J'ai le droit de refaire un pavé de la tristesse ?
Ce n'est pas vraiment de la tristesse, et ça concerne encore les LR. Ma seule et unique expérience reste mon cheval (qui s'est fait arracher la gueule au point de péter le matos, donc trauma pour lui, trauma pour moi qui est assistée impuissante à la scène), donc ce sont de nombreuses séances à essayer de rattraper le coche et le refus qu'un professionnel le touche, car une fois ça m'a suffit.
Même si dehors on peut évoluer aux trois allures, ça reste une discipline très en dents de scie avec lui... en carrière, c'est très difficile, il demande plus que de la finesse, énormément de tact que je n'ai pas, le moindre faux pas, bim, drama. L'idée d'abandonner est toujours présente hein, je ne vais pas mentir, je rêve d'évoluer dans cette discipline que je trouve sublime, mais à part me planter, échouer, ... et ne pas voir de progression vraiment symbolique (hors traction, qui, dans la tête du gros, n'a que peu à voir)
Bref, j'ai l'envie de faire du tandem monté avec la jument. Je me suis lancée ce défi un peu improbable, donc première étape, mettre la miss aux LR, et en cinq séances, la jument trotte dehors en LR de 16m impec, sans pression, respectueuse, l'arrêt est encore à fignoler mais elle comprend que j'attends quelque chose de sa part. Ca lui plaît, très réceptive, très appliquée.
Bref, elle est plus confortable, plus à l'aise, plus cool, plus facile, plus ok, que mon cheval aux LR après un travail désespéré.
Alors oui, y'a le côté où je pourrais me dire : le souci ne vient pas totalement de moi, vu que je suis capable de mettre une jument qui n'en a jamais fait aux LR facilement. Malheureusement, ma tante a dit ce qu'il ne fallait pas dire : "tu vois, si tu avais accepté de la récupérer à l'époque, tu aurais pu faire de superbe chose avec elle !"
C'est pas méchant et je ne regrette absolument pas d'avoir le mien, mais ça a achevé de m'envoyer là où j'essayais de ne pas aller : la comparaison. Il n'en fallait pas plus hein, j'ai dû mal à ne pas dépasser cette ligne quand je bosse d'autres chevaux. J'essaie d'y rester sagement, car ce n'est pas la même histoire, pas le même parcours, pas la même sensibilité, etc. Mais c'est démoralisant. Je me sens impuissante, incapable, face à un cheval qui est définitivement trop compliqué pour moi, et moi, pas assez bonne pour lui. Même si on a une relation du feu de Dieu, que c'est l'amour, ça ne change pas qu'il est d'une complexité qui me dépasse, et que j'ai beau creuser, je me sens nulle, bête, entêtée, ... et quel enfer, encore et toujours, de l'amener si facilement dans des retranchements.
Et ça me le fait souvent, tout semble si simple, si clair, avec les autres, tout se connecte, ils ont pas peur, ils sont pas stressés d'un pet de mouche, ils sont ok avec les erreurs, les oublient dans la foulée, pardonnent mes incompréhensions, mes tentatives nulles, foncent quand les choses sont bien alignées. J'ai encadré des proprios, j'ai pu faire un peu de rééducation, j'ai pu donner de nouvelles "routes"... qu'on ne me dise pas qu'il n'y a pas le même affect ou quoi, y'a rien de plus stressant que de se planter sur le cheval d'un propriétaire ou d'un à vendre
C'est juste que voilà, ça me rattrape un peu fort de temps en temps, ça me démoralise. Pas parce qu'il est "difficile", mais parce que j'ai l'impression d'avoir un cheval qui est mal dans sa peau, constamment. C'est comme ça depuis cinq ans, car ça fait cinq ans que je manipule d'autres chevaux à côté, que tout se fait dans un claquement de doigt, que quinze séances chez mon cheval en fait trois sur les autres, qu'une erreur chez lui, c'est un énorme retour en arrière, sur un autre cheval, c'est comme si de rien n'était le lendemain...
Enfin il y a une part où il ne va pas bien, je ne sais pas si ça ira véritablement un jour. C'est un cheval constamment sur le qui-vive, même au parc, même si ici, ça va nettement mieux (il s'allonge très souvent, même, prend le temps de se rouler), les comparaisons restent super flagrantes.
Ca peut paraître bête... mais y'a des jours où c'est vraiment lourd, c'est déprimant, car mon magnifique petit cheval restera un animal écorché, et que depuis des années, je refuse de voir ça - ce qui, honnêtement, m'a donné la persévérance d'y arriver !
Je sais pas. Je dis toujours que le prochain sera un cheval qui n'aura pas été manipulé par l'homme, mais je pense que c'est surtout parce que je n'ai pas les épaules que je pensais pour supporter de voir autant de mal-être chez un adorable garçon, et d'être impuissante face à ça, et de l'y replonger par égoïsme