Bon !
Je me suis collée les 24 pages d'une traite, je suis d'attaque
Plus sérieusement, je rejoins la majorité : réaction un peu radicale par rapport à ce qu'a fait ce cheval.
Plusieurs points :
- Ce n'est pas parce qu'un cheval est dans une structure équestre qu'il est forcément en contact avec la (jeune ou novice) clientèle. Dans mon ancien club, il y a certains chevaux que je n'ai pas pu approcher avant d'avoir une certaine habitude du milieu.
- Si on envoyait au marchand chaque cheval qui se lève et latte derrière, on aurait plus grand chose pour pratiquer l'équitation. J'ai passé trois ans en lycée, j'étais mineure et donc sous responsabilité autre que la mienne, et pourtant on nous faisait manipuler des jeunes individus (3 à 5/6 ans) pour du débourrage. Il y avait des crèmes, et il y avait aussi des chevaux plus effrayés, plus réticents, qui n'hésitaient pas à te faire comprendre que tu les faisais chier, avec ton licol et ton stick. On les as pas virés au couteau pour autant, on les a bien débourrés comme les autres. Même à nos jeunes âges et notre expérience variable. En revanche on était encadrés et on avait du matos approprié. Le roi de la pointe, on le manipulait pas en licol, quoi. C'était caveçon et stick, au début, du moins.
- Quand je travaillais comme animatrice poney, on a un grand machin, bien plonplon, gentil comme tout, qui a un beau jour décidé de péter un boulon alors qu'une gamine le ramenait au pré. Le bidule s'est pointé, et l'a bousculée en dégageant ventre à terre. La gamine est juste tombée sur les fesses, heureusement, mais le cheval est pas partie chez le marchand pour autant. Le gérant du club décrété que ce cheval serait dorénavant manipulé avec son filet en main, et qu'une anim' devait toujours être là pour le ramener au pré.
Il n'a plus jamais fait l'andouille, c'est resté une pâte toute la saison.
- Faut pas oublier que les chevaux ne pensent pas comme nous, c'est donc plus compliqué de comprendre, et de se mettre à leur place.
En plus, un cheval comme celui ci, exposé au milieu stressant qu'est le monde des courses, a pu facilement faire une association malheureuse à ce moment-là.
Ça a pu être n'importe quoi ! La couleur du pull, l'odeur du déo, un mot que le gérant aurait dit, un geste (même anodin pour nous) ! N'importe quoi a pu le mettre dans une situation de défense extrême !
Je connaissais un cheval qui devenait FOU dès qu'il voyait un fil bleu, parce qu'une fois il s'est pris la tatagne de sa vie sur un fil bleu. Depuis, phobique du fil bleu.
Un autre, cet été, gentil poney adooorable, qui bouge pas, n'importe quel niveau sur le dos impec', le bon poney. Qui aurait cru que cette bonne pâte allait avoir une peur monstrueuse des bouteilles en plastique ? Alors qu'il ne craignait ni le pchit anti-mouche, ni l'eau, peur de rien en extérieur, vie au pré avec les potes... Et panique à bord dès qu'il y a une malheureuse bouteille. Mais une vraie panique, à en avoir RIEN à foutre de ce qui se passe autour de lui, son seul objectif : fuir la bouteille qui va le manger ! Résultat, une gamine par terre, un poney limite debout. Ça va qu'il faisait 1m20, ç'aurait été un PS de 250kg de plus, je faisais pas le poids, et rien m'assure que j'aurais pas pris un shoot non plus.
J'ai seulement mis 20 minutes pour lui faire comprendre que la bouteille pas manger poney. 20 minutes.
- Faut pas oublier aussi que les chevaux ont un affect avec nous. Y a des chevaux qui peuvent pas nous piffrer et qui sont plus à l'aise avec d'autres cavaliers.
Exemple, cheval très grognon et mordeur dans mon ancien club. Avec certains cavaliers qui l'envoyaient chier, ou qui l'ignoraient, il était vraiment pas commode, tendait l'encolure pour chopper toutes dents dehors. Et avec d'autres, quand tu prenais le temps de capter son attention et de t'intéresser à lui, il bougonnait un peu, puis finalement appréciait une gratouille (pas trop longtemps non plus ^^). Une autre jument, très mauvais caractère aussi, très grognon au box, hésitait pas à choper les vêtements, à tourner les fesses. Ben avec une copine à moi, rien du tout, elle avait l'habitude de la sortir en compèt', elle l'adorait, et la jument lui disait rien, tout nickel, pas une oreille qui bouge. Pas une question d'expérience, parce qu'avec mes autre copines, on montait ensemble depuis longtemps, moi j'avais même eu mon expérience avec les jeunes chevaux au lycée entre autres, on avait un niveau plus ou moins égal et on savait se faire respecter, mais la jument testait quand même quand tu mettais un pied dans le box. Pas avec ma copine. Question d'affect.
Autre anecdote, dans un club où j'ai fait un stage, je me suis pris plusieurs lattées par une mini crotte de ponette (moins d'1m ^^), la gérante aussi, c'était une petite "counasse de ponette" comme on disait. C'était juste histoire de dire "non, veut pas vous voir, vous allez me brosser, j'ai pas envie, zou !". On avait beau gronder, et féliciter quand elle était sage, elle avait toujours cette sale manie (précision, le tout dans un poney club, donc rempli d'enfants, hein. Juste que la ponette était manipulée par nous, et pas par les gosses, ça l'empêchait pas d'être au pré avec tout le monde et de participer à la vie du club, sous encadrement). Sauf avec un bénévole, bon cavalier qui venait tous les jours filer un coup de main. Il l'approchait et l'attrapait sans heurt, encore une fois, question d'affect : elle l'aimait bien, et lui avait associé quelque chose de plus agréable qu'à nous autres.
Tout ça pour dire que ce petit cheval de 6 ans avait aussi peut-être moins d'affinités avec le gérant, qu'il le craignait un peu, ou qu'il l'avait associé à quelque chose de désagréable, et qu'un geste/mot/odeur de sa part a suffit à déclencher une réaction de panique.
- A titre personnel, je l'aurais mauvaise de me débarrasser d'un cheval sans avoir su le pourquoi du comment. J'aurais du mal à dormir la nuit. D'avoir refilé le bébé sans savoir pourquoi, et sans avoir tenté de régler le souci.
Parce qu'au final, ce cheval a peut-être agi bizarrement, inhabituellement, et a eu une réaction assez violente, mais il ne l'a eue qu'une seule fois, et avec une personne en particulier.
Je trouve ça hâtif de s'en débarrasser, surtout s'il a bien honoré sa tâche de cheval de club les mois précédents.
Maintenant vous êtes "prévenus", peut-être manipuler le cheval autrement (avec une longe déjà), avec des précautions, des situations différentes, et ne plus l'exposer aux clients le temps de trouver de quoi il s'agit. Rassembler les éléments connus pour voir ce qui l'a conduit à se défendre avec une telle force.
C'est peut-être un très bon cheval très sympa, dommage de lui réserver un sort si indécis (et au pire funeste), alors que c'est peut-être une peur ou un trauma qui peut se rattraper. Peut-être aussi en 20 minutes...
En somme, navrée de dire ça, mais puisque la scénario est encore flou, le cheval n'est aussi peut-être pas "fautif"...
Il y a pas mal de pistes à explorer selon moi, avant de se débarrasser du cheval. C'est ça aussi, le cheval : animal imprévisible, et il me semble que quand on fait ce métier, ou quand on a cette passion, c'est justement ce côté-là aussi, du cheval, qui nous anime, qui fait que rien n'est acquis et qu'on construit toujours, tous les jours, nos relations avec les chevaux, et ce malgré le risque, parce qu'avec les chevaux il y a toujours du risque.
Et maintenant, je ressors une phrase "culte" de CA : navrée pour la pavé