Wouw. Bon, alors, répondons à tout ça ^^
@Nathaliewood
Le relevé d'encolure, le concept n'est pas d'avoir "la gueule en l'air". Non, non et non. Pas chez moi, pas chez d'Orgeix, pas chez Henri. Le concept est plus complet et complexe que ça.
Le relevé d'encolure c'est un mouvement que le cheval doit savoir faire. Mais la question est de savoir quelle est la finalité du truc. POURQUOI on apprend cette chose au cheval.
Pour trouver la réponse à cette chose, il faut aller chercher ailleurs, dans les questions d'équilibre.
Nous avons là une petite divergence de point de vue, ou alors de vocabulaire. Quand je t'ai demandé ce qu'était le "bon galop", tu m'as répondu, entre autres critères, un galop "en équilibre". Parler d'un cheval "en équilibre", de manière aussi absolue, pour moi ça n'a pas de sens.
Pourquoi ? Parce qu'un cheval, ça peut prendre des dizaines d'équilibreS différents. C'est quoi l'équilibre du cheval : c'est la manière dont le poids est réparti entre ses 4 membres. On peut donc avoir plus de poids devant, plus de poids derrière, plus à droite, ou à gauche. Les combinaisons sont très nombreuses !
Et, d'une situation à l'autre, on ne va pas chercher le même équilibre ! L'exemple le plus flagrant est la différence d'équilibre du cheval entre l'abord de l'obstacle, dans les dernières foulées, et celui qu'il va avoir en allongeant fortement entre deux obstacles. Mais même en "dressage", l'équilibre du cheval dans un changement de pied ne doit pas, en principe, si on respecte la mécanique du cheval, que dans une volte, ou qu'au piaffer, et même plus, l'équilibre du cheval entre trot allongé, trot d'école, trot de travail, n'est pas du tout le même !
C'est pour celà que d'Orgeix, et d'autres avant et après lui, ont préféré parler d'EQUILIBRAGE, dans le sens où le cavalier est sans cesse entrain de modifier l'équilibre de son cheval, entrain de passer d'un équilibre à un autre.
Ceci étant dit, revenons à nos histoires de relevé d'encolure.
Pourquoi on apprend ce geste donc ?
Parce qu'il a été constaté par de nombreux cavaliers de renom, dont d'Orgeix, mais aussi Philippe Karl ou François Baucher, ou le Comte d'Aure, ou Etienne Beudant, entre autres, que le SEUL et UNIQUE moyen pour reporter du poids sur les hanches était
d'élever la base de l'encolure.
Oui, quand on parle de relevé d'encolure, on parle de relever
sa base. Ce qui ne peut pas se faire sans relever l'ensemble de l'encolure. Par contre, on peut relever le bout du nez sans toucher en rien à la base de l'encolure : soyons d'accord que ça, ça ne sert à rien, voir même c'est néfaste pour le cheval.
Quand on parle de relevé d'encolure, enfin en tous cas quand moi, j'en parle (mais je sais que je ne suis pas le seul), j'entends bel et bien l'encolure qui se relève
base incluse, et, se faisant, renvoie du poids sur les postérieurs.
C'est un geste qu'on apprend au cheval parce qu'il n'est pas naturel, pour la très grande majorité des chevaux. On lui apprend progressivement, centimètre par centimètre, sur une durée plus ou moins longue, ceci afin d'arriver à un relevé le plus complet possible, mais dans la souplesse, après avoir développé une musculature qui le permette sans coincer le cheval.
L'apprentissage du geste se faite dans la
variation des attitudes. A aucun moment on ne dit qu'il faut que le cheval soit 100% du temps dans cette attitude. Tant chez d'Orgeix que chez Karl et Baucher, on travaille le relevé d'encolure dans les variations : à savoir relever l'encolure, puis la réétendre, puis la relever, puis la réétendre. Ce qui peut aussi s'exprimer autrement : mettre le poids sur les postérieurs, puis laisser le cheval s'étendre en remettant du poids sur les antérieurs, puis remettre le poids derrière, puis le laisser revenir devant.
Et on en revient à la finalité de la chose : pouvoir faire varier, à l'infini, et à volonté, l'attitude et donc l'équilibre du cheval.
Et là, donc, je rejoins Cyriline : contracter, étirer, travailler les muscles, les assouplir. LA RICHESSE VIENT DE LA DIVERSITE.
Simplement, l'extension de l'encolure vers le bas et vers l'avant est un geste naturel pour le cheval, alors que le relevé de l'encolure (base incluse, rappellons le !) ne l'est PAS DU TOUT.
Après, une fois que le cheval est musclé et formé à l'exercice des variations d'attitude et d'équilibre, en effet, le travail se fait dans une attitude assez relevé, qui tend au ramené, puis au rassemblé. Pourquoi ? Parce qu'on a constaté que c'était dans ces attitudes que le cheval travaillait dans la souplesse, la puissance et la légèreté. Pourquoi TOUS les exercices de haute école se font-ils au rassemblé ? Parce que c'est cette attitude qui favorise l'élévation des allures, le travail du cheval dans le bon sens, par les abdominaux, avec un dos maintenu.
Donc, une fois que la chose est acquise, oui, on travaille les chevaux dans des attitudes assez relevées, car ces attitudes sont celles qui favorisent élévation des allures, légèreté et puissance.
Mais encore une fois, il ne s'agit en AUCUN CAS, dans l'heure de travail de rester 60 minutes là haut ! Le travail est immensémment fractionné, avec de nombreux temps de pause, et de nombreux temps où on laisse le cheval s'étendre vers le bas et vers l'avant. Et même des temps on où on revient aux variations d'attitude (quelques foulées relevées, quelques foulées étendues, et ainsi de suite). Pour ma part, il n'y a pas une seule séance où je ne prenne pas au moins 5 à 10 minutes pour revenir à ces variations, je ponctue toutes mes séances de phases d'extensions et d'étirements sur le cercle, je les commence TOUTES par du travail de flexion d'encolure, puis du travail de 2 pistes dans des attitudes moyennement relevées, et je relève au fur et à mesure. Et, en fin de séance, je reviens vers l'extension d'encolure et les étirements sur le cercle.
Je le répète : le relevé d'encolure est un GESTE qui permet de débloquer certaines attitudes et certains équilibres dont on se sert ensuite grandement dans le travail. Mais il n'est pas, et il n'a jamais été question de rester 100% du temps là haut ! La richesse vient des variations, toujours.
Soyons enfin précis sur un point : Il n'a JAMAIS été question de laisser de côté la légèreté. Tant à la main, qu'à la jambe.
Et la légèreté à la main, c'est quoi ? C'est le cheval qui cède dans sa machoire et sa nuque.
Le relevé d'encolure ne doit JAMAIS se pratiquer et s'obtenir au détriment de la décontraction de la machoire qui entraine la cession de nuque. JAMAIS, JAMAIS, JAMAIS. Sinon, effectivement on se retrouve avec des chevaux à la renverse.
De plus, le relevé d'encolure, comme précisé ci-avant, entraine un report de poids sur les postérieurs.
Ce report de poids n'a aucune utilité s'il ne s'accompagne pas d'un abaissement des hanches proportionnels. C'est la condition indispensable pour obtenir un travail correct du cheval, par la sangle abdominale.
Il est clair et net qu'un relevé d'encolure qui se fait sans élévation de la base, avec une nuque complètement ouverte, une bouche contractée et un abaissement des hanches inexistant est
inutile et néfaste à la santé physique du cheval. Mais, encore une fois, il n'a jamais été question de tout ça.
Le relevé d'encolure doit s'obtenir avec la décontraction de la machoire, la cession de nuque, l'élévation de la BASE de l'encolure et l'abaissement des hanches. TOUT CA A LA FOIS. Sinon, l'exercice est faux, en effet. D'ailleurs, dans 90% des cas de cavaliers non accompagnés par quelqu'un pouvant leur enseigner correctement la chose, et qui constatent que "c'est pas bien", il manque un ou plusieurs de ces éléments.
Or, on ne peut pas juger une méthode si elle est mal appliquée
Voilà, plus ou moins bien expliquée, ma conception de la chose.
Permets moi de répondre ensuite à tes réponses
|  | Sans doute le fait a long terme d'avoir un cheval qui a la morphologie d'un cheval de polo..... |
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Regarde donc la photo de la jument que je monte en concours, formée au relevé d'encolure :
Trouves-tu vraiment que sa morphologie ressemble à celle d'un cheval de polo ? Moi, pas vraiment. Normal, le travail n'est pas du tout le même.
Et, au delà de ça, que reproches-tu à la morphologie d'un cheval de polo ? (Je ne parle pas du tout du travail des chevaux de polo, sur lequel je ne m'exprimerais pas.... Mais uniquement de la morphologie d'un bon cheval de polo : qu'a-t-elle de mauvais ?)

Je me dois d'être en désaccord sur cette définition du bon galop.
Pour moi, le bon galop.... dépend des circonstances ! Il dépend de ce qu'on fait, de ce qu'on veut obtenir. Le bon galop pour effectuer des changements de pied au temps n'est pas le même que celui pour effectuer une pirouette au galop, qui n'est pas le même que celui pour aller sauter une barre de spa d'1m60, qui lui même n'est pas le même que celui pour aller sauter un vertical d'1m10, qui lui même va varier en fonction du fait qu'on veuille prendre ce vertical de prêt, de loin, tourner court derrière ou au contraire aller galoper vers la ligne d'arrivée...
Donc, pour moi, le bon galop... "ça dépend" ^^
|  | ]Pour moi quand il a la tete en l'air il n'est plus dans la cession de nuque,on le met dans une position identique a celle d'un trotteur.....donc artificielle. |
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Bien sur que les attitudes de travail sont artificielles ! Un cheval, dans la nature, ça a globalement des attitudes très peu propices à l'obstacle, au dressage, à toutes ces choses qu'on leur demande en équitation. J'ai envie de dire HEUREUSEMENT qu'on leur apprend des attitudes "artificielles" !
Un sportif, ça doit apprendre des gestes, des positions qu'il ne pratique pas "naturellement", tous les jours. En tennis par exemple, les différents appuis sont souvent à apprendre, ils sont ARTIFICIELS. Ils sont pourtant souhaitables pour pratiquer ce sport dans de bonnes conditions.
Pour le cheval, l'équitation c'est pareil. Pour pratiquer dans de bonnes conditions, il doit apprendre des attitudes qui sont artificielles, dans le sens où, dans son pré, il ne le prend pas tout seul.
Après, concernant la comparaison avec le trotteur, je me dois de m'offusquer. Désolé, mais entre ça :

(cheval au piaffé, par Philippe Karl, dans une attitude de relevé assez prononcé de l'encolure et de sa base, AVEC UNE NUQUE CEDEE, preuve que les deux ne sont pas incompatibles, et abaissement des hanches, conséquences d'une encolure relevée AVEC sa base)
Et ça :
Pour moi, il y a quand même une SACREE différence, non ?
|  | Rrouh,il faut que j'essaie d'etre technique la...difficile de trouver un photo qui illustre bien sans qu'un detail ne me tilt.Alors disons que si le rassembler porte l'encolure(la ligne du dessus) a un angle de 45°,j'espere que tu vois ce que je veux dire,mon attitude de dress' naturelle se situera quelque chose comme 20° plus bas.Fluide ronde et deliée.Pour moi c'est a partir d'un travail comme cela,qu'on gymnastique son cheval,EED(etc),arret,reculer,transitions pour obtenir le rassembler.L'exercice le prepare et l'ammene tout seul a engager les posterieurs sous la masse et elever le garrot.Ce n'est pas parce qu'on lui leve la tete qu'il se rassemble..........
Je sais par ailleurs ou j'ai deviné que cette aide vibrante vers le haut sera necessaire pour stimuler un piaffer ou un passage accompagné de l'assiette.....mais c'est un stade ultime dans le dressage.....en aucun cas ce qu'on fait tous les jours...enfin je ne sais pas pour toi
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C'est surtout là notre grande divergence de point de vue. Pour toi, le relevé d'encolure est une conséquence du rassemblé.
Pour moi, le rassemblé s'obtient, ENTRE AUTRES, soyons d'accord là dessus, du relevé d'encolure
bien pratique (c'est à dire comme je l'ai décrit).
Et pour expliquer celà, je vais m'en remettre à Philippe Karl et François Baucher :
(extrait d'une lettre de Philippe Karl)
|  | Engagement des postérieurs et relèvement de l’encolure
La locomotion animale est une science intéressante, étudiée par des gens sérieux, et que l’équitation ne peut se permettre d’ignorer. Analysez des milliers de photos de chevaux montés au trot :
•Qu’ils soient au trot allongé, dit de travail, rassemblé ou d’école… les membres de la paire diagonale à l’appui restent toujours strictement PARALLÈLES.
Et mieux encore : dans la forme la plus rassemblée du trot, le PASSAGE, les membres à l’appui ne convergent jamais. Les bases sont même très souvent OUVERTES par l’ARRIÈRE.
•Ce RASSEMBLER là ne s’accompagne donc d’AUCUN raccourcissement des bases de sustentation ! Les foulées se raccourcissent, pas les bases.
Conclusions
•[Dans le simple mouvement en avant], le relèvement de l’encolure ne peut EN AUCUN CAS résulter d’un rassembler provoqué par la raccourcissement des bases de sustentation… pour la simple raison que ce dernier est une pure vue de l’esprit !
•C’est au contraire le relèvement de l’encolure (équilibre oblige) qui, conjugué à l’activité, amène le rassembler dans le mouvement en avant.
•C’est seulement quand il manie sur place ou presque (piaffer, galop très rassemblé) que le cheval peut et doit raccourcir ses bases.
•Sérieusement analysé, le rassembler est un phénomène complexe et multiforme. Il ne peut en aucune manière se réduire à l’engagement des postérieurs sous la masse.
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Assez équivoque non ?
Et donc, François Baucher qui parle du rassembler :
|  | Le rassembler consiste à provoquer le fonctionnement, la mise en jeu des ressorts de l'organisme. D'obtenir "laction" sur place ou, si l'on est en marche, à l'augmenter, sans produire un accroissement de vitesse appréciable.
IL A POUR CONSEQUENCE l'engagement des membres postérieurs, et l'élévation des mouvements.
(Petit commentaire : on voit bien ici que l'engagement des postérieurs n'amène pas le rassembler. C'est le rassembler qui amène le travail des postérieurs.)
Il faut toujours que l'animal soir léger et ramené avant de chercher à la rassembler, la légèreté s'obtenant bien avec la tête très élevée.
Jamais le cheval ne doit [toujours en parlant du rassemblé] perdre en soutien de son encolure. |
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Je crois que ça se passe de commentaires supplémentaires
Fiou, voilà, j'ai fini.
Je tiens à préciser que ma réponse n'a rien de virulent ou belliqueux, elle ne fait qu'expliquer mon point de vue, les raisons de mon point de vue, et à expliquer mes désaccords, argumentés au mieux. Elle vise à être constructive, et j'espère que tu la prendras bien comme telle.
Tout comme j'espère une réponse, elle aussi constructive
