Ce que Civiv a expliqué, je l'ai testé aussi.
A une époque, je montais aussi en rênes fluides, ça me paraissait plus "gentil" ou disons plus respectueux pour le cheval de ne pas être sur sa bouche en permanence. De plus, je trouvais que j'avais tendance à mettre trop de main (pas brutale mais contact marqué).
C'est mon mari qui me fait travailler, il a un bien meilleur niveau que moi, et lui est toujours en contact. Donc j'entendais très souvent "remonte sur tes rênes".
Un soir, grande discussion sur le sujet, et on en vient à essayer de me faire évaluer le contact moëlleux. Il défait sa ceinture, il prend les 2 extrémités et moi le milieu. J'avais encore du mal à me projeter dans le fait de reproduire ça à cheval, et surtout ce que ça pouvait représenter pour le cheval. Ni une, ni deux, le ridicule ne tue pas (mais heureusement aucune caméra ni public dans le secteur

), je propose une expérience : ceinture dans ma bouche pour sentir.
J'ai honte de vous décrire la scène (et j'ai peur de retrouver un copié-collé quelque part

) : à 4 pattes, avec mon mec sur le dos et la ceinture dans le bec, la classe

.
N'empêche qu'il a reproduit ce que moi je faisais (donc quasi pas de contact et d'un seul coup un contact pour tourner par exemple) et ce que lui faisait. Très sincèrement, j'étais bien posée sur cette main, calée, je sentais chaque mouvement en douceur, pas de surprise. Je n'avais qu'à me laisser porter.
Je dois reconnaître que c'était 100 fois plus agréable que ce que je faisais.
Pour compléter, je dirais aussi que j'ai fait de la danse pendant quelques années (rock, salsa, tango,...). Et finalement, la relation danseur/danseuse est extrêmement proche de la relation cavalier/cheval : la danseuse doit être "gainée" (= maintien, tendue, prête à sentir les indications et à y répondre), le danseur doit indiqué clairement mais en préparant sa demande, rien de pire que celui qui laisse dans le vide. J'ai été dans les deux positions : danseur et danseuse. On ne peut rien anticiper en danseur si on n'a pas un contact constant, et on ne peut pas se laisser guider par le danseur sans cela non plus.
Et pour finir, je dirais que j'ai un peu de mal à croire à zéro contact (ou presque) dans la bouche et tout à l'assiette et aux jambes avec TOUS les chevaux. Pour ceux qui ont une bonne orientation naturelle, ok, pour d'autres, avec l'encolure à la retourne, le nez au vent, une vague propension à se dégueuler sur les épaules, sans aider devant, j'ai du mal à y croire.
Autre exemple : ma jument : rôtie cuite au bout de 10 foulées de trot si on la laissait "nature", aucune impulsion (et raide froide aux jambes). Analyse et solution proposée par une professionnelle de dressage (avec une vraie connaissance en locomotion) : jument avec une encolure très courte, avec un balancier quasi nul, donc la mettre en place devant pour qu'elle trouve son balancier autrement (vers le haut, par le dos). Bingo, ça l'aide vraiment et elle a pu commencé à trotter sans peiner, et aussi bizarre que ça puisse paraître, c'est par la main qu'elle a pu trouver le reste.
Pourtant ma 1ère idée était d'abord de trouver l'impulsion, l'autonomie dans l'allure avant toute chose et seulement ensuite lui demander de se tendre. C'est vrai que ça paraissait logique, pour autant, la solution n'était pas là. (bon, c'est une star, ma jument, j'en conviens

)
En revanche je suis complètement d'accord avec le fait que beaucoup cherchent à faire du "joli", à la mode, avec un faux placé. J'ai un pote qui monte son cheval comme ça, son cheval est placé, voire enfermé, avec zéro propulsion. D'ailleurs, ses fautes à l'obstacle sont souvent liées à ça. Quand je regarde ses parcours, j'ai l'impression que le cul du cheval ne fait que suivre le devant (et juste parce qu'il est accroché), mais il ne s'articule même plus dans ses sauts pour passer le dos et les postérieurs.