Tiens, crindargent, rien que dans ce message, lu en page 4 de ce même topic, il y a plusieurs trucs faux, mais je ne vais en prendre qu'un seul, pour illustrer la question évoquée plus haut, à savoir les dangers d'un raisonnement à l'emporte-pièce, sans nuance :
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avec un fer ... le sang circule mal ....
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Un cas très concret :
un cheval, arabe x lusitanien, entier, mis en haute école, ferré des 4 pieds, engorgé de façon chronique jusqu'à mi-jarrets depuis des années.
La propriétaire me contacte, je lui fais remarquer que certains détails des fers sont sûrement responsables de l'engorgement de son cheval, mais elle refuse que je corrige la chose, du fait de son MF, caractère, réputation, etc.
A force d'en discuter, au bout de plusieurs mois, à l'occasion d'un de mes passages, elle accepte que je fasse un peu quelque chose pour remédier à cela. Mais à la condition que je m'engage à ce que son MF ne s'aperçoive de rien. Donc, mêmes fers, même forme, mêmes pieds, même parage, même clous brochés exactement dans les mêmes trous. Juste une très légère modification apportée à la voûte des éponges des deux postérieurs, à la lime.
Nous sommes en été, le cheval dort tranquillement au soleil, debout sur le sol en goudron de la cour. Je déferre un pied, lime en papotant, ce qui me prend une heure, puis me retourne vers le cheval
dont le postérieur deferré n'avait absolument pas changé d'aspect.
Je broche ce premier fer, et deferre l'autre postérieur.
Rebelotte : tournant le dos au cheval qui dormait toujours aussi paisiblement (tout à fait immobile), je lime l'autre fer, en papotant avec la propriétaire. Une heure après, je me retourne vers le cheval pour le lui poser.
Et là, surprise,
le premier postérieur déjà referré était complètement désengorgé.
Une heure après la pose du second fer, le second postérieur était aussi désengorgé.
C'est à dire que, si on admet, dans ce cas, que les engorgements étaient liés à un problème circulatoire, on voit bien que ce problème a immédiatement cessé avec la modification apportée aux fers, alors qu'il ne s'est rien passé pendant l'heure où les pieds sont restés nus.
Donc, on a, successivement :
- une ferrure toxique, clairement
- un état "pied nu" qui ne fait rien de très visible, en une heure
- une ferrure nettement bénéfique, sur ce plan-là, avec résultat probant en une heure.
Alors, qu'en déduire, ici, dans cette discussion ?
Que dire que "les" fers figent les pieds et font que le sang circule mal est faux. Là, on deux cas opposés, et il s'agit des mêmes fers et du même cheval, même parage, etc.
Donc, "les" fers, cela ne veut rien dire du tout. Généraliser est une erreur.
Ensuite dire que pied nu le sang circule forcément mieux qu'avec un fer est également faux, puisqu'on a bien vu, là, que le bénéfice a été bien plus immédiat avec le fer que pieds nus.
Donc, penser qu'on aide davantage un cheval qui a des problèmes circulatoires en le déferrant est également faux. On peut l'aider largement aussi bien, voire bien mieux et bien plus vite en le ferrant de façon appropriée.
C'est à dire qu'avec un raisonnement à l'emporte-pièce, sans aucune nuance, on se prive de toutes les possibilités d'aide aux chevaux qu'on va avoir si on n'écarte rien a priori.
Je vais arrêter là : il y aurait des livres entiers à écrire sur toutes ces questions. Y compris sur les souffrances inutiles qu'on inflige à certains chevaux lors du passage pieds-nus. En affinant l'approche, on peut largement réduire et la période de transition, et leurs difficultés et souffrances. Mais, là encore, faut-il que les convictions de leur propriétaire le permettent.