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Enfant de 8 ans : insolente, au secours !
Posté le 02/03/2016 à 09h09
mouffu
Posté le 02/03/2016 à 09h09
Pour rajouter de l'eau au moulin des bienveillants de l'éducation positive, au début, j'étais dans l'idée qu'un enfant il obéissait et s'il râlait, deux baffes et au lit...
Comme avait fait mon père.
ça va faire je raconte ma vie, mais mon expérience est clairement une preuve que l'éducation "humiliation" donne des fruits pourris.
Je suis née mélancolique et avec une très grosse mémoire. Très tôt, j'ai cherché à plaire, avec pour angoisse profonde l'abandon (je me rappelle encore de rêves que je faisais vers 3ans, je me rappelle de scènes terribles où je restais seule avec la nourrice alors que les parents partaient ect)
A la naissance de mon frère, j'ai été "abandonnée" au sens propre du terme, je me suis réveillée dans une maison vide, seule, j'avais 4ans.
Je me souviens d'avoir pleuré seule dans un couloir de la maternité, mon père s'était énervé car je refusais de voir mon frère.
Puis avec l'arrivée de "mon fils ma bataille", je suis passée du stade de petite princesse au stade de Belphégore pour mon père. J'en ai littéralement pris plein la tronche pendant des années.
Deux années dans la classe de mon père à subir humiliations sur humiliations, publiques qui plus est.
Sans cesses comparée aux autres, voici un petit panel de phrases:
-"Tu vois, Aurélie, Elise, elle, écrit bien, toi c'est vraiment n'importe quoi."
- "Les malades montent à cheval mieux que toi alors que tu prends des cours!"
- " De toutes les façons, tu ne seras jamais que la deuxième"
Je suis devenue la petite fille chiante, réclamant son poney envers et contre tout, tout simplement car je me suis raccrochée à ça, c'était pour ainsi dire mon unique but dans la vie.
Pourtant, je suis surdouée, je comprend très vite les choses, j'apprends extrêmement vite les langues, les instruments de musiques (le violon, j'ai mis 6 mois à avoir un niveau de seconde voir troisième année sans forcer). J'avais une forte passion pour l'histoire, et à l'âge où la majorité des enfants lisaient encore oui oui et Martine, je lisais des livres d'histoire et réclamais des sorties dans les musées, châteaux et autres.
Petite, je m'efforçais d'essayer de plaire, d'avoir moi aussi des compliments et de briller un peu, mais rien, on me répondait que j'étais orgueilleuse et jalouse.
Donc, j'ai grandit en pensant que le soucis, c'était moi, que je n'étais bonne à rien, que je finirai "sous un pont" comme disait mon géniteur.
J'étais grosse, moche, difforme, incapable, pénible, chiante.
Je me suis donc enfermée dans une sorte de carapace, donnant l'illusion que j'étais forte alors qu'en vérité je suis quelqu'un de fragile, et je suis devenue une asociale notoire.
Ma mère avait peur de mon père, elle n'a pas dû se rendre compte des blessures que j'ai subis.
J'ai finis par avoir mon poney, c'était formidable, je me suis un peu sociabilisée, mais ma mère ne comprenait pas son adolescente pas si ado que ça. Elle m'a forcée à aller en boîte la première fois, a essayé de me faire traîner avec des ados de mon âge, pour que je fasse des choses "normales". Sauf que je n'aimais pas cela, sa bienveillante naïveté m'a blessée, je me sentais encore plus anormale, infâme.
Mon père est partit avec une autre femme, j'étais contente qu'il parte, mais je n'ai jamais aimé ma belle mère. Elle a pourtant fait des efforts, mais ça n'a jamais été possible, et puis, finalement, face à mon caractère différent, elle s'est mise à me détester.
Et à chaques vacances, j'en prenais plein la tête, tous, mon père, ma belle-mère, ses enfants, mon frère, tous se mettaient de concert pour me dire des choses affreuses.
Il est resté 10ans avec elle, et pendant 10ans, moi, gentille fille, je venais en repas, et j'en reprenais pour mon grade.... jusqu'à ce que je dise stop.
Ma mère avait retrouvé quelqu'un aussi, et inconsciemment, je lui en mettais plein la figure, il a finit par me détester aussi.
J'ai refusé de voir mon père, et son couple a cassé. Finalement, il ne tenait que parce que j'étais là pour faire tampon... dans sa lettre de rupture, cette ordure de femme a dit que c'était entièrement de ma faute.
Aujourd'hui, je suis profondément dépressive, si je suis encore en vie, c'est parce que j'ai mes oiseaux et ma pouliche. Mon père est devenu alcoolique, a de gros soucis financiers... j'ai pris la peine de monter des dossiers de tutelle, mais je ne veux plus le voir, j'en ai marre de me faire enfoncée par cet homme.
J'étais une enfant difficile, "chiante" même, mais je pense que j'aurai été plus facile si on avait pris le temps de me comprendre, d'essayer de comprendre mes réactions violentes (en amitié, il m'arrive encore de les avoir, j'ai finis par expliquer à mes amis que c'était bien souvent un appel au secours, que je ne demande pas grand chose, juste qu'on pense à moi de temps en temps) : j'ai juste besoin d'être rassurée dans mes affections, amitiés. ^^
Conclusion, l'éducation à l'ancienne restrictive et stricte, passant par l'humiliation, certes, ça ne tue pas... mais ça détruit de l'intérieur, et ensuite, ça fait des adultes mal dans leur peau, qui finalement auraient préféré ne jamais venir au monde.
Et du coup, en me rendant compte de cela, j'en suis venue à penser que je ne souhaite à personne d'avoir une éducation comme je l'ai eue.
euuuh, je suis hors sujet là non?