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Pub/image sexiste
Posté le 05/02/2021 à 14h04
klavel
Posté le 05/02/2021 à 14h04
alecto les choses ne sont pas aussi simples sur la question du respect/désaccord...
Et ce comportement est parfois le point de départ de violences intracommunautaires (voir le blog de Koudavbine à ce propos). Désolée pour le hors sujet mais c'est une arme que je trouve dangereuse, y compris dans les cercles militants... C'est une des raisons pour lesquelles je m'en tiens désormais très loin, même si mes idées sont souvent en accord et que j'y ai beaucoup traîné depuis ado.
La plus grande violence verbale que je me sois pris dans la tronche venait de féministes, tout simplement car nous n'étions pas du même bord (libéral/RadFem) et que ma vision de la sexualité et de la transidentité n'était pas la même que la leur. Si elles étaient resté dans l'optique d'échanger ou juste de couper court à la conversation plus ou moins respectueusement, et non de ne pas perdre de temps avec quelqu'un en devenant irrespectueuse puis violente moralement, je pense que je n'aurai pas fini avec... 3 jours de crises d'angoisses et une vision désastreuse de ma sexualité pendant des mois. Voir des années, ma dernière crise d'angoisse à ce sujet remonte à hier, ça fait pourtant quatre ans.
J'ai été forcée de parler de sujet très personnel que je voulais garder privé pour que la violence redescende en sortant plus de "carte d'opprimée" qui me mettaient automatiquement du même bord. Et je ne suis pas la seule, beaucoup de gens ont été forcé de s'outer sur leur sexualité, leur orientation, leur identité de genre ou leurs vécus traumatiques pour qu'on leur fiche la paix, parce que tant qu'ielles n'étaient pas outé ielles étaient du mauvais côté et se mêlaient de ce qui ne les regardaient pas. Dernièrement je crois que c'était une actrice qu'on pensait hétéro, qui avaient joué un rôle de femme lesbienne et s'était pris une volée de bois vert ... Elle a été obligée de s'outer publiquement pour montrer qu'elle était lesbienne et légitime. Aïe. Comme le font les homophobes ou transphobes : prouve que tu es du bon côté ou tais toi.
Je suis revenue de cette logique après avoir été de l'autre coté de la barrière (spoiler : je n'estime toujours pas que mon point de vue était faux et j'estime leur regard sur la transidenté dangereux pour les concernés).
Je continue à parler, à accueillir la parole de celles et ceux qui en ont besoin... Et si je ne veux pas perdre de temps ou d'énergie, je passe mon chemin, si besoin en donnant quelques ressources "lis cet article". Mais je refuse d'être celle qui instaure un rapport d'irrespect et de violence.
Ça traumatise des gens. On ne connait jamais le vécu de la personne en face, on ne sait jamais à quoi on fait référence chez elle. C'est une arme dans les milieux militants que de perdre de patience et devenir agressif... Et c'est une arme à double tranchant. Personnellement, j'en ai fait les frais, ça m'a coûté plusieurs anxyolitiques au quotidien (j'en prend très peu normalement), la sensation d'être dépossédée de mon vécu et de mon intimité, et une peur quotidienne... Et en effet, les informations sur ce regard différent du mien je suis allée les chercher seule mais boule au ventre et pleine de colère. J'aurais préféré qu'on me dise "je pense que tu as tort, tu devrais lire Dworkin je n'ai pas envie de discuter" plutôt qu'on me traite comme la cause de millénaires d'oppression. Même un seul et simple "tu es bête, ferme la" m'aurait suffi. Et j'aurais aimé être une exception mais la parole sur les violences en milieu militant se libère.
Parce que cette violence ad hominem, je l'ai bien intégrée. Et ça a été un enfer. Et oui, j'en ai énormément voulu à ces femmes... Et ça a eu pour effet ne me mettre en défense totale sur ce sujet pendant longtemps.
Je perds pas mon temps avec les gens qui insultent, qui ne veulent pas comprendre ou si j'ai juste pas envie (en ce moment je suis pas en mesure de parler ou débattre de violences sexuelles, c'est legit "consent first")... Mais l'irrespect comme arme peut toucher des choses que l'on ignore. Et aussi conforter des gens sur leurs positions intolérantes avec des retombées parfois dramatiques.
J'ai pu débattre calmement avec mecs dont je n'attendais rien sur ces sujets et les échanges ont été enrichissant pour tout un chacun. Et ont très souvent amené à des confidences. Je m'étais trompée sur leur compte, ils n'étaient pas aussi intransigeants et campés sur leur position que je le croyais. Et c'est une leçon que j'ai bien intégré : on ne sait jamais rien de personne et les gens ne montrent que ce qu'ils ont envie de montrer.
Dans le silence et le secret, il y a des homo, des trans, des racisés, d'anciennes victimes et des victimes récentes qui ne sont pas encore prêtes à se révéler. Et il est courant que ces gens se réfugient dans un rapport agressif aux autres et parfois envers les gens au même vécu qu'eux, ça les cache encore mieux. Souvent la première réaction va être le rejet en bloc, c'est un mécanisme de défense face à quelque chose de douloureux. Alors je préfère être la main tendue. Même si ça prend plus de temps et d'énergie et qu'il y a parfois des mordeurs... Et si je manque de l'un ou de l'autre, voir des deux, je passe mon chemin.
J'ai dernièrement vu une association écolo dans ma ville qui se veut intersectionnelle et appelle chacun à la tolérance et à ne pas sauter à la gorge de ceux qui ne sont pas encore parfaitement éduqué, ils appellent dans leur charte à ne pas tomber dans l'agressivité ou le refus du dialogue... Et à se rappeler que personne ne nait avec les clefs de toutes les oppressions en main.
Ça m'intéresse, un endroit où on peut militer, se tromper et apprendre avec du temps et de l'éducation... Et peut-être que ça va me réconcilier avec le militantisme.
Édit : un autre point que j'ai oublié. On ne sait pas non plus qui cette personne qui nous gonfle a dans son entourage... Si une personne est persuadée que les femmes ou les homos sont des folles/fous incapables de raisonner, à haïr, et qu'on joue ce jeu, ce n'est pas que soi-même qui est en jeu. C'est aussi les femmes, les homos, les trans que cette personne peut avoir dans son entourage et sur qui elle pourrait renvoyer sa colère...