Après quelques échanges en mp avec toi et ton accord, je copie donc ici ma réponse sur le sujet du contact
Attention pavé, comme d'hab... mais sur certains de sujets je ne sais pas faire court
Concernant le contact.
Je ne saurais pas trop te guider concernant le contact via une enasure. Pour moi, chaque fois que je l'ai expérimenté c'était quand même d'une qualité de sensations très inférieure à ce que je connais en mors, mais comme je n'ai jamais été très loin dans le sans mors, je ne peux pas du tout avoir de vraies références.
Pour ce qui est du mors, c'est effectivement une notion très délicate à appréhender, qui demande à mon sens beaucoup de recherche et de travail. J'avais d'ailleurs une fois interrogé un de mes profs à ce sujet. c'est quoi le contact, le tact ? j'étais à cheval, il m'a fait venir près de lui, il m'a demandé de tenir mes rênes, puis il a prit aussi les rênes dans ses mains entre la bouche du cheval et mes propres mains afin que le cheval ne ressente aucune action pendant cette expérience.
Il m'a demandé de fermer les yeux puis il a exercé différentes "tensions, pressions ou absences de tensions" sur les rênes à différents degrés, ce qui m'a fait agir de mon côté soit pour suivre, soit pour contrer lorsqu'il tirait clairement de son côté.
Chaque fois que nous étions en opposition de tension ou qu'on se tenait l'un l'autre via les rênes il m'indiquait que je n'étais ni dans le tact, ni dans le contact mais dans la traction. Pour preuve il relâchait brusquement les tensions qu'il exerçait, même les plus infimes et ma main surprise partait en arrière, voir mon dos quand les simulations de résistance étaient intenses. Et il m'a dit que tant que ma main, mon dos, partait en sens opposé ainsi c'est que je n'étais ni dans le contact ni dans le tact, que je ne maitrisais pas la force que j'exerçais sur les rênes et que je brutalisais la bouche par mon manque de réactivité.
Il m'a dit que pour avoir un bon contact je devais travailler la stabilité de mes mains, la résistance de mon dos, la décontraction de mes bras et l'agilité de mes doigts pour amortir tout dialogue et rendre moelleux mon contact quoiqu'il arrive, quoique le cheval fasse de son côté. Que je devais être en permanence en anticipation pour doser correctement mes mains. Prête à suivre, résister, être lâchée en une fraction de seconde et dans que cela n'impacte ma position.
La sensation du contact c'est celle de tenir un oiseau vivant dans la main sans qu'il ne puisse s'envoler et sans lui faire de mal. Un oeuf sans le casser. La main d'un enfant qui marche sur un muret corrigeant son équilibre, sa vitesse de déplacement en permanence, que notre main ouverte dans laquelle la sienne vient se poser va sécuriser et stabiliser. Présente, vraiment présente, mais non dominante, coercitive ou douloureuse, même sans faire exprès. Ne jamais agir plus qu'il n'y a besoin pour rester connecté finement à la bouche.
Un sacré objectif qui demande beaucoup de travail et pour ma part qui ne sera jamais parfait même si les 20 ans qui me séparent de cette expérience m'ont permis de beaucoup m'améliorer et avoir toujours cette obsession d'être avec et jamais contre. Et crois-moi je suis encore loin d'être au top sur ce point.
Ce qui est sûr c'est que le ressenti du contact à cheval est extrêmement biaisé lorsque on est à pied parce que notre ancrage au sol, indépendant du mouvement du cheval, déculpe la force exercée sur lui sans que nous en ayons la moindre sensation.
Ce que je sais aussi c'est que toute contraction des bras, des doigts, des poignets, des épaules, détériore le moelleux du contact, donc le tact. Donc que la qualité du contact est lié à la décontraction du cavalier autant qu'à sa présence, à la stabilité de sa main autant qu'à celle des rênes sur le mors. Que les rênes longues, lâches, sont parfois plus sources de vibrations parasites désagréables que des rênes ajustées. Que le terme "ajustées" ne signifie pas exercer une tension excessive, ni aucune traction. Que si parfois, la pose du cadre de travail par le raccourcissement des rênes génère une tension forte, celle -ci doit être furtive et détruite rapidement par la mise en oeuvre du corps du cheval via les exercices et actions de décontraction pour qu'il adopte rapidement la posture idéale pour lui, celle qui ne fait plus du mors une béquille ou un mur sur lequel il bute.
Le cheval peut exercer une force immense sur nos mains via le mors. Il le fait volontairement, il est capable d'encaisser cette puissance via sa bouche. Non sans conséquence sur sa sensibilité et sa fragilité mais il le fait. Ce qui laisse penser à certaines personnes qu'on peut monter en acceptant cette force et même en la recherchant. Mais cela va à l'encontre des objectifs d'une équitation juste : le juste dosage des aides, la discrétion des aides, le poids des rênes et le souffle de la botte.
Concernant les effets physiques du contact.
Si on parle du bon contact, c'est bien une histoire de dialogue. La main indique le pli, l'orientation de la tête, sa hauteur, le fléchissement de l'encolure, elle peut inviter à la cession de mâchoire ou de nuque si le cavalier sent le cheval aux portes de les donner. Elle peut détruire une crispation de la bouche par la légère vibration ou une descente de main
Si la relation physique n'est pas une connexion moelleuse, précise, sans douleur, sans gêne, entre la main et la bouche, la zone étant sensible, cela produira des contractions, des résistances, des conflits des rétivités.
Le contact est une grande source d'informations pour le cheval. C'est de la com tactile comme un peu la lecture en braille.
Le cavalier reçoit aussi énormément d'information sur l'état physique et mental du cheval s'il sait écouter avec sa main comme il écoute avec son assiette. La main doit être perméable. Elle dit et écoute.
Tous ces chevaux qui battent à la main, lèvent la tête, s'enferment, ouvrent grand la bouche ou secouent la tête, claquent des dents ou grincent, expriment bien une gêne physique qui les empêchent de fonctionner correctement, au point parfois d'être source de douleurs.
La bouche du cheval est un main. Habile, sensible et puissante. C'est bien une connexion physique que l'on cherche pas une emprise répressive. Et tout manquement d'adresse du cavalier est fort désagréable pour le cheval.