lakchmi désolée de te répondre aussi tard, journées un peu chargées pour te donner une "vraie" réponse.
Citation :
si on nous parlait moins d'apparence esthétique, est-ce que "on" (je me mets dedans aussi) aurait aussi souvent des complexes, est-ce qu'on s'attacherai autant, chacun, à préserver une apparence esthétique ?
Si la notion était perçue comme secondaire voire très peu importante, et ce depuis que l'on est tout petit, est-ce qu'on se poserai autant de questions ?
Je te rejoins totalement. Dans notre société, l'apparence est très importante. Elle est également codifiée en fonction des situations, des lieux, des personnes autour de nous... Et des injonctions plus ou moins évidentes que nous avons autour de nous.
Je pense, sans me jeter des fleurs, avoir à peu près "isolé" (identifié, compris en partie..n) les injonctions à la minceur, à la peau jeune et unifiée, à être bien habillée quand je sors, à l'épilation.
Et je sais que je tombe aussi en plein dans ces injonctions. Comme beaucoup, j'ai méthodiquement arraché et éliminé mes poils, parce que, comme beaucoup je suis devenue pubère et que les poils, ça s'enlève madame. Tous.
En prenant du recul j'ai découvert que déjà, c'était en réalité plus hygiénique de les garder et que les poils n'ont pas toujours été vu comme disgracieux. Je me souviens avoir vu en cours un enregistrement plus tout jeune d'un opéra (Carmen, je crois) où la chanteuse du rôle titre lève les bras aux ciels, dévoilant des aisselles au naturel, donc bien fournie. Spoiler : pas de hurlement ni de rire dans la salle de l'opéra, mais des hurlements et des rires dans la salle de classe. Jeune âge ou "évolution" de ce qui est "beau"? Peut-être un peu des deux.
Mes poils ne me gênent pas jusqu'à un certain point (point après lequel c'est la sensation qui m'est désagréable) et si j'ai prévu de sortir en robe ou débardeur avec des amis et ne suis pas épilé... Ben tant pis, je sors quand même dans la tenue que j'avais prévu.
Pourtant, je me rase/épile quand même certaines parties du corps de temps en temps, ça me fait parfois me sentir "mieux" ou "plus belle". Et s'il y a un aspect purement personnel (la sensation désagréable), je ne peux clairement pas me vanter d'être "pure" de toute injonction... Si je vivais dans une culture où, au contraire, les poils des aisselles ou des jambes sont normaux voir même glorifiés (au pif : car plus hygiénique, barrière protectrice et symbole de maturité), je ne peux clairement pas garantir que je continuerai à autant éradiquer mes poils.
Fait amusant, je viens de faire 25 ans. Pourquoi l'une des premières pensées que j'ai eu a été "prévenir les futures rides c'est maintenant ou jamais". Personne ne m'a jamais embêté avec ça dans mon entourage, je ne connais personne qui ait dit ouvertement prévenir ses rides depuis ses 25 ans, j'ai même pas encore de rides et ma peau est plus proche de l'ado acnéique que de la femme mature... Mais je me suis faite cette réflexion. Honnêtement, je ne pense pas avoir développé des connaissances dermatologiques surprises, j'arrive même pas à gérer mes boutons... Alors je penche sur toutes les fois où j'ai pu lire ou entendre dans des médias qu'à partir de 25 ans on devenait "adulte". Vraiment "adulte". Et une femme adulte doit penser à ce à quoi elle va ressembler à 50 ans. Et j'ai regardé si ma peau était assez hydratée.
Alors qu'en plus je suis souvent subjuguée par la beauté de visage de 60, 70 ans ou plus... Honnêtement ! Un visage ridé c'est juste un visage qui a vécu milles et unes émotions et expériences, et je connais/ai vu plein de femmes qui ont des rides et que je trouve très belles !
Le plus marquant dans ma mémoire reste une Sœur croisée quand j'avais 15 ans dans un tram. Elle avait l'air très vieille, toute petite et ramassée sur elle-même, le visage creusé, des rides comme des lits de rivière... Et je me souviens encore de ce visage que j'ai trouvé magnifique. J'en avais fait part à un ami avec moi ce jours là qui m'avait aussi dit "elle est vraiment belle". Cette Sœur n'a jamais su ce que deux ados se 15 ans ont pensé d'elle, bien évidemment. Elle restait une inconnue et qui plus est une Sœur et je comprend pas trop ces choses là, je ne suis pas une personne très portée sur la religion et ses us et coutumes.
Mais voilà. Malgré cette Sœur et toutes les belles femmes et hommes que j'ai vu avec leurs rides... La veille de mes 25 ans je me suis quand même demandée si je devais et comment prévenir mes futures rides. Et d'ailleurs, je ne sais toujours pas... Probablement que si je vivais toute seule au fin fond des bois je n'en aurai rien à faire de mes futures rides