La position du cavalier

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Powlet

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La position du cavalier
Posté le 29/07/2018 à 23h18

Hello

Je reviens d'un stage chez Isa Danne, pour celles qui connaissent (pour les autres c'est une excellente écuyère qui pratique l'équitation classique, formée en partie par d'Orgeix) où j'ai vécu une très belle expérience. Cette dresseuse est très douée, j'ai appris énormément de choses. Son équitation est très hétérodoxe donc son enseignement remet en cause beaucoup de choses que l'on apprend sans trop se poser de questions.

Parmi celles-ci, il y en a une qui m'intrigue, c'est la question de la position de la cavalière : Isa propose des cours sur simulateurs qui permettent de vraiment ne bosser que sur la position. Elle explique qu'il ne faut pas, comme on l'apprend, accompagner le mouvement du cheval avec son bassin, avec des mouvements en avant.

Pour elle, il faut envoyer sa poitrine vers le haut et vers l'avant pour monter le dos et, au lieu d'accompagner, laisser seulement l'articulation coxo-fémorale s'ouvrir et se fermer, ce qui amène à ne plus faire qu'un mouvement du bas vers le haut (Je ne suis pas si je suis très claire déso).

Je précise que je suis arrivée chez Isa avec un mal de dos notamment engendré par une séance de trot assis. Et que celui-ci a totalement disparu au cours du stage.

Isa explique qu'il est courant d'entendre dire que les cavaliers ont mal au dos et que c'est normal mais selon elle ce n'est pas normal, c'est la position enseignée qui génère des maux de dos, notamment pour les vertèbres lombaires.

La position qu'elle préconise est décriée dans les manuels, dès le galop 2 je crois, car jugée trop "cambrée". Pourtant cette position est bien celle que j'adopte quand je cherche à m'asseoir droite à table, par exemple.

Bref, du coup je m'interroge sur l'explication scientifique de l'injonction au "dos droit", comment est-elle justifiée ? Pourquoi le reins légèrement cambré est-il décrié ?

Je ne sais pas si vous aurez plus de réponses à cette question assez technique mais je ne pouvais pas la garder pour moi :)

A+!

Couagga

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La position du cavalier
Posté le 10/08/2018 à 11h08

clochette11

Je vais essayer de répondre. C’est bien sûr ma façon de voir les choses. Elle rejoint celle d'Isa.


Citation :
Ce que je constate, par exemple, lorsque ma jument me tracte en s’enfermant et qu’elle est complètement sur les’ épaules, c’est qu’avec le demi arrêt, elle se redresse, place son encolure plus à l’horizontale, et je sens clairement qu’elle ne pèse plus et ne tracte plus.


Sa bouche a lâché ta main, c’est ce que tu ressens devant, mais a-t-elle pour autant plié ses hanches ? la réponse est probablement non.

Beaucoup de personne passant d’un mors simple à un pelham ou une bride en concluent « mon cheval est plus léger ». Pensant qu’il engage et se porte enfin… Alors que le cheval a seulement arrêté de s’appuyer sur le mors.

Sur le même principe, le demi-arrêt sanctionne l’appui sur le mors. Dès que le cheval arrête de s’appuyer la sensation dans la main est plus agréable pour le cavalier mais cela ne garantit en rien que le reste du corps fonctionne.

Je ne sais pas si c’est le cas mais si tu as recours aux demi-arrêts à chaque séance c’est que le boulot n’est pas fait par ailleurs. Plus tu sanctionnes la bouche plus la jument va chercher à se mettre en retrait de la main, donc à s’enfermer pas exemple. Si tu cherches à la relever et l’ouvrir, il faut d’abord aller se connecter avec sa bouche (ou que soit positionner la tête), la rendre confiante à la main (le demi-arrêt fait l’inverse), la décontracter, puis, lorsqu’elle suit la main avec confiance, avancer progressivement les mains, étape par étape, pour qu’elle s’ouvre (en se fichant de ce que pensent les gens !), puis une fois qu’elle est ouverte, remonter gentiment toujours dans la progression. Une fois la jument déroulée et remontée naturellement, parce qu’elle le peut physiquement et mentalement, alors il est éventuellement temps de s’interroger sur une attitude académique… Mais pas avant. Voilà, c’est ma façon d’aborder les choses pour éviter de recourir à la sanction.

Le pli et le contre-pli s’adresse à la nuque. La dissymétrie relève d’un groupe musculaire plus fort que l’autre (une épaule, un postérieur, un latéral, un diagonal). Pour résoudre un problème de dissymétrie il faut travailler sur les groupes musculaires pour les harmoniser.

Lorsqu’on travaille le pli /contre pli, on cherche la mobilisation articulaire. Qui est un élément important. Mais ce n’est qu’un élément et c’est différent du travail sur un groupe musculaire. Tout comme le fait de rompre une résistance à la bouche par un demi-arrêt. Ce sont des gestes ciblés qui ne sont pas des exercices de développement musculaire. Tant qu’on ne donne pas les ressources physiques suffisantes par le travail et les exercices gymnastiques, les gestes correctifs restent des palliatifs. Pour moi, il faut procéder à l’inverse pour que le cheval vive l’équitation comme une expérience positive. On prépare musculairement, mentalement, on guide, on renforce, on assouplit, pour amener vers la réussite mais on ne sanctionne pas la difficulté ou la réticence à faire une chose.


Citation :
Elle travaille aussi beaucoup en deux pistes, pour l’assouplir et lui faire bouger les hanches, mais c’est Une tendance naturelle, chez elle de s’enfermer même en extension d’encolure.


Voilà, ça se sont des exercices gymnastiques constructifs . Un cheval qui s’enferme est un cheval qui déjoue l’effort demandé (si on écarte les cas de mains dures et d’abus d’outils coercitifs). Si elle s’enferme dans les exercices c’est que l’exercice n’est pas correctement dosé ou préparé par rapport à sa disponibilité. Physique ou mentale. Il faut la guider vers la bonne attitude en lui donnant les moyens d’y parvenir de façon bienveillante et non pas la sanction.


Citation :
Comment considères tu les leçons de jambes? Parcequ’avec Un cheval qui n’avance pas, tu ne fais rien


J’utilise la leçon de jambes. Comme je l’ai dit, j’ai aussi recours à la sanction mais je n’en fais pas une méthode. Donc c’est très rare que je fasse une leçon de jambes. Si je sens dès le départ que le cheval est en mode limace++++ et que j’ai la certitude qu’il n’y a pas de soucis physiques derrière cet état (fatigue, raideur, problème ostéo…) je fais une leçon de jambe d’entrée de jeu, une vraie et on y revient plus. No

Normalement, une leçon de jambes ce n’est pas 3 fois et plus dans une séance et à chaque séance. La réponse aux jambes c’est l’éducation de base. Je me fiche que la réponse soit mauvaise ou même timide, je veux simplement une réponse. Si aucune réponse, leçon de jambes et on n’y revient plus. C’est rare les chevaux qui ont un encéphalogramme totalement plat en réponse à la jambe. Et tant qu’il y a une esquisse de réponse, il y a moyen de travailler sur la motivation. Je sais que pour certains, le rappel à l’ordre est valable dès que la réponse n’est pas nette. Je privilégie la recherche de la motivation, la leçon de jambe reste le dernier recours. Pour moi c’est une sanction, au même titre que le demi-arrêt. J'évite au maximum, ça ne fait pas partie de mon travail. Je ne l'envisage pas comme un outil parmi d'autre. C'est une sanction.

Pour moi, dès qu’il y a un problème dans le rapport main/bouche (ou même la rapport à la jambe), ça devient le premier objectif de travail : assainir ce rapport, rendre confiance, stabiliser, affiner. C’est une entreprise de séduction. La bouche du cheval ne doit pas souffrir de la présence de la main au bout des rênes. Il n’est pas question d’abandonner les rênes et de renoncer à un contact, il est question de réapprendre à dialoguer de façon franche et saine. C’est un dialogue kinésthésique, tactile, équitable, où le cheval ne doit pas brutaliser la main, la main ne doit pas brutaliser le cheval et chacun doit pouvoir faire ressentir à l’autre ses intentions et sa disponibilité en étant écouté. Pour moi, il n’y a donc pas de place pour un geste volontairement désagréable.

Je reprends cette image de prendre quelqu’un par la main. L’étreinte peut être plus ou moins intensive sans pour autant devenir désagréable, l’un peut guider le mouvement de l’autre sans lui être désagréable. C’est ça le tact. Le travail permanent de toute la vie du cavalier.

Pour moi un cheval qui fuit la main en passant au-dessus ou derrière, ou qui la neutralise en s’appuyant, en encensant ou en tirant, ce cheval envoie clairement des informations. C’est trop dur, trop inconfortable, incompréhensible,… Je ne me vois pas le sanctionner pour ça. D’abord vérifier le matériel, les réglages, la conformation, écarter toutes hypothèses pathologiques, mais évidemment pour moi ensuite, c’est la reconsidération de la main du cavalier, de sa façon de demander, de ce qu’il demande, sa posture, sa cohérence, le respect des préalables, etc…

La relation main/bouche c’est le révélateur d’énormément de choses. Plus les chevaux sont délicats à la bouche plus ils exigent la reconsidération du cavalier sur lui-même. Il ne s’agit même pas d’être bon ou pas, simplement qu’il faut toujours vouloir être meilleur pour permettre un dialogue à la hauteur des exigences de chaque cheval. On peut avoir une super main, une bonne maitrise de son équilibre limitant tout effet parasite dans la bouche, il n’empêche qu’un cheval peut encore démontrer que pour lui, ça ne sera pas suffisant.

L’adaptation du travail est aussi un enjeu important. C’est très stratégique en fait. Tout comme la recherche du dialogue sain main/bouche. Les postures d’évitement du cheval peuvent révéler un problème de stratégie dans le travail. Pas assez de préalables, pas assez de progressivité, un oubli ou une incohérence dans les aides…. Plus le cheval est naturellement fin et réceptif, plus il sera délicat à construire. En revanche, la justesse du cavalier sera souvent récompensée par une très belle justesse du cheval.

Je n’ai pas une vision très militaire de l’équitation. Je me fiche de l’obéissance instantanée le petit doigt sur la couture. Ce qui m’importe et me satisfait pleinement c’est d’avoir un cheval avec de bonnes intentions, qui essaye. S’il réussit c’est génial mais tant qu’il essaye, tente des trucs, qu’on est dans le dialogue, je suis déjà très heureuse. ça ne me dérange pas de ne pas avoir de résultat immédiat, je préfère privilégier le temps et le dialogue. c'est ce qui m'enrichit le plus en tant que cavalière.

Couagga

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Posté le 10/08/2018 à 11h14

mlle_skellingto


Citation :
Couagga, je rebondis sur ta phrase en gras ... "D'autres réponses moins fatiguantes" ? C'est à dire ? Le cheval va essayer de répondre en "s'économisant" ?


Absolument C'est naturel, normal, on fait la même chose.

Le cheval cherche toujours la réponse au moindre effort. Il ne le fait pas par fainéantise ou pour endormir son cavalier. Il le fait parce que la nature pousse instinctivement n'importe quel organisme à ne pas gaspiller ses ressources. Donc tant que le cavalier laisse la place à de multiples possibilités de réponses, le cheval les explore bien naturellement.
L'intelligence équestre c'est de guider le cheval, par la précision des aides, vers la réponse la plus juste sans exercer de force coercitive et, de lui indiquer avec patience et tact que telle réponse n'est pas celle attendue et telle autre oui. Puis en récompensant le cheval en lui étant agréable lorsqu'il fournit la réponse attendue, lui démontrer qu'il y a également un intérêt à en retirer. Ainsi le choix de l'effort va trouver une justification suffisante pour qu'il accepte de plus en plus spontanément d'y retourner.

Couagga

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Posté le 10/08/2018 à 11h55

mlle_skellingto

j'ai zappé une partie des questions

Désolé aussi pour mes pavés je ne sais pas être laconique sur ces sujets


Citation :
Je monte actuellement une petite jeune de 5 ans (depuis quelques mois), toute verte dans le travail et franchement ... Une vraie bourrique ! Elle a un énorme caractère et j'ai donc du mal à savoir quand elle ne fait pas car elle comprend pas (à cause de moi évidemment) ou quand elle ne fait pas car elle n'a tout simplement pas "envie" ... Et comment justement "lutter" contre ses moyens mis en place par le cheval ?


Il ne faut pas lutter. Je vois bien que tu as mis des guillemets mais le choix des mots peut être révélateur...

Qu’elle n’ait pas envie ou qu’elle n’ait pas compris, ça te renvoie des informations importantes à prendre en considération et qui ne passe pas par la sanction ou l’opposition. Tu dois donc t’adapter et non lutter.

Il faut lui donner envie par la motivation. Il faut mieux lui expliquer, surtout un jeune. Par exemple, un cheval inattentif l’est parce que son cavalier est moins intéressant que le reste. Un cheval têtu, résistant, l’est parce que ce qu’on lui propose ne lui donne pas envie d’essayer… Pour X raisons. Dasn ces cas là, comme dans le tien, il ne pas renoncer à sa demande mais la reformuler, mieux, différemment, rester dans la patience, la bienveillance.

Plus le cheval est jeune ou inexpérimenté dans le travail, plus il faut prendre le temps et le tact nécessaire pour le séduire. Plus le cheval a de mauvaises expériences plus il faut lui prouver qu’on est bien intentionné, le rassurer, l’aider.

Oui, le cheval peut trouver une chose « injuste ». Dans le sens « inapproprié », « incompréhensible », « incohérent ». Et cela peut avoir des conséquences sur sa confiance, sa franchise.

Je ne sais pas si c’est le cas, mais si par exemple dans ta demande de mise en avant, tu te déséquilibres vers l’avant (ce qui envoie un signal totalement contradictoire), que ta jument refuse d’avancer et que tu la sanctionnes, elle aura bien raison de s’énerver. C’est comme si tu lui mettais la pression pour se jeter contre un mur. Ça n’a pas de sens et donc le cheval se défend contre une incohérence comportementale. Plus tu es à l’origine de telles situations, plus le cheval apprendra à se désolidariser de toi parce que tu n’envoies pas le message d’un partenaire fiable, sécurisant, « juste ».
Lorsqu’un cheval recadre un autre cheval, sauf comportement pathologique, il n’y a jamais d’acharnement. Ce que dans nos lois humaines ont va formuler comme « une riposte de même intension que l’attaque ». Le cheval, comme n'importe quel animal, doit avoir une lecture claire du comportement de son ou ses partenaires pour les considérer comme « fiables ». c’est ce qui permet l’unité du groupe, la cohésion sociale. Un individu qui a des comportements excessifs, au-delà de la compréhension suffisante de son intention, n'est pas intégré. On le rejette, on s'en éloigne, on s'en méfie et en cas de danger, on ne s'intéresse surtout pas à lui qui pose déjà problème.

Isadanne

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Posté le 10/08/2018 à 11h57

Liquescence, pas de souci le but n'est pas de te blesser. Je te dirais donc de continuer comme tu le sens sur ce chemin qui te convient apparemment.
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