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Merci pour toute cette explication. C'est très intéressant et surtout très bien expliqué.
On compare donc si j'ai bien compris le "sabot" avec le bout de bois.
Pour ce que j'ai passé en bleu (bon, je réfléchis peut-être un peu trop vite) : la surface d'impact du sabot est d'autant plus réduite que c'est celle qui correspond au fer, le long de la paroi, alors que pieds nus plus de surface, et plusieurs structures (externes, internes) sont naturellement sollicitées pour amortir l'impact (lequel ne se fait pas au même endroit du pied), non ? |
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Là, si tu veux réfléchir plus avant, il faut être très précise, dans ce que tu prends comme point de départ.
Surface de contact - avec quoi ?
- un sol uni et plan comme une route ? du béton ? un tapis ?
- ou un sol irrégulier, comme quoi ? du sable ? de l'argile, de l'herbe, des graviers ? des cailloux, gros petits ? des rochers ?
La notion de "surface de contact" sera complètement différentes dans chacun de ces cas. De même que la notion d'impact, puisque la nature du matériau qui entre en contact est aussi à prendre en compte.
Dans mon exemple, je n'en ai pas parlé, mais c'est évident que selon si la tête du marteau est en acier, en bois, en nylon, ou recouverte d'un feutre comme les marteaux des pianos, cela n'aura pas du tout le même résultat.
C'est à dire que ces notions de mécanique que j'ai évoquées doivent être appliquées
à tous les matériaux en jeu, et pas uniquement au fer et au sabot.
Alors, revenons : surface de contact - route, on va dire, pour commencer par quelque chose - et pied ferré : ça va toucher - sur le fer et sur la fourchette - admettons aussi : selon les chevaux et les maréchaux, c'est fait ainsi.
Comme surface, d'appui, nous avons donc ces deux surfaces-là.
Le même cheval sur la même route, pied nus, on aura la partie de la paroi et de la sole qui sera "plane" mais pas la partie de la sole "concave", on n'aura pas non plus la partie où on aura fait un roll, et on aura la fourchette, si elle est au niveau du sol.
Ce qui veut dire qu'on aura, grosso modo, une surface de contact équivalente. Alors, bien sûr, cela va dépendre de la "couverture" (= largeur) du fer, et aussi du parage du pied, selon la concavité de la sole en question.
Maintenant prenons le cas d'un sol irrégulier, en sable :
le sable pénétrant dans la concavité de la sole, avec fer ou sans fer, l'appui n'est pas très différent (un peu compliqué d'entrer dans des nuances, ici, dans cette réflexion générale).
Si j'ai affaire à un sol irrégulier avec des cailloux, le pied ferré va répartir l'impact de chaque caillou sur l'ensemble de la surface du fer, et il n'y aura que la partie "hors fer" qui devra se débrouiller seule pour "encaisser" les impacts ponctuels, parfois difficiles (d'où le ferrage "à plaque" en courses d'endurance, pour protéger aussi la sole) - avec un pied nu, chaque partie du pied doit répondre à sa façon à tous les impacts ponctuels provoqués par le terrain.
J'ajoute que lors d'un impact, ou appui, l'énergie cinétique qui doit se dissiper va le faire, certes, par la déformation des matériaux en contact, mais cela s'applique, encore une fois à TOUS les matériaux. Donc, le sol est partie intégrante de ce mécanisme, et la déformation du sol sera une composante très importante de cette équation. Les empreintes laissées par un cheval dans le sable ou la terre représenteront autant d'énergie qui n'aura pas dû être absorbée par le pied, la jambe et le cheval.
Pour cette raison, un macadam l'été, quand le goudron sera mou, sera beaucoup plus "amortisseur" qu'une "moelleuse" prairie enherbée par temps de gel .
Bref, encore une fois, dès qu'on entre dans les détails, on voit que rien n'est aussi tranché qu'il y paraît ...
|  | Le fer perturbe le fonctionnement naturel (pas/pas assez d'appui de la fourchette, pas de déroulement du pied du talon vers la pince par exemple, et tout ce qui s'ensuit, ou plutôt ne s'ensuit pas...) |
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Le déroulement du pied, encore une fois, ne dépend pas du fait que le cheval soit ferré mais du respect de l'aplomb du cheval lors du parage, et de la façon dont le fer répond au besoin du cheval. On peut avoir un déroulé du pied excellent avec un cheval ferré, et, à l'inverse, si le parage "pieds nus" ne respecte pas les besoins du cheval, un déroulé du pied désastreux avec des pieds nus.
Ce n'est pas LE fer, comme entité absolue et générique qui fait la différence !!!!
(ça doit bien faire 200 fois que je l'écris ... je dois pas parler la bonne langue

)
( et on peut très bien avoir un excellent appui de fourchette sur un pied ferré ! )
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Je reprends tes propos d'un précédent message interrogeant sur l'amorti d'un sabot très dur.
En effet, ça peut être problématique. Je suis tombée il y a qq temps sur un article qui disait qu'il y avait vraiment des qualités (2 ou 3 si je me souviens bien) de cornes différentes, dont, en effet, la corne très dure (des ibériques par ex). Est-ce pour ça qu'ils ont tendance à trop monter en talon : parce que la manière dont on les fait vivre (je ne parle même pas des MF qui considèrent qu'ils doivent avoir des pieds longs et haut - paraît-il, en Espagne notamment, mais je n'ai pas vérifié ces propos) ne leur permet pas d'user suffisamment des pieds "programmés" pour cela (bcp de déplacements sur terrains secs et durs pour chercher une nourriture moins foisonnantes que dans les verts pâturage de Normandie) ?
Cet article m'avait alertée d'une certaine manière car justement, les chevaux qui ont ce type de corne, dont on dit "c'est une bonne corne", sont fragilisés finalement - inconvénient de leur avantage (se retrouvent avec des chaussures à talons => bras de levier mauvais pour le reste du membre, des articulations, s'encastellent plus facilement...)... Je me sens d'autant plus concernée que mon cruzado a justement des "pieds caillasses" (bon ils n'ont pas "pété" mais peut-être manquent d'élasticité... et ils poussent et le cheval a peut-être trop de talons faute d'une usure suffisante...)
Que de questions/remarques... bêtes peut-être... mais bon, on apprend en se trompant ou en posant des questions bêtes, n'est-ce pas ?
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Bon, alors, déjà, (enfin) on commence à parler un peu plus précisément du cheval ... enfin, ce sont encore des généralités, mais, bon, c'est un progrès, malgré tout !
(Au passage, non, il n'y a pas de questions bêtes - juste le temps pour répondre qui va manquer, bientôt ! )
Alors, la qualité de la corne, sa dureté, etc : on a bien lu, dans l'étude sur les chevaux australiens que la nature du sol faisait évoluer les sabots vers une corne très épaisse et dure, qui leur semblait préjudiciable.
Donc, première cause possible : le terrain.
Ensuite, une foule d'autres : le climat, la présence ou pas d'eau, l'alimentation, puis des facteurs plus propres au cheval en cause : son terrain génétique, son anatomie, certaines prédispositions ou pathologies.
Après, est-ce que c'est lié au fait qu'un cheval s'encastèle ou pas ?
Là encore, "ça dépend" ... parmi les raisons qui vont conduire à cela (liste non exhaustive)
- défaut du parage / ferrage
- besoin anatomique
- tension ligamentaire
- douleurs
- etc
C'est pourquoi il faut, selon moi, toujours partir d'un bilan du cheval, pour comprendre et gérer ce genre de chose, plutôt que de standards stéréotypés qui ne le concernent pas forcément.
Ainsi, lorsqu'une encastelure est accompagnée d'une tension ligamentaire et/ou tendineuse marquée, on ne peut pas abaisser les talons impunément : il y a un gros risque que cela ne fasse en réalité abaisser que la boite cornée, et que P3, à l'intérieur reste à sa place, voire se verticalise encore plus.
J'ai eu à traiter un pied bot sur un cheval de 15 ans, comme cela : ce n'est bien qu'en gérant
aussi et simultanément la question de la tension tendineuse que cela a pu se faire. De cette façon, résultat complet, autant sur l'angle du paturon que sur celui du pied, et sa forme générale - en 1 mois de travail très intensif, avec referrage tous les 2 jours. (+ homéo et Onguents Tradition).
Et tout cela, bien sûr, en respectant les bases anatomiques de ce cheval, pas en cherchant à donner un paturon incliné à un cheval fait pour être droit jointé : ça, c'est de l'irrespect !