gobi
Il y a beaucoup de chose dans ton message, je vais essayer d'y répondre point par point. Je rappelle aussi que je ne suis pas concernée par les problématiques des éleveurs. Je donne mon avis en tant que simple particulier et il y a donc sûrement des choses qui me dépassent notamment sur la partie agricole.
1) Je ne connais pas assez le milieu agricole pour répondre spécifiquement aux interrogations que tu soulèves. Je suis d'accord pour dire que la régularisation et les réformes ne font pas de miracle et qu'une législation à outrance ne serait pas juste voire carrément néfaste aux petits acteurs du secteur. Maintenant, entre ne rien faire du tout et légiférer à tout va, pour moi, il y a un monde. Je persiste d'ailleurs à dire qu'en tant que consommateur, le renforcement des règles sanitaires, nous a été bénéfique.
minetteuh
Est-ce que les agriculteurs sont convenablement rémunérés à l'heure actuelle ? Non, maintenant, pardon, mais je trouve que le sujet dérive un peu trop vers les normes sanitaires ( par ma faute en plus
). Je ne me vois pas débattre sur le sujet car je ne m'y connais pas assez. Personne n'interdit les circuits courts, personne n'empêche quiconque de vendre sa salade régionale au marché du coin ou carrément à l'exploitation. Maintenant si un agriculteur veut intégrer un label particulier ou toucher un public plus nombreux en fournissant des supermarchés ou autres géants du secteur, il faudra qu'il respecte des normes sanitaires et, désolée, mais je trouve cela plutôt rassurant en tant que consommateur.
Mon argument était d'ailleurs celui là : toutes les régulations ne sont pas mauvaises, elles empêchent la propagation de certaines maladies, la vente de nourriture ne respectant pas les règles sanitaires de base etc. POINT. Je n'ai jamais dit qu'il n'y avait pas un lobby à l'oeuvre dans le secteur de l'agro ou qu'il fallait accepter toutes les nouvelles réformes gouvernementales sans protester. J'ai simplement avancé le fait que les régulations étaient mises en place pour assainir le marché et que l'Autorité de la concurrence dans le secteur agricole avait notamment était créée dans ce sens.
2) Justement, si ces reformes étaient mises en place, les éleveurs de plaisance seraient moins nombreux car plus ou moins dissuadé de faire naître. Resterait donc que les éleveurs de plaisance avertis ou passionnés. Je m'explique :
À l'heure actuelle, je vois pleins de gens autour de moi ou sur les forum qui veulent faire naître parce que : la jument est arrêtée pendant quelques temps, parce qu'eux même ne peuvent pas monter pour cause de grossesse ou de problèmes de santé, parce qu'on espère voir le tempérament de la jument changer, parce qu'on veut que la jument puisse avoir une relève après sa carrière sportive et puisse donc pouliner d'ici 10 ans sans être primipare, parce qu'un poulain c'est mignon et que cela est censé coûter moins cher etc. etc.
Dans tous les cas de figure que je viens de citer, ce que j'entends le plus souvent c'est le fameux : " j'aimerais le garder si c'est une pouliche/un pie/ou tout autre critère spécifique/ mais sinon je le mettrais à vendre" ou le : " je me lance sur un coup de tête, me rend compte des coûts engagés, panique, et décide donc de le vendre trois clopinettes pour vite m'en débarrasser". Idéalement c'est cet état d'esprit qu'une réforme changerait. Les gens réfléchiraient bien plus longtemps avant de mettre leurs juments à la saillie et n'envisageraient plus la vente (plus ou moins bradée), comme une échappatoire, ce qui entraînerait à son tour une revalorisation des prix du marché.
Je ne fais aucune distinction entre élevage dit sportif ou de loisir car pour moi, bien élever en loisir ou pour du sport entraîne les mêmes coûts incompressibles ( hors frais de saillie bien entendu).
Alors oui, je suis pour les libertés individuelles mais plus je vieillie, plus je me rends compte que c'est le plus souvent le cheval qui trinque...
Il y a évidemment des gens prévoyant qui se sont fixés un budget plus ou moins modeste pour l'achat et qui se gardent une grosse enveloppe en cas de coup dur mais il y a en aussi qui sont tentés par les annonces comme celle postée plus haut, où pour 500€ tu as une jument pleine et son poulain de l'année soit 3 équidés pour le prix d'un canapé. Ce sont ces personnes là qui se retrouvent ensuite dépassées par les frais qu'engendre l'entretien d'un cheval et c'est ensuite des équidés dans des états dramatiques que les associations récupèrent.
J'ai l'impression que ces cas de figures ont augmenté avec la démocratisation de l'équitation et de l'élevage plus spécifiquement. Pour moi, il y a clairement un lien de cause à effet...
3) Les gens ne vivent pas de leur élevage parce que il n'y a pas de régulation quant à la production. Si les taxes étaient les mêmes pour tous (éleveurs pro et semi-particuliers) alors le marché se régulerait de lui-même.
Le secteur du cheval est en crise et ceux qui s'en sortent :
- on soit hérité d'un bien déjà financé ( élevage, propriété agricole).
- on soit de gros moyens pour assumer les investissements nécessaires à l'installation.
- se sont fait petit à petit en agrandissant et diversifiant leurs activités.
4) Pour moi la légitimité n'a rien à voir la dedans, nous ne sommes pas moins éleveurs si nous produisons moins de chevaux et notre cheval n'est pas meilleur parce qu'il vient d'un elevage réputé ( la qualité dépendant de chaque individu).
Les gros éleveurs vendent généralement plus ( et pas forcément plus cher) car ils bénéficient d'une visibilité plus importante ainsi que d'une réputation de qualité qui apporte certains garanties à l'acheteur. Après libre à chacun de faire le tri, je préfère mille fois acheter à un éleveur " anonyme" mais qui me propose un cheval qui me correspond parfaitement que d'acheter un " de quelque chose" qui ne me correspond pas et qui n'est pas forcément plus qualiteux que celui du petit éleveur. Tu soulèves ici la question du paraître et de l'effet de mode. Ce n est pas inintéressant mais ce n'est pas vraiment le sujet non plus..
5) Enfin, tous les éleveurs ont du "surplus" dans le sens où la génétique n'est pas une science exacte. Cela n'empêche pas que chacun des poulains ( futur crack ou cheval plus limité sportivement) aient bénéficié des mêmes soins et donc engendrés les mêmes frais de base. D'ailleurs, plus haut dans le fil quelqu'un avait posté les statistiques démontrant que la majorité des naissances provient d'élevage non déclaré donc l'argument du pro qui inonde le marché est caduc.
Pour moi, si tu envisages de faire naître régulièrement, tu te déclares auprès de la chambre de l'agriculture et tu paies une cotisation calculée à partir de ton CA. A partir du moment où tu es dans la légalité, le reste ne me concerne pas. Je l'ai déjà dit, j'ai une position très arrêtée et très clivante quant à cette situation, mais, clairement, pour moi, si l'on continue comme on le fait aujourd'hui, on va droit dans le mur.