erell29 a écrit le 28/11/2010 à 11h48: |
| | Thursday, alors cite nous des livres d'éthologie qui prouve qu'un cheval aime travailler ?
Dis moi comme savoir lorsqu'un cheval interprète une situation comme un jeu ? En sachant que qu'est ce que tu décris comme jeu ?
Qu'est ce que l'imprégnation par soumission totale pour toi: référence aux travaux de Miller peut être ?
Personnellement, je doute pas qu'un cheval aime la stimulation cognitive mais pas physique ! |
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J'ai dit qu'un cheval peut apprendre à aimer le travail, (ce qui sous-entend qu'il n'apprécie cette partie de sa vie que si la (les) personnes qui l'éduquent tienne(nt) compte de ses besoins physiques et mentaux). Je citerai
psychologie et comportement du cheval de Danièle Gossin (ouvrage cité pour son sérieux par le CNRS):
"
Un cheval n'est paresseux que -si son travail lui pèse , lui semble monotone - si son état général n'est pas satisfaisant - s'il souffre d'un endroit précis - s'il boude ses rations par dégoût d'une certaine nourriture - s'il s'ennuie - s'il a un quelconque problème psychologique - s'il n'a pas avec son cavalier suffisamment de liens affectifs pour faire les efforts que celui-ci lui demande"
Cet ouvrage n'est pas le seul à dénoncer l'effet pervers sur le comportement équin au travail causé par le manque d'intérêt (que le cavalier provoque
par une approche trop répétitive du travail) le manque de plaisir par valorisation (saute-plus haut- plus haut-encore plus haut-plus haut ah zut tu n'y arrives plus là mais tu vas le passer quand même si je te pressure à fond), ou tout simplement l'ignorance des
besoins d'un cerveau équin pour se développer (richesse de l'environnement, vie sociale, modification des schémas de travail...et oui, qualité du lien affectif avec le cavalier, ou si l'on préfère ,
capacité de l'homme à établir une connexion avec le cheval en contexte de travail).
J'ajouterai que le bon cavalier, professeur d'équitation de son cheval,
doit aussi bien savoir le "brancher" sur un exercice que lui lâcher la grappe à temps afin de tenir compte de l'impossibilité de maintenir chez lui une concentration perpetuelle. C'est une vérité applicable à tout sujet intelligent en situation d'apprentissage (enfant, animal, même topo).
C'est là que se révèle tout l'intérêt d'une remise en cause du cavalier dresseur, qui comme tout prof a besoin d'éveiller l'intérêt de son élève (même si c'est un cheval) pour permettre l'acquisition et le renforcement du savoir et du savoir-faire.
Ce qui amuse le cheval excite sa curiosité; il prête davantage d'attention à sa séance de travail si celle-ci présente
un caractère ludique. Comment savoir si le cheval prend plaisir à la séance?
l'observer le plus possible permet d'améliorer notre perception du vécu du cheval au travail; changer d'exercice assez tôt pour
ne pas le saouler, proposer en pleine séance des
activités innatendues (ex
marche où tu veux du moment que tu marches je ne te donnes pas de direction),
varier la longueur des séances (
tu as vraiment réussi ton saut du premier coup, on arrête, je descends et retire ta selle de suite même si on n'a bossé qu'une demi-heure).
Courir après quelqu'un avec son cavalier sur un signal donné (comme dans le travail du bétail) est un jeu qui plaît énormément à plusieurs de mes chevaux. Ils n'en oublient pas le respect(ils bloquent le gars qu'ils pourchassent sans rentrer dans son espace) mais sont enthousiastes quand on leur propose cette activité
au point d'exécuter les mouvements d'eux mêmes au signal du cavalier.
Je précise que le concept du jeu pour moi est régi par des impératifs: le cheval doit avoir l'occasion de manifester des initiatives personnelles, tout en gardant les règles de respect et de sécurité.
On voit sur le cheval les manifestations de plaisir au travail si on n'est pas aveugle: les transitions saluées par un mouvement de tête joyeux, l'application qui est d'autant plus grande que le cheval sait qu'on lui laissera savourer une pause réelle si il trouve la solution de la demande du cavalier, l'aisance dans le mouvement et l'impulsion facilitée.
Quand on travaille avec un cheval, on lui apprend à associer un stimulus "aide" avec une réponse souhaitée: cela nous impose de lui faciliter l'apprentissage par tout ce que nous pouvons imaginer, et la pédagogie qu'un enseignant doit adapter à la façon de comprendre de son élève doit selon moi nous inspirer:
Etre intéressant n'est pas incompatible avec le fait d'être efficace, bien au contraire;
Savoir amuser de temps à autre ne veut pas dire laisser tout faire
Modifier son approche d'un sujet en tenant compte de signes évidents de refus ou de difficulté n'est pas de la faiblesse mais de la sagesse
Etre ferme sur les limites à ne pas dépasser n'exclue pas la possibilité d'accorder de la liberté, de la douceur.
La règle n°1 du jeu est de ne pas changer les règles : la cohérence permet
le travail à deux autant que la complicité.
A chacun de choisir des jeux en fonction de son caractère et de celui du cheval : travail en liberté ou en longe incluant des figures innattendues, jeu du chat et de la souris cité plus haut, utilisation d'accessoire (ballon...) c'est à nous d'enrichir notre façon d'apprendre au cheval l'équitation.
Effectivement je ne cautionne pas la recherche de la soumission du cheval comme principe de l'équitation: je cherche à obtenir
le maximum de coopération de la part de mon cheval, et je ne suis pas la seule à penser que cette éthique produit de meilleures performances; il est en tout cas prouvé que cela permet un meilleur développement des capacités du cerveau du cheval.
Les manipulations aux premières heures de la vie du poulain préconisé par le Dr Miller me semblent peu concluantes et même possiblement néfastes.
1) Des études ont montré que les poulains qui étaient extrêmement manipulés à leur naissance ne conservaient pas d'imprégnation sur le long terme (je rappelle que Miller impose au poulain d'être touché partout , couché, serré entre les jambes, d'avoir un doigt introduit dans les naseaux, la bouche, l'anus etc dans le but de laisser chez lui l'empreinte d'une acceptation de toutes les manipulations que l'homme devra lui apprendre dans sa vie).
2)On a recensé un nombre significatif de poulains "Miller" qui présentaient une forte intolérance à l'homme une fois plus âgés
3) Je crois comme beaucoup qu'il est préjudiciable de parasiter les premiers contacts mère-poulain en imposant à ce moment précis une longue série de manipulations éprouvantes et assez invasives.
Je ne suis pas née sur la planète bisounours et fixe des limites qui effectivement sont nécessaires à la relation cheval-humain; néanmoins, si mon cheval cède à une aide, je tache de céder en contrepartie quelque chose qui lui donnera de la satisfaction; je trouve plus judicieux de négocier posément que de soumettre, surtout avec un animal puissant et rapide, non dénué d'intelligence et considérablement différent de nous sur le plan de l'instinct.
Ce qui me scandalise c'est le manque de nuances; je ne comprends ni les partisans du cheval -poupée, ni ceux du cheval -bête et gourmand, mais doué pour le sport! Il y a un juste milieu qui épargnerait pas mal de souffrances aux chevaux. J'espère que ceux qui me liront ne seront pas tous morts suite à la longueur de ma réponse.