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La fessée
Posté le 11/09/2024 à 13h35
Moi j"ai explosé en une semaine il y a deux ans! Je suis dure de la couenne, je suis passée par des choses fort raides dans mon enfance et aussi plus tard dans une certaine mesure.
Pour me tuer il faut y aller.
Et ça a pris une semaine. C'était un incident d'élèves au départ, avec une parente qui m'alerte. Je traite, vite, fort, je fais tout ce qu'il faut au niveau réglementaire, j'enchaîne les entretiens élèves pour apaiser la situation dans la classe avec mon IEN dans la boucle et les familles pour faire le lien. Et petit à petit la mère qui m'avait alerté commence à montrer qu'elle veut que je traite différemment et selon une intime conviction renforcée par son propre statut professionnel. Donc au cours de la semaine nous multiplions les échanges, moi pour désamorcer, et pour le coup avec de l'aide de mon administration, et elle pour me faire dévier, et progressivement, pour m'accabler sur mes choix de procédures. Elle m'accable au téléphone puis par mail. je pense qu'à partir du jour 3, les mails ne cessent plus. Ils sont quotidiens, ils arrivent aussi le week-end. J'ai le service social qui est informé, l'IEN qui prend des news, ça fait corps derrière moi, je demande conseil et je travaille sur la situation des ELEVES tout en informant sur la posture de la mère.
Je n'ai que du feedback positif sur l'action dans l'école du côté de l'administration. Dans la classe ça va.
Mais elle continue d'écrire. Je maintiens le dialogue avec elle pour l'apaiser, protéger l'enseignante de la classe aussi, et encore une fois les élèves. On y est depuis 5 jours je dirais, on arrive au lundi, j'informe mes collègues que je reçois ces messages et que ça commence à tirer.
Le mardi j'en reçois encore, j'y travaille encore sans lâcher. On pense que c'est bon.
Je me ressource le mercredi, le soit on prévoir un resto avec mon conjoint. Machinalement, comme je fais souvent (et je ne devrais pas le faire), j'ouvre la boite mail avant de sortir et je trouve un nouveau message.
Et là c'est déjà trop tard. Il y a une graine qui est plantée dans ma tête depuis deux ou trois jours et qui commence à répéter "tu es une m****".
On va au resto quand même pour que j'essaie de souffler.
On sort. On traverse sur le passage piéton et là une voiture arrive vite sans me voir, et freine dans mes jambes, 1m de plus elle me renverse.
C'est un déclencheur.
Je crie après la conductrice qui commence par rire. Et là je vrille totalement:
Elle n'est pas seule dans la voiture, il y a un mec à côté d'elle et ses enfants derrière.
Et je lui défonce sa bagnole, ses portières arrière, avant, rétro, tout. Il n'y a qu'une petite part de moi qui reste allumée pour que je n'ouvre pas la portière pour m'attaquer à elle directement.
Après je rentre avec mon conjoint à côté, sidéré. Je hurle sur le chemin. Dans les escalier vers chez nous, je casse une vitre à coup de poing. Pour terminer dans la maison les muscles tétanisés dans un bain chaud.
Je me suis arrêtée, oui.
Mais le lendemain.
Pendant deux semaines, la graine planté a germé et j'ai élaboré des plans macabres. Puis je suis revenue à la raison. J'ai repris 5 semaines plus tard (grâce aux vacances) et j'ai enchaîné car les mails et les contacts de cette mère, qui n'a jamais été reçue par mon administration, ont cessé.
Quand l'année suivante je recevais de sa part un message pour n'importe quel sujet anodin, l'ouverture de celui-ci provoquait chez moi des montées de cardiaque importantes.
Donc oui on la sent monter la tension.
Mais non, on ne voit pas venir le pétage de plomb inévitablement. Il y a un inducteur, qui peut même relever du détail, et c'est lui qui fait basculer.
Je me fiche un peu du énième fait divers relayé ici hier. Par contre je ne peux pas laisser entendre qu'il y a un b.a ba du burn out ou de la crise de nerf, et qu'en soufflant un coup ça va passer. Si tel était le cas, justement la rubrique faits divers ne serait pas alimentée.