Je reprends des passages de vos interventions
girly61 et
quiebro13 pour essayer de mieux développer mon opinion et clarifier mes messages
Citation :
c'est le fait de justifier une mauvaise posture professionnelle par les diplômes… De justifier l'inefficacité, la médiocrité par le diplôme.
Personne n’a dit cela, c’est un sacré raccourci qui fausse grandement mon argument de départ.
Citation :
Quiebro a raison, ce n’est pas la faute des élèves si les formations ne sont plus au même niveau qu’il y a 10 ou 20 ans.
Je n’ai jamais dit que les élèves étaient responsables, ils sont victimes du problème. Mais ce ne serait pas honnête non plus de faire comme si tout allait bien ensuite dans la valeur professionnelle du service rendu. Et je n’ai jamais dit non plus que c’était bien il y a 10 ou 20 ans.
Je vais essayer expliquer autrement ce que j’ai déjà dit et je pense que Girly61, entre autres, avait bien saisi ce que j'ai voulu diret.
Je ne dis pas que les diplômes ne valent rien, je dis que le niveau baisse. Oui il y a un système de lissage des notes pour assurer des pourcentages de réussite valorisant pour les établissements, c'est un fait, et je le déplore. Ce qui, de fait, porte préjudice aux étudiants qui ont bossé et ont le niveau requis voir au-delà puisqu’ils se retrouvent détenant un diplôme identique à quelqu’un qui aura plus ou moins raté le truc pour diverses raisons mais rattrapé grâce à ce lissage ou à des seuils de validation abaissés.
Ceci à toujours existé et ça s’aggrave.
Sur le marché du travail, le résultat c’est bien une dévalorisation du diplôme avec un référentiel annoncé qui ne reflète pas la réalité des compétences acquises pour une bonne partie des titulaires de ce diplôme.
A diplôme égal on se retrouve donc avec des candidats de valeurs très hétérogènes. C’est dommageable pour la réputation du diplôme comme pour celle des bons candidats qui ont réussi le diplôme avec brio. On en est là : le diplôme ne reflète pas la connaissance réelle de tous les titulaires du diplôme. Or, à diplôme égal, ils devraient tous avoir les mêmes connaissances et la concurrence devraient se jouer sur celles qui vont au delà et le talent individuel. Ce n'est pas le cas.
Je rappelle qu'en 2020 plusieurs diplômes ont été donnés d'office pour résoudre le problème posé par un report de l'organisation des examens... Le taux de réussite au bac n'a jamais été aussi élevé que cette année là
ça a du tellement faire plaisir à tous les bacheliers qui avaient durement travaillé les années précédentes et sur ce millésime et à ceux qui espéraient décrocher des mentions...
Quelle valeur attribuer à ce diplôme dans de telles circonstances ? Pour moi c'est très irrespectueux des étudiants qui avaient véritablement le niveau en plus de toutes les autres conséquences.
Non seulement il y a ce problème mais toujours pour assurer des taux de réussite probant, le contenu des formations s’avère parfois en deçà de ce que le référentiel annonce, quand on ne baisse pas carrément les exigences des référentiels pour être sûr qu’un max d’étudiants décroche le diplôme… Tout cela est préjudiciable à la valeur des diplômes et à la valeur des étudiants les plus brillants ou simplement au niveau réel.
Donc, non, je n’ai jamais mis tout le monde dans le même panier.
Non je n’ai jamais dit que les non diplômés étaient tous meilleurs que les diplômés,
Non je n’ai jamais dit qu’il était inutile de faire des études et obtenir des diplômes, juste que ça ne peut plus être une seule garantie de compétences.
Non je n’ai jamais dit que c’était mieux avant, juste que ça empire.
Et quand on peut lire les copies d’un examen on mesure l’étendue du problème tant il y a de disparités de niveau entre les candidats et pourtant il y aura toujours 80 ou 90 % de réussite alors que 50 à 60 % (et je suis gentille) des copies sont bourrées de fautes d’orthographes monstrueuses, de phrases incohérentes et de bêtises grosses comme la tour Eiffel. Franchement parfois ça fait peur.
Et mon expérience sur le sujet à débuté il y a 30 ans où je faisais déjà ce constat, je n’étais pas la seule et ce n’était déjà pas nouveau. C’est pour dire que la pente est glissante depuis un sacré moment.
Mon CAP où je suis sortie major de promotion régionale a la même valeur que celui qui l’a eu sur un coup de bol au ras des pâquerettes, comme mon bac pro eu à peine au dessus de la moyenne exigée à la même valeur que celui de mon collègue qui a cartonné.
J’excelle dans des domaines où parfois je n’ai aucun diplôme et je suis franchement pas une flèche dans d’autres pour lesquels j’ai pourtant un joli document officiel…. Au final je n’ai aucune fierté ni sur mes diplômes, concours ou examen obtenus, ni sur mes « dons ». Je suis plutôt fière des mes réussites pro ou perso, de mes progressions quand j'en ai, sans faire de lien avec les documents de validations « officielles » qui ne disent pas grand-chose de moi finalement.
L’évaluation et le recrutement sur diplôme est quand même au cœur de nombreuses discussions institutionnelles car reflétant de moins en moins les compétences et aptitudes réelles des gens.
D’où par exemple le développement de système de contrôle continu pour tenter de palier le problème. Mais ça reste encore à développer et sécuriser pour être équitable et fiable.
Autrement dit, les gens ont des compétences, des qualités intéressantes professionnellement, des aptitudes valorisables mais qui ne sont pas, ou plus, ou de moins en moins, mises en valeur par la seule détention d’un diplôme.
Ce n'est pas un hasard si la VAE a de plus en plus de succès.
C’est une grosse difficulté de réformer un tel système de reconnaissance des compétences si ancestral mais il est évident que ça ne fonctionne plus. Le système est vérolé et préjudiciable pour tout le monde, les étudiants, les pro, les clients, les employeurs, les salariés.
C’est mon cœur de métier actuellement, je sais un peu de quoi je parle, enfin je crois mais je n'ai pas de diplôme sur le sujet