Citation :
a 600kg, si le cheval ne veut pas faire...il ne le fera pas... si on lui impose plus qu'on lui demande...
Argument de facilité. Confortable mais faux.
Comme tu le dis si bien, on leur apprend à aimer/tolérer le travail. C'est de l'acquis. Même face à la douleur, nombre de chevaux n'auront aucune défense violente... Il n'y a qu'à voir tout ces chevaux qui se prennent des coups de sonnettes, d'éperons ou de cravaches sans sourciller, qui ne montrent aucune douleur flagrante face à des selles mal adaptées ou des attitudes douloureuses. Tout au plus en sursautant, en se contractant ou en ouvrant la bouche.
Un cheval rendu trop gentil ou cassé, je peux lui foutre la tête dans le poitrail en lui enfonçant mes éperons dans les flancs, il ne dira rien. Il subira.
A un moment il faut être honnête avec nous-même: beaucoup de chevaux ne réagissent pas car on le leur apprend, plus ou moins gentiment.
Se fier à leur capacité physique à nous tuer pour ne pas se remettre en question c'est au mieux de la facilité, au pire de la malhonnêteté. Sinon ça fait longtemps qu'on serait débarrassé de bien des tortionnaires dont les chevaux pèteraient un câble sur les terrains de concours, y compris à haut-niveau. Ça arrive... Mais pour un cheval qui va se rebiffer violemment, combien vont subir sans signe évidents?
C'est à nous de faire un examen de conscience avec nous-même et à aller chercher les petits signes pour savoir si oui ou non nos pratiques sont douloureuses, inconfortables ou ennuyantes. Se dire que «tant que le cheval n'explose pas en l'air, c'est que ça va» ne se base sur rien. C'est de la facilité.
En plus, le cheval est un animal qui ne montre que rarement son inconfort de manière flagrante... Simple question de sélection naturelle. Un cheval qui montre qu'il va mal sera la première cible d'un prédateur. Donc quand ils le manifestent c'est très, très discret... Malgré le ressenti, pourtant bien présent.
Une base naturelle, du travail par dessus... On n'est pas des dieux: on leur apprend.
Ce n'est pas une critique. On leur apprend aussi à accepter de donner les pieds, à attendre patiemment que le maréchal fasse son affaire, à supporter tranquillement les vaccins, à attendre avant de se jeter sur les compléments qu'on amène, à marcher à côté de nous ... Ça ne fait pas mal.
Mais ça reste un apprentissage, ce n'est pas inné. Si j'essaye de faire la même chose sur un cheval qui n'a jamais connu l'homme sans l'y préparer, là, mon cheval il va se barrer à 300m après avoir jeté ses postérieurs. Donc au mieux je prend le temps de lui apprendre... Au pire je lui impose en le cassant.
Ce n'est pas une critique mais un fait. Cet argument ne marche pas pour énormément de chevaux.