouvoir travailler dessus par la suite.
Ensuite, il faut se renseigner dessus. "Je suis blanche, je suis privilégiée, qu'est-ce que ça signifie exactement ?". Pour se renseigner, on peut lire évidemment, mais aussi trouver du bon contenu éducatif sur les réseaux, lire des témoignages de personnes n'ayant pas le privilège en question pour se rendre compte, et surtout écouter les concerné.es.
Ecouter le récit des personnes concerné.es, et surtout ne pas l'invalider. Si une femme dit qu'elle a peur chaque fois qu'elle marche seule dans la rue, on l'écoute et on accepte son vécu, on ne commence pas à dire "oui mais pas tous les hommes sont des agresseurs". Bon, l'exemple parait obvious, mais cest pour saisir l'idée. Et si écouter le récit des concerné.es est important, c'est aussi parce que ces personnes vivent du stress induit juste parce qu'elles font partie d'une minorité, et que ce stress peut être pesant (voir Minority Stress Model pour la théorie).
Enfin, ce qu'on peut de manière concrète c'est comme tu l'as mentionné dans le cas du racisme, ne pas laisser les stéréotypes, préjugés, etc. circuler autour de soi sans réagir. Ne rien dire, c'est cautionner. En tant que privilégié.e, c'est aussi de notre devoir de ne pas contribuer à la normalisation de ces stéréotypes (qui engendre préjugés puis qui engendrent discrimination) en ne disant rien, parce qu'un silence équivaut à un acquiescement. Ensuite, après avoir écouté le récit des concerné.es, on peut également le repartager, faire porter leurs voix bien trop souvent invisibilisée plutôt que de parler à leur place (d'ailleurs ça m'a fait sourire que les livres dont tu parles pour tes interrogations sur le sexisme soient trois livres dont les auteurs sont des hommes). Et puis finalement, ce qu'on faire aussi, c'est créer un climat inclusif en utilisant les micro affirmations (donc pas dire "tu vois je suis inclusif, je fais attention à ne pas utiliser le n-word / à ne pas te genrer comme avant", mais juste le faire par exemple).
Voilà, je ne pense pas que ça réponde à ton débat intérieur que je ne suis pas certaine d'avoir vraiment saisi parce que je n'ai pas le même, mais je trouvais que ces informations était pertinentes dans le contexte que tu as amené et je me suis dit que ça pouvait t'intéresser ! J'ai d'autres articles scientifiques dans le même genre en stock aussi si jamais.