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Tu peux en rire, moi ça ne m'a jamais fais marrer. Ni mes autres camarades qui ne rentraient pas dans le parfait petit moule fournit avec le mode d'emploi.
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Parce que tu crois que ce sont les profs qui font les programmes et fixent les modalités de déroulement des épreuves?! Sans rire, t'es engoncée à ce point dans tes clichés?
On est là pour dispenser un enseignement disciplinaire, déjà. Moi, je veux bien ne pas apprendre à mes élèves à rédiger une compo, faire une étude de doc et un croquis et ne rien leur apporter en termes de connaissances sur les chapitres du programme. Cela implique que j'accepte de ne pas les préparer aux examens. Et de leur préparer les conditions optimales d'échec le jour j. Effectivement, j'aurais ainsi tout fait pour ne pas les faire entrer dans le "moule". Mais, pas sûre qu'ils m'en soient reconnaissant au final...
Je passe sur les aspects "gestion d'un groupe classe". Je pense que l'impossibilité de mettre en oeuvre la pédagogie différenciée dans une classe de 36 élèves est un aspect du débat qui va te passer au-dessus de la tête. Et si je me lance dans la différence entre évaluation sommative et évaluation formative, ce sera pareil.
Sache seulement que s'il y a bien des choses dont tu ne supposes même pas l'existence, cela ne veut pas dire que cela n'existe pas.
En outre, ton discours est quand même sacrément confus... Quel rapport avec le "moule" honni et le fait que les profs n'enseigneraient que pour préserver leurs avantages dans la fonction publique?
Parlons en, de celle-ci...
Indéniable avantage : la sécurité de l'emploi. C'est vrai. On l'acquiert en passant le concours. C'est un choix délibéré que nous faisons : des études supérieures et passage d'un concours qui n'est pas si ouvert que ça. Pour ma part, j'ai choisi de faire ce métier et je m'en suis donc donné les moyens : j'ai bossé à la fac pour obtenir ce diplôme.
Les autres avantages?
J'imagine que tu parles des vacances... Concernant cet aspect, comme tous les salariés, nous avons 5 semaines de congés payés. Pour le reste, nous sommes payés 10 mois, répartis sur 12.
Du point de vue "ils glandent en vacances", là aussi, il faut relativiser... Déjà, personnellement, en tant que prof de lycée, jusqu'au 12 juillet, je bosse... Correction de copies de bac, commission d'harmonisation, jury de délibération, oraux de rattrapage.
Le reste de l'année, lors des vacances et des week-end, que fait-on? On prépare des cours et on corrige des copies. Mi-août, moi, je me remets au boulot... Mais, c'est vrai que durant cette période, je m'interdis de bosser plus de 2 heures par jour en moyenne.
Pendant les petites vacances, en revanche, ce n'est pas la même chanson...
Quelques chiffres/moyennes pour illustrer mon propos :
1h de cours = 2h de préparation en moyenne.
Rendement de copies à l'heure : compo de term = 4 copies par heure. Une classe de term = 36 élèves. Une classe = 9h de correction pour 1 devoir. Et cette année, j'ai une chance de dingue... Je n'ai que 4 classes dans ma discipline. Le hasard a fait que dans mon emploi du temps, les deux autres classes, je ne les ai qu'en TPE ou en AP. C'est du boulot aussi (de préparation et d'encadrement), mais sans copies.
Alors statutairement, en tant que certifiés, nous devons 18h de présence effective devant les classes. Mais, notre salaire est calculé en fonction d'un temps de travail plus long qui inclue ces préparations et corrections.
Ce qui m'amène au mirobolant salaire qu'on se palpe...
Essaie de me trouver un salarié du privé, titulaire d'un bac+5 ayant 18 ans d'ancienneté dans la même boite et qui gagne 2200 euros par mois... Personnellement, ceux que je connais hésitent toujours entre incrédulité et envie de pouffer de rire quand je leur annonce...
En terme de plan de carrière, je suis au 10e échelon. Super. Dans l'EN, il y en a 11. Ce qui veut dire, concrètement, que cet échelon 11 passé, fin des perspectives d'avancement. Et, il me reste plus de 20 ans à faire avant de pouvoir prendre ma retraite.
Pour bénéficier d'une retraite complète, il me faut 42 annuités (pour le moment). Je pourrais donc prendre ma retraite à 68 ans. Cela va être sympa, à cet âge, le boulot.
Si j'en crois le simulateur de retraites disponible sur le site ministériel, à 68 ans, je disposerais d'une retraite d'un montant de 1300 euros.
Autant dire que pour faire ce boulot, il faut un minimum de conviction et de passion.
Moi, j'aime ce que je fais. Devant les élèves, parce que les dysfonctionnements de l'institution me foutent hors de moi, justement parce qu'elle va trop souvent, à mon goût, à l'encontre des intérêts des élèves. J'ai parfois fait grève pour protéger ces derniers, notamment lors de la dernière réforme du lycée et du bac (tant concernant les programmes, que les modalités aberrantes du passage des LV et beaucoup d'autres choses, y compris la vacuité des enseignements d'exploration...). Y a toujours eu des abrutis pour affirmer que je m'offrais une journée à glander pour des revendications corporatistes...
Plus petite, ma fille voulait être prof. Moi, je faisais la moue, mais sans plus. A 11 ans, elle a compris toute seule. Elle en a bientôt 15 et le discours est plutôt clair : "je ne serai jamais prof, c'est vraiment trop se faire chier pour rien!!"