Bonjour,
Voici mon expérience par rapport à la dissymétrie, avec ma jument. Pour situer un peu, c'est une jument qui a 12 ans cette année, que j'ai depuis ses 4 ans et avec qui je fais un peu de tout à la maison et CSO niveau amateur.
Il y a 3 ans maintenant, j'ai commencé à constater qu'une dissymétrie apparaissait sur ma jument : elle se pendait de plus en plus sur ma rêne gauche, ce qui faisait illusion à main droite et donnait un truc vraiment moche à main gauche. Puis elle est tombée boiteuse, d'abord par intermittence puis régulièrement. J'ai fait appel à une première véto qui m'a sorti comme diagnostique qu'elle était naviculaire. J'ai quand même pas mal douté au vu de plusieurs éléments. J'ai contacté un autre véto, celui-ci reconnu pour ses compétences en locomotion, à qui il n'a fallu qu'une radio pour poser un diagnostique : angle palmaire négatif, c'est à dire bascule de P3 vers l'arrière, plus prononcé à gauche qu'à droite, car la jument s'appuie excessivement sur l'antérieur gauche pour soulager l'antérieur droit. Il m'explique que cette pathologie peut passer pour un naviculaire car le cheval adopte les mêmes postures de soulagement vu que ce sont les mêmes tissus mous (coussinet plantaire et tendons / ligaments) dans le pied qui sont douloureux.
Petite parenthèse, ce qui est extraordinaire, c'est qu'elle a toujours été très suivie niveau véto et MF et qu'il a fallu qu'elle se mette à boiter pour qu'un véto que je n'avais jamais fait venir avant me donne ce diagnostique alors que cet angle palmaire n'est pas devenu négatif du jour au lendemain... Bref...
Après quelques errements, on trouve le moyen de faire revenir P3 à sa place en passant la jument pieds nus avec un suivi podologue toutes les 5 à 6 semaines maximum. Alors ça va peut être vous sembler extra-ordinaire, voire vous allez me prendre pour une menteuse mais je jure que je dis la vérité : elle a été déferrée et parée par une podologue le 08/08/2018. Le 18/08/2018, après 10 jours de repos au pré, je recommençais les balades, 40 minutes de pas sur route lisse pour fortifier la corne. Début septembre, j'ai repris le travail sur le plat en carrière et la dissymétrie avait quasiment disparu. Mais pas que ! Avec la résolution de l'angle palmaire négatif, elle n'a plus jamais changé de pied dans mes contre-changements de main au galop (et je ne suis pas devenue Charlotte Dujardin non plus

), elle n'a plus jamais eu de défenses type coups de cul, sauts de mouton, head shaking, elle a arrêté de charger ses barres et de sauter à plat (et je ne suis pas non plus devenue Pénélope Leprévost

), bref, j'ai une autre jument.
Tout ça pour te dire
toilad, que si ton cheval a une dissymétrie très prononcée, il y a peut être des investigations plus poussées à faire du côté véto ? Avec mon histoire, je me suis rendue compte qu'en fait, on attend la boiterie pour s'occuper du problème. Ma jument se traînait son angle palmaire négatif depuis très longtemps. Elle n'a pas boité de suite, elle a d'abord manifesté sa gène par des défenses (shaking, coups de cul, charger les barres, dérobades...) que tout le monde a fait passer pour de la rétivité et un manque d'éducation. Quand elle a commencé à être franchement dissymétrique, c'est sur moi qu'on a rejeté la faute (trop de main droite, pas assez de jambes...). Il a fallu qu'elle tombe boiteuse pour qu'enfin, ce souci de bascule soit pris au sérieux. A mon sens, on peut avoir effectivement une légère dissymétrie, parce qu'effectivement, les chevaux ne sont pas parfaitement droits de base et nous non plus d'ailleurs, mais pas au point que le cheval se pende sur une rêne et lâche le contact de l'autre.
Et pour terminer, là nous sommes à un an de pieds nus, ma jument a toujours une très légère dissymétrie (c'est marrant d'ailleurs car on le voit au niveau de ses antérieurs) mais ça passe avec un bon échauffement pour elle et une grosse attention au niveau de ma position et de l'action de mes aides pour moi (j'ai tendance à facilement reculer mon coude droit au lieu d'ouvrir vers l'extérieur donc je tire). Je détends en commençant par 15 à 20 minutes de pas actif rênes longues ou ajustée mais sans trop de contact, en faisant de grandes courbes, des cercles, en demandant à ce qu'elle s'enroule autour de ma jambe intérieure, des plis, contre plis, EED, contre EED, cessions, cercles hanches en dedans et en dehors, le tout avec les jambes et très peu de main. Donc effectivement, elle est ouverte mais ça m'est égal, tout ce que je lui demande, c'est de se pousser sur mes jambes. Je me surveille au maximum pour toujours agir en jambe intérieur-rêne extérieure, céder quand elle cède (ça j'ai beaucoup de mal, c'est ce que je surveille le plus). Ensuite, je détends au trot rênes ajustées mais sans chercher à l'avoir ronde, juste qu'elle pousse et respecte ma jambe intérieure. Elle finit toujours par venir s'arrondir sur le mors, au début un peu bas puis je la remonte doucement au fur et à mesure du travail. Au galop, je ne cherche même pas à l'avoir ronde, tout ce que je veux c'est qu'elle se tienne sur son épaule extérieure, la plus droite possible de la tête à la queue et toujours attentive à jambe intérieure et rêne extérieure. Après, je sors en CSO, je ne cherche donc pas une attitude de présentation et le travail serait certainement axé autrement pour un objectif dressage.
Voilà pour mon expérience, je pense être plutôt dans le juste vue l'évolution très positive de mon couple équestre. Ceci dit, je ne dis pas que c'est ce qu'il faut faire de façon universelle et systématique, ça a fonctionné pour nous, j'espère que ça pourra apporter un autre éclairage à la discussion, je suis toute prête à dialoguer avec ceux qui le souhaitent et je te souhaite plein de bonnes choses et de trouver les solutions qui te conviennent
toilad