Tiens, je n'avais pas vu ce post et je viens de lire un peu en diagonale mais très intéressant.
Je n'ai que 21 ans donc difficile pour moi de témoigner personnellement. Même si bien sûre, il y'a une évolution...
J'ai commencé avec un moniteur un peu dans le style "ancien". Il partait du principe que temps que l'on avait pas une bonne position, on ne pouvait pas travailler à cheval. Donc j'ai passé les 4 premières années à faire de la mise en selle cul à cul en reprise pour faire la position.
Mais je ne regrette pas car quand je vois le nombre de cavaliers galop 7 qui sortent sur de belles épreuves mais qui une fois sans étriers ne tiennent pas à cheval, ça fait peur...
Pareil, maintenant on prône une équitation de plaisir et de résultat. Je suis en formation BPJEPS. Et je suis outrée par ce que "j'apprend". Bon déjà on va pas revenir que la plupart des élèves de cette formation on même pas un galop 5 à mes yeux. Mais, on apprend à faire des cours jusqu'au galop 3 que sous forme de jeux. Comme ci les gamins ne peuvent pas s'intéresser deux minutes à un peu de technique et qu'il faut absolument du ludique pour apprendre. En gros, pour eux jusqu'au galop 3, on joue, on joue et on joue. Il ne faut pas que l'apprentissage soit sous forme d'ordre: "on se met sans étriers", " on fera un cercle..." Non non non...Donc déjà on forme des gamins comme ça, alors c'est sure que quand ils vont tomber sur un mono qui va être un peu autoritaire et donner des ordres: ils vont vite arrêter.
De même, quand on regarde le programme des galops FFE:

Jusqu'au galop 6 tu ne sais rien faire en clair.
Bref, déjà je pense que cette vision équestre de la FFE n'aide pas. On nous apprend à faire faire de l'équitation aux gens sur la base "le cheval c'est trop géniale". Le client est roi, et au détriment du cheval. Tant que le gamin s'amuse ou que la personne fait SF le dimanche en club 2 (mais à côté ne sait pas bosser correctement à cheval), tout va bien. On est dans une démocratisation: le cheval mobylette. Le cavalier ne doit rencontrer aucune difficulté sinon cela est pris en échec et il faut changer de cheval. Il y'a peu de remise en question. De même, la plupart des monos font appliquer le programme des galop.On apprend l'EED par ex au galop 7, mais beaucoup seront incapables de te dire à quoi elle sert. On le fait car faut le faire, basta....
Heureusement j'ai la chance de bosser dans une écurie qui prône cette ancienne équitation. On travaille dure pour avoir du résultat, on a intéret à monter propre et ne pas remettre la faute sur le cheval à chaque exercice râté. On a intéret à prendre soin de notre cheval et la gérante n'hésite pas à engueuler des proprios qui ne brossent pas leurs chevaux. Nos cavaliers même à petit niveau apprennent la notion de l'effort, la confrontation à la difficulté et sans faire de jeux...
Sinon, par contre maintenant pour le bien être équin, c'est beaucoup mieux. Déjà le progrès vétérinaire. Ma coach me racontait qu'il y'a 25 ans, tous les chevaux de 10 ans étaient mort physiquement: tous les chevaux boitaient déjà à cet âge parce que on tournait en concours sur des pistes pourris. Il n'y'avait moins cette notion de vigilance physique. Le cheval cassait et puis c'est tout. Seul le phénylbutazone existait et puis voilà...
Maintenant, quand on voit le nombre de chevaux qui tournent encore bien à 16 ans passés sans de problème majeurs. Que l'on a beaucoup plus d'options pour soulager de certains maux et prévenir certaines pathologies; c'est juste royal. La plupart de nos chevaux seraient déjà en retraite sans cette avancé vétérinaire.
De même, il y'a un nouveau engouement sur le bien être équin, chose pas du tout ancrée dans les mentalités il y'a encore 15 ans. Un cheval vivait en box, faisait placard en guise de repos et on se posait pas de questions de douleurs si il était rétif. Maintenant, on a une approche différente: on veut se rapprocher au max des besoins fondamentaux du cheval et ça c'est super... Il y'a 20 ans, les pensions box/paddock ne courraient pas les rues. Seuls les chevaux d'élevage allaient dehors ou les vieux chevaux quand ils n'étaient pas partis au couteau.
Après, pour moi il y'a tout de même un petit bémol à cette recherche de bien être. On veut en faire trop. Un cheval qui devient un peu chiant au boulot, vite il faut le montrer à tous les praticiens du coin parce que le pauvre chouchou doit avoir un problème. Non non, kiki a juste fait sa tête de lard...
On se fait un peu traiter de mauvais proprio si on n'a pas fait appelle à un saddle fitter et que notre selle va sur plusieurs chevaux, si on ne fait pas de shiatsu ou appel à un magnétiseur. Bref, si loulou semble déprimé, vite il faut faire une communication animale. Si loulou s'est gratté 3 poils, vite véto..
Parfois cela devient un peu extrême et ça ressemble plus à du business pour moi que du bien être...
De même, combien de proprios mettent je ne sais quoi comme matos super sophistiqués pour surprotéger toujours kiki: le collier de chasse moumoute inutile, les protections limite jusqu'aux genoux pour aller faire une balade au pas...etc...
Je n'ai rien contre le beau matos par contre. Si on a les moyens de s'offrir du beau matériel (tapis, fringues...) et que cela nous fait plaisir: tant mieux. Tant que le cheval n'en souffre pas. Je bosse dans ce monde, et perso, mes vêtements équestres, je l'ai choisi pour l'esthétique parce qu'étant habillé limite h24 et 7j/7 comme ça, j'ai pas envie de ressembler à un sac chaque jour. Ce n'est pas parce que j'ai une bombe antarés et la dernière doudoune à la mode, que ça fait de moi une cavalière écervelée qui pense à l'apparence avant le bien être du cheval. J'aime bien avoir mes chevaux que j'ai au boulot bien harnaché et jolies, pas pour autant que mon travail soit sans fond...