Dimanche 21 décembre :
Par une belle journée ensoleillée mais extrêmement venteuse, le stage d’éthologie tant attendu avec Benjamin, l’intervenant pratiquant entre autre l’hypnose, est enfin arrivé ! Nous sommes une petite dizaine, quasiment tous propriétaires (les autres utilisent des chevaux du club). Benjamin commence par nous expliquer son parcours (vient de Lyon, de nombreuses années à débourrer des chevaux de courses notamment, puis apprentissage de multiples méthodes de relaxation et de bien-être – hypnose, EFT, etc – qu’il exerce depuis peu en cabinet), puis nous nous présentons à tour de rôle (expérience équestre, proprio ou non, présentation de notre cheval et de ce qui nous amène à faire ce stage).
Ensuite, direction la carrière avec nos chevaux en licol pour une journée de travail à pied. On commence par des exercices simples : marcher, trotter, s’arrêter, reculer, d’abord en étant devant nos chevaux puis petit à petit en étant à côté de leur épaule. Si je n’ai pas de souci sur la plupart des points pour les pratiquer régulièrement avec mon lou, je butte (comme depuis 2 ans et demi) sur le trot en main. Séverine rencontre le même problème avec Juan, qui fait « la mule ». Benjamin les reprend tous les deux en main. Pour Ufano, il se rend vite compte que ce n’est pas de la mauvaise volonté mais plutôt de la crainte : dès qu’il place le stick sur son épaule extérieure (bras au dessus de l’encolure) pour le stimuler, il se crispe, fait les gros yeux, ronfle. Tout en finesse, il me montre alors comment m’y prendre et… en 10mn, Ufano trotte à ses côtés !!

Je réitère dans les mêmes conditions, et finis par obtenir quelques foulées ! Je suis bluffée. Même si ce ne sont que des prémices, il a obtenu en 10mn ce que je n’ai pas eu en plus de 2 ans ! Question de méthode, apparemment. Pour finir la matinée, nous affrontons à tour de rôle l’exercice de la bâche, coincée sous un carré de barres au sol pour ne pas décoller. Faire le tour, laisser sentir, traverser dans le calme. Pour les plus calmes, un arrêt sur la bâche, un demi-tour. Vient le tour d’Ufano… qui épate tout le monde. Il regarde et renifle à peine, franchit l’exercice avec une décontraction déconcertante. Il est vrai que je lui avais déjà présenté le même genre de chose une fois, avec pas mal de succès. Mais ce jour là, avec le vent, les autres, en carrière… je suis trop fière !!
L’après-midi, après un bon repas, direction les quelques obstacles sur le petit cross en bas des écuries, toujours en main. Ils sont tous en forme et contents de sortir, mais à ma grande surprise, là encore Ufano est super zen. Lors de notre passage, nous franchissons divers troncs, contre-bas et contre-haut au pas… toujours avec autant de calme ! Vraiment, je suis scotchée. Vu le contexte et nos expériences passées, je m’attendais vraiment à ce qu’il fasse l’andouille. Retour en carrière pour l’ultime exercice : le van. A tour de rôle, il faut faire le tour, laisser renifler, monter dedans (bat-flanc ouvert), rester quelques instants puis redescendre à NOTRE demande. Encore une fois, en 2mn l’exercice est plié ! Le lou observe, renifle et grimpe sans trop d’hésitations. Le seul petit bémol est la sortie : à ma demande, mais un poil précipitée à mon goût. Enfin, on ne va pas chipoter !!

Ceux qui le souhaitent retentent individuellement les exercices de la matinée : je réessaye le trot avec succès, idem pour la bâche.
Nous concluons la journée sur un petit tour de table et questions. Je passe alors un bon moment à parler avec Benjamin et Muriel, lui racontant plus en détails mon parcours, mes frayeurs, mes blessures, mes peurs. Il m’observe attentivement et m’explique alors que je n’ai pas à culpabiliser, car toute mon attitude (larmes qui montent à l’évocation de mes séances depuis la fracture de vertèbre notamment) prouve que cette chute est ancrée en moi comme un véritable traumatisme, et qu’il est normal alors que je n’arrive pas à contrôler mes émotions face à ça, qu’il n’y a rien de rationnel et rationnalisable en l’état. Il me conseille de réaliser un travail sur moi avec un spécialiste (lui, si je le souhaite) par hypnose ou EFT (méthode capable de soigner jusqu’aux traumas de guerre). Je suis soulagée, car après un peu plus d’un an, quelqu’un a enfin mis des mots sur mes maux. Je vais pouvoir arrêter de culpabiliser, de m’énerver contre moi-même face à mes peurs irraisonnées. Bref, une journée plus qu’enrichissante !!
Dimanche 28 décembre :
Le cours de la veille a été annulé car Muriel est malade. Mais ma petite sœur étant présente pour une semaine chez moi, j’en profite pour aller monter afin de remettre Ufano gentiment au travail, puisqu’il n’a pas été remonté depuis le passage de l’ostéo. Celle-ci attend d’ailleurs de ses nouvelles pour savoir s’il est nécessaire qu’elle repasse le voir. Je monte dans le manège, à l’abri du vent. La séance est courte (30-45mn) et basique, histoire de le remettre au travail et de tester son incurvation, notamment à droite : transitions inter et intra allures, cercles, serpentines et huit de chiffre. Tout semble en ordre, l’incurvation à droite est bien meilleure que les dernières semaines (même si ça reste son côté « faible ») et je ne ressens pas de grosse crispation comme les séances précédentes. Au niveau impulsion, je choisis de prendre le stick dès que je sens une petite baisse de régime, mais là grosse surprise : Ufano, qui l’acceptait depuis quelques temps, se braque, s’en effraye, fuit... Serait-ce dû au stage de la semaine précédente, où on lui a mis sur l’épaule pour le faire trotter en main ??!

Je le repose par précaution avant qu’il ne commence à faire vraiment l’andouille, mais finalement ça aura suffit à lui redonner de l’énergie pour le reste de la séance !
Vendredi 2 janvier :
Ma petite sœur souhaitant profiter de son séjour pour monter et partant le lendemain, nous avons pris une reprise exceptionnelle rien que toutes les deux. J’appréhende un peu qu’Ufano, quasi seul dans l’immense carrière, ne reprenne ses anciennes habitudes et tente de m’embraquer pour coller à Océane que monte ma sœur. Mais au final il se révèle calme et attentif. Comme ces derniers temps, on travaille sur des cercles, des huit de chiffre. L’incurvation à droite est toujours délicate, mais ça vient petit à petit. Puis nous rejoignons la piste pour un exercice au trot avec allongements dans les longueurs et petit trot assis dans les largeurs. Au trot assis, je le sens venir progressivement sur la main… il est rond, léger, rassemblé… mais lorsque je sens son dos monter sous moi… la sensation est juste magique !! Sur les longueurs, je le laisse s’étendre un peu et il me donne de superbes allongements. Il finit même par me voler le galop ! Après l’avoir repris quelques fois et voyant que tout se passe dans le calme, je décide de le laisser faire, « pour voir ». Il m’offre alors une longueur au petit galop cadencé, avant de repasser gentiment au trot à ma demande. Bon OK, il était à faux et ma position en équilibre est plus que maladroite (j’ai vraiment du mal à me détendre réellement et à retrouver ma souplesse d’assiette)… mais j’ai galopé !!! Bref, cette nouvelle année commence vraiment bien !

Je refuse toutefois la proposition de Muriel : je ne me sens toujours pas prête à lui demander moi-même un départ au galop. Chaque chose en son temps !
Pendant la reprise, Manu, un ami cascadeur de Muriel, est présent. A la fin de la séance, je discute un bon moment avec lui. Il pense que mes soucis d’assiette viennent, en dehors de défauts personnels et d’une part de crispation, d’un problème de selle. Pour lui, la mienne ne m’est pas assez adaptée : un peu petite pour moi, mes genoux se retrouvent sur les taquets trop épais qui me décollent les genoux, me font pivoter les jambes vers l’extérieur (d’où en partie mes pieds en canard), bloquant ainsi l’articulation coxo-fémorale et repoussant mes jambes vers l’arrière. Résultat : jambes pas fixes qui tentent sans cesse de retrouver leur place et un bassin en antéversion, d’où tendance à mettre du poids sur l’avant-main d’Ufano (ce qui le gêne) et reins cambrés, ce qui explique en partie le fait que j’ai rapidement mal au dos (surtout avec mes antécédents) notamment sur des allongements au trot assis. Rien que ça !! Du coup, à défaut de pouvoir changer de selle dans l’immédiat (question de budget), j’ai commencé par retirer les taquets de ma selle. A suivre au prochain numéro !
Samedi 3 janvier :
Nous ne sommes que deux : Pauline avec Île (la jument de Muriel) et moi. On reprend un peu ma séance de la veille, mêmes exercices, même combat. L’incurvation à droite s’améliore de séances en séances, même si la route est encore longue. Puis nous travaillons les allongements / rassemblés au trot sur la piste, comme la veille. Cette fois encore, Ufano m’offre un trot assis dans une attitude exceptionnelle, et de très beaux allongements. Cette fois encore, il essaie de me voler le galop… et je le laisse un peu faire

Muriel me propose alors, comme la veille, de tenter un départ au galop sur demande : « Tranquille, tu ne te mets pas la pression. Trot assis dans la largeur, et à la sortie, tu lui demandes… Tout doucement, avec une voix posée… Il est top en ce moment, je suis sûre que ça va le faire ». Non sans une petite appréhension, je me laisse tenter. Une largeur au petit trot, passage du virage… et un « galop » presque murmuré, presque comme une prière, un mot prononcé comme pour lui exprimer ma fragilité, lui dire « stp, fais attention à moi », bien loin du « GAAALOP ! » brandi avec aplomb lorsque je le longe. Et là, comme s’il avait perçu l’enjeu de ce moment, Ufano prend le galop, calmement, posément. Puis repasse au trot tout aussi calmement, comme si de rien n’était. Comme s’il avait toujours fait ça, comme si c’était naturel. Moi je suis sur mon nuage !!!

Je retente l’expérience, avec pour mot d’ordre d’essayer de me décontracter afin d’avoir plus de liant dans mon assiette. Cette fois Ufano est un peu plus rapide, et moi un peu moins à l’aise, même si tout reste sous contrôle. Je décide d’en rester là, car je sens que j’ai eu mon quota d’émotions pour la reprise. Je termine le sourire aux lèvres, fière de lui… et un peu de moi aussi !
PS: Léger mieux depuis que j’ai retiré les taquets de ma selle. Je réfléchis quand même à la changer à long terme, mais il me faudrait trouver un bon saddle-fitter dans le coin. Car si j’ai toujours essayé de faire attention à l’adéquation de ma selle au dos d’Ufano… j’y connais pas grand-chose niveau adéquation au cavalier !