Qui se souvient d'une certaine P.. M.... qui disait que nous les français, on bousillait ces magnifiques chevaux tout fraîchement importés parce qu'on ne savait pas les monter correctement.
Maintenant elle donne même des cours via Skype (une personne filme et elle elle donne ses instructions via une oreillette).
Pia Munck est danoise et importait des chevaux danois. Pour le plus grand malheur de ses auditeurs son principal défaut est celui de bien des autres cavaliers abordés sur les nombreuses pages de ce topic: elle est au moins aussi dogmatique qu'eux, du moins à l'écrit.
Quelques nuances dans vos remarques: l'échelle de progression ça a bien 70 ans et c'est basé aussi sur les recherches d'écuyers des siècles passés. C'est une approche intégrative qui peu à peu s'est enrichie des apports de l'anatomie et de la bioméca (la discipline scientifique au-delà de son application vétérinaire, physique du vivant si on essaie de la définir en quelques mots). C'est elle qui sert de base au dressage de compétition qui est au final ce que vous tendez à identifier comme dressage moderne dans ce topic. Le dressage moderne ça n'existe pas. L'équitation comme toute autre discipline sportive, scientifique, que sais-je, progresse par incrément. La discipline sportive du dressage, donc, est ce que vous opposez à une pratique visant le geste, l'exhibition, le spectacle, ou rien de tout cela. Comme si l'on compare la gymnastique artistique et la danse classique. Le background est commun, l'entraînement est commun, le geste sportif est réel, la finalité diffère.
Autre nuance de taille, les seuls références faites ici au dressage sportif sont des références qui ont maintenant plus de 10 ans. Il a coulé de l'eau sous les ponts depuis les années où Anky gagnait tout. La seule chose qui n'a pas changé depuis, c'est qu'Isabell gagne encore (mais ses gestes ont évolué c'est flagrant, elle ne monte plus comme elle montait il y a dix ans, elle non plus). Par contre les pratiques que vous décriez à raison ne sont pas celle de tous, elles ont été étudiées, la FEI a statué dessus, des cavaliers ont été avertis parfois mis à pieds, parfois condamnés, et si j'excepte Andreas Helgstrand, ils ont dans leur ensemble mis de l'eau dans leur vin, précisé et affiné leurs usages. Les apparences peuvent être trompeuses aussi et il est intéressant qu'au delà des lectures des maîtres, si ça vous intéresse de comprendre et d'appréhender ce que c'est que la compétition de dressage, à haut niveau j'entends, ne vous privez pas de regarder les détentes et les clinics. Il y en a plein le net, des webmedia y sont consacrés, et voir en vrai est possible (une journée à l'académie Bartels à considérablement changé ma vision des choses, puisqu'au lieu d'en parler et de disserter sur des photos et bien j'ai vu des gens faire et en discuter). Et comme on évolue dans la pratique sportive on ne peut plus au final comparer les équitations qui gagnaient il y a dix ans de celles qui gagnent ajd. Ajd Matiné, elle ne serait plus au prix. Du tout. Ajd les gens qui font tripper les spectateurs de la disciplines c'est Carl Hester et ses élèves, et c'est vraiment pas l'équitation à laquelle vous avez fait référence précédemment. Détail intéressant, souvent, des pratiquants amateurs de "classicisme" citent en référence de dressage sportif la reprise de JMMD et de Fuego à une époque où ces derniers étaient coachés... par Bemelmans. Comme quoi... Et faut pas être naïf non plus, le haut niveau, c'est le haut niveau: tout comme dans le sport humain, y parvenir s'envisage difficilement sans forcer le geste. Mais une représentation du cadre noir, c'est du haut niveau aussi! On n'a pas à pratiquer comme eux et jusqu'où ils vont. Ca n'empêche pas ces monstres de travail, d'expertise et de précision d'être inspirants pour notre quotidien.
L'échelle, quand vous la lisez, ne raconte rien d'ostentatoire. Que sa base soit le rythme, à savoir la correction des trois allures, ça ne choquera personne pas même Philippe Karl. Que ce soit un préalable avec la souplesse et la décontraction à l'ajout de propulsion non plus au final. Ce qui en fait l'intérêt c'est la progressivité et en cela elle permet quand elle est enseignée, de réfréner les ardeurs de cavaliers pressés. Cependant malheureusement, et au contraire de ce que vous pourriez penser, elle n'est pas, la plupart du temps, employée dans les clubs. Questionnez les coaches, les cavaliers... Quelle surprise de constater que parmi les pratiquants de la compète ou même juste de la discipline, un sur... plusieurs on va dire, seulement, a une connaissance de l'échelle. Les gens, sont souvent très pressés, ne font pas toujours la distinction entre leurs ambitions et le timing. Un intervenant de stage qui leur fait bosser les prérequis locomoteurs? Ils s'ennuient ferme. Ils veulent appuyer, ils veulent pirouetter, ils veulent piaffer. C'est ça qui est délétère au final.
L'équitation c'est pas du tout une école de modestie quoiqu'on en dise, faut voir les foires à l'empoigne qu'elle engendre. Par contre ça devrait être une école de temps, de préparation et pas uniquement de geste pour le geste par le geste. Une telle approche sur le corps humain serait gage de dégradation, c'est quand même un progrès de raisonner aussi en squelette et en fibres musculaires pour permettre à un cheval d'accomplir un geste sportif.
Fin de la parenthèse.