raph73
Citation :
Est-ce qu'un bon moniteur ne devrait pas être capable de faire les deux ?
Oui bien sûr. il pourrait. C'est là pour moi qu'il faut considérer la personne bien au delà de son seul diplôme.
Citation :
Savoir s'adapter à chaque cavalier ?
Oui aussi, mais s’adapter au cavalier ne signifie pas que le cavalier décide du cours.
Je pense intéressant de faire le parallèle avec l’apprentissage d’autres sports ou arts.
Imaginerait-on un cours de piano où l’élève refuse de faire les exercices « chiants », ne fait donc pas ses gammes ni les exercices de dextérité répétitifs, ni trop de solfège…
Au final dans une telle configuration quel niveau de piano aura un tel élève ?
Pareil pour le sport. Comment bien faire de l’athlétisme si on refuse les échauffements, les étirements "parce que c'est pénible, pas amusant", qu’on ne veut pas trop passer de temps sur les gestes et postures techniques ?
Citation :
Dans certains posts au-dessus on a des exemples de moniteurs militaires avec un grand savoir. Mais savaient-ils le transmettre ?
Certains oui, admirablement bien, d'autres pas du tout. C’est pour ça que la question n’est pas « c’était mieux avant » mais que ce qui était bien s’est perdu et que le problème est différent mais bien là.
Citation :
L'équitation est un loisir alors ne faut-il pas parfois un prof moins bon techniquement mais qui sait transmettre sa passion et son savoir même s'il est moindre ?
Personnellement, je ne pense pas que ce soit mieux. Et je pense même qu'à la base le terme loisir porte préjudice. Oui on fait cela pour le plaisir mais c'est un loisir exigeant et au départ ce n'est pas forcément facile, amusant et cool. Parce que l'usage de l'animal implique des responsabilités, des devoirs avant son plaisir personnel, tout comme des exigences de sécurité pour soi, pour autrui et pour l'animal qui passent aussi avant toute notion de plaisir, enfin c'est ma conception de cette activité.
L’équitation ne peut souffrir d’un laxisme technique, car ce laxisme là met en danger le cheval, le cavalier, et porte préjudice à terme au cheval. Lorsqu’un cavalier n’a pas les clés minimum pour entretenir la disponibilité physique du cheval dans un usage équestre le cheval finit toujours par en souffrir, mais comme il ne s’agit pas de coups, de blessures, de cris visibles au moment de l’usage, lorsque l’addition arrive soit l’usager n’est plus là pour le voir, soit il ne fait même pas le rapprochement entre la façon dont il a utilisé le cheval et les dégradations physiques ou comportementales qui en découlent à court ou long terme.
J’avoue que pour ma part, j’ai beaucoup de mal avec ça. Cette naïveté de penser qu’il n’est pas nécessaire d’acquérir un minimum de techniques et de connaissances, que certains jugent rébarbatives ou trop contraignantes pour eux en croyant que c’est réservé à la pratique de la compétition, à des ambitions équestres, un haut niveau ou une pratique intensive. Alors que non. Dès lors qu’on met le pied à l’étrier ou même le licol sur le nez du cheval peu importe si on va faire la balade mensuelle de 45 minutes ou la 6ème séance de la semaine avec l’objectif de piaffer à la fin de l’année, il y a des bases de formation, de préparation et d’entretien indispensables à dispenser au cheval par respect pour son intégrité physique comme pour son mental.
Et que cette base, cette simple base, a autant d’exigence en terme de qualité d’exécution pour être utile que toutes autres performances équestres pour lesquelles la majorité d'entre nous n'a aucune aspiration. C’est assez déprimant de voir que même cette simple base n’est pas maitrisée par nombre d’enseignants, donc par voie de conséquence par leurs élèves, même ceux évoluant à de bons niveaux. Quand je vois le ratio impressionnant de propriétaires de chevaux incapables de savoir comment travailler seul leur cheval, rapidement débordé en extérieur ou dès que le cheval change de pension, incapable d’élaborer un programme de reprise d’activité après un arrêt prolongé ou en ayant à prendre en compte une pathologie/faiblesse dans le travail. Incapable d’adapter un travail aux spécificités de leur cheval, ils font un peu au hasard des trucs en fonction de ce qu’ils ont envie et s’ennuient vite… donc Pompon évidemment est réputé pour s’ennuyer lui aussi dans ce genre de travail … Les pauvres, ils sont complétement perdus. Parce que leur(s) enseignant(s) n'a finalement pas su les sensibiliser à ça ou leur transmettre cette base correcte et les clés qui vont avec. Je me demande toujours ce que finalement leurs nombreuses années de club leur a appris à part être des clients à vie. La pédagogie d’aujourd’hui ne me semble pas bien plus performante que celle d’hier si on ne considère que le mauvais côté des choses. Autrefois les profs étaient peut-être souvent durs mais j’ai l’impression que les cavaliers finissaient bien plus souvent par être autonomes dans leur pratique avec de belles boites à outils techniques, aujourd’hui les cavaliers s’amusent bien entre eux et avec le moniteur sympathique, on fait des gâteaux quand on se viande, le cours est à la carte mais les cavaliers ne savent pas vraiment ce qu’ils font, ce qu’il faudrait faire, ce dont le cheval a besoin et ils restent dépendants pour le moindre truc toute leur vie.
Sauf quand… le prof est bon techniquement et pédagogiquement et transmet véritablement les clés du savoir : savoir monter, savoir analyser, savoir s’adapter… acquérir des savoirs et de l’autonomie. Et cela, ça se trouve à toutes les époques sauf qu’aujourd’hui c’est encore plus rare à trouver qu’hier parce que ça nécessite des efforts que de moins en moins de gens acceptent de faire.
L’équitation n’est plus vraiment perçu comme l’acquisition de la science équestre ou d’un art de bien collaborer dans le respect et avec le cheval, mais comme un loisir, une distraction, une occupation sociale en lien avec « la nature et l’animal». Il existe sur le marché aujourd'hui toutes sortes de "fausses solutions" matériels qui contournent toujours le fond du problème : les lacunes du cavalier en termes de technique et de capacité d'adaptation. C'est un vrai commerce qui préserve toujours le client. les mors qui décontractent, les enrênements qui musclent, les tapis qui échauffent, les produits qui font récupérer, etc... plus la multiplication des services qui au demeurant sont super pertinents sur des cas spécifiques mais évitent aussi de se prendre le chou à apprendre le B A ba : choisir un mors, une selle, un filet adapté à un cheval normalement constitué. Encore faut-il avoir appris à lire la morphologie et comment choisir et régler le matos en conséquence et pour cela encore faut_il avoir un prif qui sait le faire et l'apprend à ses élèves.
Plus le pratiquant est ignorant plus il est dépendant et rapporte de sous. ça fait marcher le commerce.
Je ne dis pas ignorant avec mépris, je le dis dans le sens de celui qui ne sait pas mais serait tout à fait en capacité d'apprendre. L'ignorance n'est pas une insulte ni un problème. Le problème c'est de refuser d'apprendre.
Finalement en faisant plus simple et croyant ainsi être plus en harmonie avec le cheval et moins se prendre la tête, les pratiquants ne perçoivent pas forcément qu’ils ne font pas mieux qu’avant. Les problèmes sont différents mais le préjudice d’une pratique défaillante est tout aussi considérable que le préjudice d’une pratique autoritaire, à mon sens.